Chronique de Mémona Hintermann « Sans filtre »

Chronique de Mémona Hintermann « Sans filtre »
Chronique de Mémona Hintermann « Sans filtre »

l’essentiel
Sans filtre, la chronique de Mémona Hintermann, grande reporter, ancienne membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Aujourd’hui, la situation difficile de la FINUL au Liban.

Dire cela au début du 20ème sièclee siècle, il était possible de voyager en train de Beyrouth à Jérusalem ! Il est difficile d’oublier complètement ce passé de l’Empire ottoman lorsque l’on considère le voisinage Liban-Israël. Par endroits, la frontière était encore marquée par une simple clôture jusqu’au précédent conflit de 2006.

Mémona Hintermann

Cet été-là, le 12 juillet, lorsque la guerre éclate, une Franco-israélienne vivant en Galilée résume pour notre équipe un sentiment de colère et de mépris partagé dans les villages israéliens environnants. « Mais que font-ils là ? Ils ne servent à rien sauf à aider les terroristes, c’est tout ! « . «Ils» étaient les soldats d’une patrouille de la FINUL qui circulait au loin, de l’autre côté de la frontière, au sud du Liban.

C’est après cette guerre de 2006 que les Nations Unies ont précisé le rôle des casques bleus sur cette fameuse ligne bleue séparant les belligérants. Ils ont dû signaler à la communauté internationale les faits et gestes entravant la paix entre ces voisins très en colère. En tant que témoins expérimentés, leur devoir était d’empêcher une escalade.

C’est évidemment le contraire qui s’est produit, le Hezbollah a bétonné son sanctuaire, harcelé sans cesse les Israéliens, et la réflexion franco-israélienne est devenue une opinion largement partagée bien au-delà de la Galilée.

Résultat : depuis deux semaines, la Finul et ses plus de 10 000 militaires et une poignée de civils se retrouvent visés « délibérément » selon l’ONU par l’armée israélienne. Les faits se sont ajoutés aux fusillades de ces quinze derniers jours.

Portail défoncé par un char de combat Merkava sur la base de Ramyah, tour de guet endommagée à Naqoura au siège du système international, caméras détruites, obstacle à la circulation des patrouilles, 15 militaires en uniforme de l’ONU blessés… Une tension comme rarement depuis la création du force d’interposition en 1978.

L’ONU s’alarme, tous les membres du Conseil de sécurité affirment leur soutien et leur courage aux soldats de la paix, Israël prend le monde à témoin en montrant que le Hezbollah s’abrite derrière les positions de la FINUL pour creuser un tunnel.

Mot contre mot, accusation contre accusation… Benjamin Netanyahou a dit tout haut ce que diplomates et militaires ont compris – depuis un moment – ​​de la volonté de l’État hébreu : « La FINUL doit partir ». Oui, mais pas si simple, corrige entre autres la . Nos quelque 550 hommes et femmes participant à la force censée s’interposer entre les ennemis ont au moins l’avantage de servir de témoins.

N’est-ce pas précisément ce qui dérange le gouvernement israélien ? Il n’y a pas beaucoup de témoins dans l’autre zone de guerre, Gaza. Pour les civils libanais, il importe encore un peu de voir encore flotter ce timide drapeau bleu et blanc qui promet un espoir depuis des générations… Un espoir vacillant au-dessus des bombardements qui les poussent à fuir. Pas demain, la veille de leur retour.

Hassan Nasrallah et Yahya Sinouar ont peut-être été écartés de la scène, mais la fin des deux guerres nécessite un plan de sortie. Dans cette perspective – essentielle –, si nous voulons éviter une nouvelle guerre, il est peu probable que les stratèges israéliens veuillent réellement intégrer l’ONU dans leur réflexion sur la refonte du Proche et du Moyen-Orient. Si la FINUL reste, on peut s’interroger sur le crédit attaché à sa future mission dans cet Orient dangereux et terriblement compliqué.

 
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