Immigration irrégulière | Un dossier épineux pour Kamala Harris

(New York) La semaine dernière, Kamala Harris a manifesté de deux manières au moins son ambivalence à l’égard de l’immigration clandestine, le sujet de prédilection de Donald Trump.


Publié à 3h14

Mis à jour à 5h00

Le premier est lié au timing choisi par la vice-présidente pour se rendre à Douglas, ville frontalière de l’État clé de l’Arizona, où elle a prononcé un discours après avoir longé le mur séparant les États-Unis du Mexique. Ces activités se sont déroulées en toute fin d’après-midi vendredi dernier. Cependant, il n’y a pas de meilleur moment dans une semaine pour publier des informations que l’on sait importantes (ou embarrassantes), mais dont nous souhaitons limiter l’impact.

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PHOTO CAROLYN KASTER, PRESSE ASSOCIÉE

Kamala Harris près de la frontière américano-mexicaine à Douglas, en Arizona, vendredi dernier

L’autre raison est le silence total de Kamala Harris sur la promesse la plus controversée de Donald Trump en matière d’immigration : l’expulsion massive de quelque 11 millions d’immigrés illégaux aux États-Unis.

Certes, la candidate démocrate à la présidentielle n’a pas manqué de critiquer sa rivale lors de son discours d’environ 20 minutes. Après avoir promis de réduire le flux de demandeurs d’asile et le trafic de fentanyl à la frontière sud, elle a notamment critiqué l’ancien président pour ses pressions sur ses alliés du Congrès pour torpiller un projet de loi bipartisan visant à freiner l’immigration irrégulière, et ses déclarations incendiaires visant à transformer Les migrants deviennent des boucs émissaires.

Mais elle n’a pas dit un seul mot concernant le feu vert que Donald Trump entend donner à des expulsions massives jamais vues dans l’histoire américaine.

Visiblement, Kamala Harris ne veut pas abandonner complètement le thème de l’immigration clandestine, exploité par l’ancien président et ses alliés dans de nombreuses publicités négatives la visant.

Mais sa contre-attaque a des limites. Et le sujet des expulsions de clandestins semble en faire partie, du moins pour le moment. Les sondages expliquent peut-être sa réserve.

Pas moins de 54 % des électeurs américains, dont 86 % de républicains, 58 % d’indépendants et 25 % de démocrates, se disent plutôt ou très favorables à l’expulsion massive des immigrés illégaux, selon un sondage ScrippsNews-Ipsos réalisé depuis 13 au 15 septembre l’année dernière. En juin dernier, un sondage réalisé pour CBS News indiquait que près de 60 % des électeurs américains soutenaient cette politique.

« Des raids massifs ? »

Ce n’est pas que Kamala Harris ignore complètement le sujet. Elle en a notamment parlé le 18 septembre lors d’un discours devant les membres du groupe hispanique de la Chambre des représentants.

« Nous nous souvenons tous de ce qu’ils ont fait pour séparer les familles », a-t-elle déclaré. Et maintenant, ils se sont engagés à procéder à la plus grande expulsion de l’histoire des États-Unis. Imaginez à quoi cela ressemblerait et à quoi cela ressemblerait. Comment cela va-t-il se passer ? Des raids massifs ? Des camps de détention massifs ? De quoi parlent-ils ? »

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PHOTO MUSTAFA HUSSAIN, LE NEW YORK TIMES

Donald Trump, candidat républicain à la présidentielle

Donald Trump et son entourage ont déjà répondu à ces questions. Parlant de son projet d’expulser des millions d’immigrés clandestins chaque année lors d’un second mandat présidentiel, le candidat républicain a déjà donné l’exemple de « l’Opération Wetback », un nom raciste utilisé par l’administration Eisenhower pour décrire sa campagne. visant à rassembler et expulser les immigrants mexicains en 1954.

Selon les conseillers de Donald Trump, une telle opération nécessiterait la construction de vastes camps de détention et le déploiement d’agents fédéraux, de policiers locaux et de soldats de la Garde nationale.

L’idée d’expulser des millions de clandestins serait-elle moins populaire si Kamala Harris détaillait elle-même ces mesures ? Elle préfère peut-être éluder le sujet de peur d’ajouter de l’eau au moulin de ses détracteurs, qui font déjà circuler sur les réseaux sociaux une vidéo datant de 2018 où on l’entend scander, aux côtés de militants progressistes californiens : « A bas les expulsions ! » »

Discours sur la peur

Donald Trump, de son côté, ne nourrit aucun doute et ne s’embarrasse d’aucune nuance sur le sujet. Début septembre, il avait admis que l’expulsion massive de millions d’immigrés illégaux serait une « histoire sanglante ».

Lors d’un récent rassemblement en Caroline du Nord, il a déclaré à ses partisans qu’« un vote pour Harris signifie que 40 ou 50 millions d’étrangers illégaux supplémentaires envahiront nos frontières, volant votre argent, vos emplois et vos vies ».

En Arizona, il a pris une tournure encore plus sinistre à ses exagérations en parlant de « jeunes filles américaines » qui sont « violées, sodomisées et assassinées par de sauvages criminels clandestins ».

“Ils font ressembler nos criminels à des bébés”, a-t-il ajouté en Pennsylvanie le week-end dernier. «Ils entreront dans votre cuisine et vous trancheront la gorge. »

Kamala Harris attend peut-être la dernière partie de la campagne présidentielle pour attaquer Donald Trump sur sa promesse centrale sur l’immigration. En attendant, une majorité d’Américains semble dire oui à l’expulsion massive des immigrés illégaux.

 
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