Sous les fonds marins, un monde grouillant de vie

Sous les fonds marins, un monde grouillant de vie
Sous les fonds marins, un monde grouillant de vie

(Paris) Des scientifiques ont découvert des vers géants nichés sous la croûte terrestre, au fond des océans, suggérant, dans une étude publiée mardi dans Natureque les écosystèmes de ces environnements hostiles sont plus vastes qu’on ne l’imagine.

Bénédicte REY

Agence -Presse

Qui n’a jamais soulevé une pierre enfouie dans la terre pour découvrir un monde grouillant de vie ? C’est ce qu’a fait une équipe de chercheurs à 2 515 mètres de profondeur au large des côtes d’Amérique centrale, au niveau de la dorsale Pacifique Est.

Sous cette chaîne de montagnes sous-marines, qui traverse l’océan Pacifique du nord au sud, deux plaques tectoniques s’éloignent l’une de l’autre, créant entre autres des bouches hydrothermales par lesquelles circule l’eau chauffée par le magma et chargée de composés chimiques.

Ces oasis sous-marines, dont l’existence n’a été découverte que dans les années 1970, abritent une biodiversité unique. Les vers tubicoles géants (qui construisent un tube dans lequel ils vivent) et les moules s’y développent sous une pression 250 fois supérieure à celle de la surface et dans l’obscurité totale, en symbiose avec des bactéries qui produisent des nutriments à partir de minéraux.

L’équipe de scientifiques a cherché à comprendre comment les larves du ver tubicole se déplacent et colonisent rapidement de nouveaux champs de sources hydrothermales après une éruption.

« Nous avons émis l’hypothèse que les larves […] peut être transporté avec de l’eau froide depuis les profondeurs de la croûte, où cette eau se mélange au fluide des cheminées avant d’être expulsée à la surface et de s’y déposer », Monika Bright, professeur de biologie marine à l’Université de Vienne et co-auteur de l’étude.

Écosystème à protéger

Pour collecter des échantillons à une telle profondeur, l’équipe a utilisé un véhicule sous-marin télécommandé conçu pour explorer les profondeurs marines, équipé de caméras, de bras manipulateurs et d’un grand burin pour percer et retourner les roches.

“En essayant d’en récolter”, poursuit Mmoi Bright, « nous avons découvert qu’il y avait des cavités en dessous » et que celles-ci étaient richement peuplées : des microbes et des larves, mais aussi des vers adultes, des patelles (une sorte de mollusque) et des animaux mobiles comme des polychètes (une sorte de ver annélide) ou des gastéropodes (une espèce de ver marin). escargots).

“Notre découverte montre que nous pouvons faire des découvertes inattendues, même sur notre planète, dans des endroits précis qui ont été étudiés depuis plus de 30 ans, tout simplement parce que personne n’avait pensé auparavant à chercher des animaux dans la croûte”, s’étonne le biologiste.

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PHOTO SCHMIDT OCEAN INSTITUTE, FOURNIE PAR L’AGENCE FRANCE-PRESSE

Dans ces grottes d’environ 10 cm de hauteur, dont une abritait des vers mesurant jusqu’à 41 cm de long, on retrouve des conditions proches de celles de la surface à proximité des cheminées et propices au développement des larves : « une température atteignant 25°C, de l’oxygène et du sulfure d’hydrogène toxique en concentrations modérées », explique-t-elle.

Il apparaît ainsi que « les larves peuvent se disperser dans les cavités pour potentiellement coloniser les fissures de lave et le fond océanique, voire s’y installer et grandir à l’âge adulte, devenant ainsi une faune permanente dans les évents peu profonds du sous-sol », écrivent les auteurs de l’étude. étude.

« Nous pensons que les animaux ne sont peut-être pas très profonds, car nous supposons que les conditions deviennent plus extrêmes à mesure que l’on s’enfonce : des températures plus élevées, moins d’oxygène, des concentrations plus élevées de sulfure d’hydrogène et une acidité accrue. Cependant, nous pensons que l’extension horizontale pourrait être assez importante », souligne M.moi Brillant.

« Il est important de savoir qui vit là et où, afin de pouvoir les protéger de l’exploitation minière en haute mer. Cette faune est unique et doit être protégée », prévient-elle.

 
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