Un hebdomadaire chrétien de Hong Kong a laissé sa Une presque vide dans son édition de samedi, alors que cette semaine marque le 35e anniversaire de la répression de la place Tiananmen à Pékin par le gouvernement chinois.
Le Christian Times écrit qu’il ne peut que « répondre à la situation actuelle en remplaçant les paragraphes par des blancs », dans cette société devenue si « restrictive ».
Hong Kong, où les libertés ne cessent de diminuer, fut longtemps le seul endroit en Chine où était autorisée la commémoration du massacre du 4 juin 1989 sur la grande place centrale de Pékin.
Mais ces commémorations, souvent sous forme de veillées aux chandelles en hommage aux nombreux manifestants tués par l’armée ce jour-là, ont été interdites à partir de 2020 lorsque Pékin a imposé une loi sécuritaire très restrictive, remettant en cause la plupart des libertés accordées au territoire lorsque il fut restitué à la Chine par la Grande-Bretagne.
Sept personnes ont été de nouveau arrêtées cette semaine à Hong Kong, accusées de sédition pour avoir publié des posts sur les réseaux sociaux « profitant d’une date sensible à venir ».
«Ces dernières années, la société de Hong Kong a radicalement changé et est devenue plus restrictive», affirme l’éditorial du Christian Times, qui publie habituellement chaque année des articles liés à l’anniversaire de Tiananmen. « Même une prière, si elle s’appuie sur des souvenirs historiques, peut poser problème », ajoute-t-il.
Une messe catholique organisée depuis plus de 30 ans pour commémorer le massacre a finalement été annulée en 2022, ses organisateurs craignant qu’elle ne viole la nouvelle loi.
Pékin et les autorités pro-Pékin de Hong Kong avaient justifié la loi en affirmant qu’elle était nécessaire pour mettre fin à la violence et rétablir l’ordre après d’énormes manifestations en faveur de la démocratie en 2019.