A un moment donné, la manifestation, largement pacifique, a connu un moment de tension lorsque des manifestants ont tenté de franchir un cordon de police devant le Parlement pour accrocher le drapeau européen, a constaté un journaliste de l’AFP. Après minuit, des centaines de policiers anti-émeutes ont été déployés dans ce quartier de la ville, le ministère de l’Intérieur dénonçant la tournure « violente » prise par la manifestation.
Le texte a amené des milliers de Géorgiens dans la rue depuis qu’il a été déposé au Parlement pour la deuxième fois à la mi-avril par le parti au pouvoir, le Rêve géorgien. Elle est dénoncée pour sa similitude avec une loi adoptée en Russie, qui a permis en quelques années de faire taire l’opposition à Vladimir Poutine. Cela a également suscité l’inquiétude de Bruxelles, qui a averti que l’adoption de ce type de loi pourrait détruire les chances de la Géorgie d’adhérer à l’UE.
Une manifestation de rêve géorgien lundi
Une première tentative de faire adopter ce texte a échoué il y a un an après des manifestations massives au cours desquelles la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau.
Les précédentes manifestations de ces derniers jours ont été dispersées par la police dans les ruelles du centre-ville, les policiers battant et arrêtant les manifestants.
La manifestation de dimanche a été organisée à l’appel d’une centaine d’associations de défense des droits de l’homme et de partis d’opposition, restés jusqu’ici en marge d’un combat qui mobilisait essentiellement les jeunes.
“Les autorités, qui ont réintroduit le projet de loi russe, vont au-delà de ce que permet la Constitution et changent l’orientation donnée au pays, trahissant la volonté invariable du peuple”, ont écrit les organisateurs dans un communiqué.
Le parti au pouvoir a annoncé qu’il organiserait sa propre manifestation lundi, alors que le texte doit être soumis en deuxième lecture au parlement géorgien.
Le veto de Salomé Zourabichvili ?
Si elle était adoptée, cette loi obligerait notamment toute ONG ou média recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger à s’enregistrer administrativement comme « organisation défendant les intérêts d’une puissance étrangère ».
La présidente géorgienne, l’ancienne diplomate française Salomé Zourabichvili, en conflit avec le parti au pouvoir mais dont les pouvoirs sont restreints, a assuré qu’elle opposerait son veto à la promulgation de cette loi si nécessaire.
Ancienne république soviétique du Caucase, la Géorgie a pris il y a vingt ans un virage pro-occidental, une orientation soutenue de longue date par l’ancien président Mikheïl Saakachvili, aujourd’hui emprisonné. Le parti actuellement au pouvoir, Georgian Dream, est accusé par l’opposition de ramener insidieusement le pays vers Moscou.