Publié à 00h46
Mis à jour à 5h00
- Nom : Pas de Kwang-chol
- Âge : 68 ans
- Fonction : Général quatre étoiles, ministre de la Défense de la Corée du Nord
- Mots-clés : Armée, frontière, régime, Russie, États-Unis, défection inversée
Pourquoi en parle-t-on ?
Quelque chose de nouveau en Corée du Nord. Selon l’agence d’État KCNA, Pyongyang a nommé cette semaine un nouveau ministre de la Défense, No Kwang-chol. Ce général quatre étoiles, qui a déjà occupé ce poste en 2018 et 2019, est notamment connu pour avoir accompagné le dirigeant Kim Jong-un à Singapour en 2018 et au Vietnam l’année suivante, pour rencontrer l’ancien président américain Donald Trump. Sa nomination intervient dans un contexte où les tensions s’accroissent dans la région, et où le régime de Kim Jong-un est surveillé par la communauté internationale en raison de ses activités militaires et de ses ambitions nucléaires.
Une coupe définitive
Les relations sont au plus bas entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Outre cette nomination à la Défense, l’armée nord-coréenne a annoncé mercredi vouloir couper « définitivement » les routes routières et terrestres entre les deux pays, notamment en démantelant la seule ligne ferroviaire existante. L’état-major général de l’Armée populaire coréenne a qualifié cette initiative de « mesure d’autodéfense ». Selon lui, il s’agit d’une réponse aux exercices militaires de la Corée du Sud, qu’il a qualifiée de « premier État hostile » à la Corée du Nord, ainsi qu’au déploiement d’installations nucléaires américaines dans la région.
Ping-pong belliqueux
Ce geste constitue un nouveau chapitre dans l’escalade des activités à proximité de la ligne de démarcation séparant les deux Corées. Plus tôt cette année, la Corée du Nord a posé des mines terrestres et des barrières le long de la frontière fortement militarisée, en plus d’envoyer des ballons remplis de déchets vers la Corée du Sud tout l’été. En septembre, elle a également révélé l’existence d’installations d’enrichissement d’uranium, afin de démontrer ses capacités nucléaires. Ces provocations ont conduit Séoul à suspendre à son tour l’accord militaire signé par les deux parties, qui avait instauré une forme de rapprochement en 2018.
Une stratégie de… tension réciproque
Chercheuse associée et directrice de l’Observatoire géopolitique indo-pacifique à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), Marianne Péron-Doise estime que Pyongyang suit sa ligne habituelle de « stratégie de tension », ayant le sentiment d’avoir « une stature renforcée au niveau régional ». , du fait de son rapprochement récent avec la Russie (accord de défense mutuelle signé le 19 juin), tout en ayant le soutien de la Chine. L’expert note cependant que le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a lui-même une « posture très offensive » à l’égard du régime de Pyongyang, demandant des garanties supplémentaires à son allié américain sur le parapluie nucléaire dont il bénéficie (reprise des escales de sous-marins nucléaires d’attaque américains). l’année dernière). Elle ajoute que les services sud-coréens viennent d’accuser Pyongyang d’envoyer des soldats combattre en Ukraine aux côtés des Russes. Une mise en examen qui n’a pas plu à Pyongyang ni au Kremlin, qui ont qualifié jeudi de « fausses » ces informations émanant de Kiev et de Séoul.
Et si Trump gagnait ?
Formulairemoi Péron-Doise, l’autre facteur significatif des évolutions récentes est la proximité de l’élection présidentielle aux États-Unis. Le vote, prévu le 5 novembre, pourrait changer la nature des alliances américaines dans la région, tant avec la Corée du Sud qu’avec le Japon, si Donald Trump revenait un jour au pouvoir. ” [Trump] je pense toujours que Tokyo et Séoul sont les passagers clandestins [resquilleurs] et coûtent cher au contribuable américain, souligne-t-elle. De nombreux problèmes semblent irrésolus et les équilibres stratégiques autour de la péninsule coréenne ont toujours été volatiles… avec des pics de tension spectaculaires pour ensuite retomber dans une relative anomie. »
Rentre chez toi
En pratique, la frontière entre les deux Corées est fermée depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Au fil des années, de nombreux Nord-Coréens ont fait défection vers le Sud, pour fuir la dictature communiste du clan Kim. Courrier international rapporte cependant que la semaine dernière, un certain «M. A.”, transfuge nord-coréen qui avait fui son pays en 2011 pour se réfugier en Corée du Sud, a finalement choisi de rentrer chez lui ! Raison invoquée pour cette « défection inversée » ? « La vie en Corée du Sud était trop difficile », répond-il (le salaire moyen des transfuges nord-coréens serait inférieur de 70 % à celui des Sud-Coréens). Absurdité de l’histoire : « M. UN.” risque jusqu’à dix ans de prison pour avoir franchi la frontière intercoréenne sans autorisation, conformément à l’article 6 de la loi sur la sécurité nationale de la Corée du Nord.
Avec l’Agence France-Presse, Courrier international, Le Japon Times