La fête du jeu vidéo n’a pas encore commencé, mais le secteur a déjà une “gueule de bois” : la Paris Games Week s’ouvre mercredi sur une industrie en crise, marquée par des restructurations et des vagues de licenciements.
En croissance pendant les années Covid, le jeu vidéo souffre depuis deux ans d’une baisse des investissements et d’une forte concurrence entre les nouveautés, même si les ventes se maintiennent globalement.
13 000 licenciements
Depuis début 2024, plus de 13 000 salariés du secteur ont été licenciés dans le monde selon le site « Game Industry Layoffs ».
« Le secteur a un peu la gueule de bois », résume Charles-Louis Planade, analyste chez Midcap Partners, qui constate un recul de la plupart des éditeurs sur leurs séries les plus connues.
Car il est bien difficile pour les dernières sorties de rivaliser avec les mastodontes que sont « Fortnite » ou « GTA V Online », même si certaines productions très attendues comme « Monster Hunter Wilds » ou « Call Of Duty : Black Ops 6 » seront jouable jusqu’à dimanche à la Porte de Versailles.
« L’offre n’a jamais été aussi importante et il y a une vraie concurrence pour le temps de jeu », observe Oscar Lemaire, du site spécialisé Ludostrie.
Si, en France, le marché a renoué avec la croissance en 2023, franchissant la barre des six milliards d’euros de chiffre d’affaires, le pays n’a pas été épargné par les difficultés.
« Réalité du secteur »
Le géant Ubisoft continue ses sorties mitigées et a dû reporter à février son très attendu “Assassin’s Creed Shadows”, alors qu’une grève a mobilisé mardi un quart de ses 4.000 salariés en France, selon les syndicats.
Malmené sur les marchés, le groupe fait également face à des rumeurs de rachat par le géant chinois de la tech Tencent et la famille Guillemot, son principal actionnaire.
Mercredi, c’était au tour du studio Don’t Nod, en mauvaise santé financière, d’annoncer qu’il envisageait de licencier 69 salariés en France dans le cadre d’un projet de réorganisation, soit plus de 20% de ses effectifs.
A l’inverse, l’éditeur Focus (groupe Pullup Entertainment) a annoncé le même jour un chiffre d’affaires record pour son deuxième trimestre, porté par le succès de “Warhammer 40000 : Space Marine 2”, une des plus grosses ventes de l’année qui revendique 4,5 millions de joueurs.
Que ce soit à travers des rencontres avec des éditeurs ou des conférences, “nous allons parler de la réalité du secteur”, a déclaré à l’AFP Nicolas Vignolles, délégué général du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (Sell), organisateur du salon. .
Une fête avant tout
“Mais notre vocation première est bien d’être cette célébration” du jeu vidéo, poursuit-il, revendiquant “un aspect festival de plus en plus prononcé”.
Si « la base » de l’événement reste l’accès aux dernières nouveautés, il s’ouvre encore plus cette année à la pop culture, consacrant de plus en plus de place au manga, au cosplay et à l’e-sport.
Un stand sera même dédié au sport, avec des démonstrations de skateboard et de BMX.
«Parc d’attractions, on assume»
Plus surprenant : un Cybertruck, un véhicule conçu par le groupe américain Tesla, sera exposé dans l’un des trois halls du salon. « On embrasse ce côté parc d’attractions », affirme Nicolas Vignolles, qui espère accueillir jusqu’à « 200 000 personnes » et promet « l’édition la plus ambitieuse » depuis le covid.
En 2023, il avait revendiqué 187 000 visiteurs, contre 300 000 avant 2020.
Les trois grands constructeurs de consoles (Microsoft, Sony et Nintendo) seront au rendez-vous, tout comme de grands éditeurs comme Ubisoft, Bandai Namco ou Capcom.
Nintendo, qui doit annoncer d’ici mars la console qui succédera à la Switch, promet une quinzaine de jeux à essayer, dont « Zelda : Echoes of Wisdom » et « Super Mario Party Jamboree ».
Sony prépare le lancement de sa PS5 Pro, une version plus puissante de sa console actuelle attendue le 7 novembre, sans dévoiler si elle sera au salon.
Côté Xbox, Microsoft prévoit huit jeux jouables, provenant principalement d’éditeurs tiers.
(AFP)