Les dessous de l’attaque fratricide de Mers El-Kébir ressortent à la surface

Les dessous de l’attaque fratricide de Mers El-Kébir ressortent à la surface
Les dessous de l’attaque fratricide de Mers El-Kébir ressortent à la surface
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Le port de Mers El-Kébir (Algérie) sous une pluie d’obus anglais, le 3 juillet 1940. TALLANDIER / BRIDGEMAN IMAGES

Le 3 juillet 1940, puis le 6 juillet, à Mers El-Kébir, en Algérie, la marine britannique détruit une partie de la flotte française, provoquant la mort de 1 295 marins. Même si elle fait encore polémique, la raison en est connue : les Britanniques craignaient que les Allemands mettent à leur service les navires français qui y étaient stationnés, après l’accord d’armistice conclu entre Pétain et Hitler entré en vigueur le 25 juin.

Et ancien de la marine nationale, devenu Le chercheur marin Max Guérout vient d’apporter ce qui semble être un élément nouveau dans le récit de cet épisode : les services d’espionnage anglais s’étaient rétablis quelques jours auparavant les codes secrets de la marine française et les avait brisés, ce qui leur permettait de deviner et de déjouer les desseins français.

Dans un ultimatum lancé le 3 juillet au matin, les Britanniques exigent soit que les navires français poursuivent le combat près du Royaume-Uni, soit qu’ils soient désarmés, soit qu’ils soient transférés vers un port britannique ou vers la Martinique. Les négociations ont duré toute la journée. Ils font l’objet d’allers-retours incessants entre l’amiral Marcel Gensoul, qui commande l’escadre de Mers El-Kébir, et l’état-major de la Marine en métropole, alors sous les ordres de l’amiral François Darlan. (future figure du régime de Vichy). Décoder les échanges secrets des Français permettait aux Britanniques de connaître, en direct ou presque, leurs bluffs ainsi que leurs intentions réelles.

Un acteur involontaire

Celui qui avance cette hypothèse, Max Guérout, 88 ans, est à la fois un vieux loup de mer et un rat de bibliothèque. Ayant terminé sa carrière militaire avec le grade de capitaine de frégate, il se convertit à l’archéologie sous-marine en 1988. Il explore de nombreuses épaves et tout autant d’archives dans les services historiques. C’est cette expérience qu’il raconte dans un livre récemment publié (Plongées de mémoire, Le chameau malin).

Un chapitre est consacré à Narval, un sous-marin qui, en 1940, fut l’un des premiers – et l’un des rares – navires français à se rallier autour du général de Gaulle, juste après l’appel du 18 juin. Selon l’hypothèse de l’auteur, basée sur les archives françaises mais aussi britanniques, son commandant, François Drogou, héros de la Libre, fut un acteur bien involontaire de la journée désastreuse du 3 juillet.

Explication. En 1940, le Narval est basée à Sousse, en Tunisie. Déterminé à rejoindre ceux qui veulent poursuivre la lutte contre l’Allemagne, François Drogou appareille secrètement dans la soirée du 24 juin. Le sous-marin arrive le 26 au matin à Malte, île alors sous domination britannique. Le 28 juin, six jours avant Mers El-Kébir, les hommes de la Naval Intelligence Division (NID), le service d’espionnage de l’amirauté britannique, récupéraient à bord les codes secrets de la marine française. Les précieux documents sont transférés en Angleterre, à Bletchley Park plus précisément, là même où l’équipe d’Alan Turing parviendra à briser le cryptage des messages allemands envoyés par l’encodeur Enigma.

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