Un Américain sur le point d’être exécuté pour un crime qui “n’a pas eu lieu”

Un Américain sur le point d’être exécuté pour un crime qui “n’a pas eu lieu”
Un Américain sur le point d’être exécuté pour un crime qui “n’a pas eu lieu”

(Houston) Un homme autiste attendait jeudi son exécution imminente dans le sud des Etats-Unis pour la mort de sa fille en 2002, attribuée au syndrome du bébé secoué, malgré de sérieux doutes apparus depuis sur ce diagnostic.


Publié à 14h28

Mis à jour à 20h07

M. ÁVILA avec Selim SAHEB ETTABA à WASHINGTON

Agence -Presse

Par ailleurs, Derrick Dearman, 36 ans, reconnu coupable du meurtre de cinq personnes à coups de hache et de balles en 2016, a été exécuté dans la soirée au pénitencier d’Atmore, en Alabama, a annoncé le procureur de l’Etat dans un communiqué.

La Cour suprême des États-Unis, à majorité conservatrice, a rejeté la demande de sursis de Robert Roberson, 57 ans, reconnu coupable de la mort de sa fille Nikki. Mais l’incertitude planait encore en fin de journée sur son exécution, prévue au pénitencier de Huntsville, au Texas.

Dans un avis joint à cette décision, l’une des trois juges progressistes, Sonia Sotomayor, affirme qu’« un sursis permettant l’examen d’éléments crédibles en faveur de l’innocence de Roberson est impératif », mais reconnaît que le tribunal ne peut légalement l’accorder à lui. Elle recommande donc au gouverneur républicain de l’État, Greg Abbott, d’utiliser son pouvoir pour reporter l’exécution de 30 jours.

Mais dans le même temps, un juge du Texas a accédé à la dernière minute à une demande d’un comité de la Chambre des représentants du Texas visant à convoquer Robert Roberson pour une audition sur la validité de sa condamnation. Le procureur de la République a demandé que l’exécution ait lieu comme prévu.

Avec celle de Derrick Dearman, 20 exécutions ont eu lieu aux Etats-Unis depuis le début de l’année, toutes par injection létale sauf deux en Alabama par inhalation d’azote, une méthode que l’ONU a assimilée à une forme de « torture ».

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PHOTO DÉPARTEMENT CORRECTION D’ALABAMA/PRESSE ASSOCIÉE

Derrick Dearman

Les défenseurs de Robert Roberson affirment que le diagnostic de syndrome du bébé secoué, posé en 2002 à l’hôpital où il a emmené sa fille aux urgences dans un état critique, était erroné.

De plus, son autisme, finalement officiellement diagnostiqué en 2018 et interprété comme une indifférence à la situation, a pesé beaucoup dans sa condamnation, selon eux.

“Cherchez quelqu’un à blâmer”

“Il n’y a pas eu de crime, seulement la mort tragique d’une petite fille de causes naturelles”, ont affirmé les avocats de Robert Roberson dans leur recours devant la Cour suprême.

Ils s’appuient notamment sur des analyses médicales récentes attribuant le décès de Nikki à une pneumonie grave, non détectée à l’époque, aggravée par la prescription de médicaments inadaptés, comme l’atteste une lettre de 34 médecins.

L’ancien policier Brian Wharton, en charge du dossier à l’époque et qui défend depuis des années l’annulation de la condamnation, a encore regretté mardi que l’enquête s’était concentrée sur la piste du syndrome du bébé secoué “à l’exclusion de toute autre possibilité”. .

“Nous recherchions un coupable, nous lui avons mis cette étiquette et nous l’avons mise sur une base pseudo-scientifique”, a-t-il reconnu.

Les partisans de Robert Roberson soulignent également une décision de la cour d’appel du Texas la semaine dernière dans une affaire similaire, annulant une condamnation de 2000 basée sur le syndrome du bébé secoué, jugeant que l’analyse scientifique avait évolué depuis, et ordonnant un nouveau procès.

Ce serait la première exécution aux États-Unis d’une personne condamnée sur cette base, affirment-ils.

“La chose la plus surprenante dans le cas de Robert”, c’est qu’il n’y a “pas de crime”, s’est indigné l’auteur du thriller à succès John Grisham en septembre lors d’une conférence de presse. ancien avocat et militant de la lutte contre les erreurs judiciaires.

Mais le Texas Pardon Board a rejeté mercredi à l’unanimité les demandes de commutation de sa peine et de sursis à son exécution de 180 jours. Le gouverneur Abbott ne pouvait donc lui accorder qu’un sursis de 30 jours au maximum.

La demande de grâce en faveur de Robert Roberson est soutenue par 86 élus de la Chambre des représentants du Texas, dont plus d’un tiers de républicains.

 
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