Avec le « no faute eviction », les locataires britanniques à la merci d’une expulsion rapide

Avec le « no faute eviction », les locataires britanniques à la merci d’une expulsion rapide
Avec le « no faute eviction », les locataires britanniques à la merci d’une expulsion rapide

LETTRE DE LONDRES

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Maisons du quartier Hounslow à Londres le 9 octobre 2024. NICOLAS ECONOMOU / NURPHOTO VIA AFP

La dernière chose à laquelle on s’attendait en cette sombre rentrée d’automne, entre la rentrée scolaire et les premiers pas du gouvernement Starmer, c’était de recevoir une réponse inquiétante. article 21 avis d’expulsion. Il s’agit de l’avis que le propriétaire d’un bien locatif privé en Angleterre ou au Pays de Galles peut donner au locataire un préavis de quitter son bien, lorsqu’au moins six mois se sont écoulés depuis le début du bail. Peu importe que le locataire ait des enfants scolarisés, qu’il soit âgé ou handicapé : il dispose de deux mois pour vider les lieux, c’est pourquoi la procédure est aussi appelée « expulsion sans faute » : l’expulsion a lieu sans que le locataire soit fautif.

Certains propriétaires sont accommodants : ils tolèrent leur locataire quelques semaines supplémentaires, si ce dernier a du mal à trouver un autre logement. Le locataire qui refuse de se conformer à son préavis doit demeurer dans son logement au-delà de la date à laquelle il doit quitter et attendre que le propriétaire porte l’affaire en justice.

Ils peuvent alors contester la notification de fin de bail, mais l’association Citizens Advice (qui conseille les personnes expulsées ou surendettées) les prévient : ils risquent de devoir rembourser les frais de justice de leur propriétaire s’ils perdent leur procès. De quoi décourager toute volonté de protestation, alors que ces coûts peuvent vite grimper jusqu’à plusieurs milliers de livres sterling.

«Endurer plutôt que risquer de se plaindre»

Les personnes ou les ménages aux revenus les plus limités sont souvent les premières victimes expulsions sans fautefaute de n’avoir pas pu accumuler suffisamment de capital pour acheter leur propre maison – il faut près de 700 000 livres sterling (840 000 euros) en moyenne pour une maison à Londres, 300 000 livres sterling (360 000 euros) ailleurs en Angleterre. L’expulsion et les frais qu’elle entraîne (déménagement, etc.) leur coûtent souvent les quelques jours de vacances qu’ils espéraient s’offrir ou la voiture d’occasion qu’ils convoitaient. Mais ses implications sont plus profondes : avis d’expulsion en vertu de l’article 21 place les locataires dans un état de grande vulnérabilité.

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Ils sont souvent incapables de planifier l’avenir et vivent dans la peur d’être expulsés à tout moment, à leur insu. Les contrats de location longue durée n’existent pas vraiment en Angleterre et au Pays de Galles et ne protègent pas contre expulsion sans faute. « Cette instabilité peut avoir un effet néfaste sur l’éducation des enfants et les déménagements fréquents font qu’il est plus difficile pour les locataires d’avoir les moyens financiers suffisants. [d’argent] de côté pour déposer une nouvelle caution »selon une enquête publiée en 2018 par le gouvernement de Theresa May. « Les locataires préfèrent supporter de mauvaises conditions de logement, de peur d’être expulsés s’ils portent plainte »a de nouveau souligné l’étude.

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