Au Kenya, les médecins hospitaliers en grève, difficultés pour les patients

Au Kenya, les médecins hospitaliers en grève, difficultés pour les patients
Descriptive text here

Céline Nyaga a roulé pendant une heure à l’arrière d’une moto à Nairobi, tenant son bébé de cinq mois dans ses bras, cherchant désespérément un hôpital pour soigner sa fille. Un véritable défi actuellement au Kenya.

Après l’échec des négociations avec le gouvernement, la grève des médecins hospitaliers entre dans sa septième semaine dans ce pays d’Afrique de l’Est. Indispensables pour les personnes les plus modestes qui ne peuvent pas se payer des cliniques privées, les 57 hôpitaux publics tournent au ralenti.

Le système de santé est depuis longtemps surchargé et sous-financé. Mais aujourd’hui, c’est pratiquement au point mort.

“Je suis épuisée et très inquiète”, a déclaré à l’AFP Mme Nyaga, 23 ans, à son arrivée à l’hôpital Kiambu Level Five, au nord de la capitale Nairobi. Elle est venue soigner une infection cutanée chez son bébé, Audrey.

L’établissement fonctionne avec une petite équipe d’infirmières et de soignants qui prennent en charge les patients en l’absence de médecins.

Lors de la visite des journalistes de l’AFP, l’hôpital, habituellement bondé, était quasiment vide, avec quelques patients assis silencieusement sur des bancs en bois, trop faibles pour discuter.

Le nombre de patients est tombé à environ 30% de la capacité habituelle, a déclaré à l’AFP le ministre de la Santé du comté de Kiambu, Elias Maina, lors d’une visite de l’établissement.

Cliniques privées chères

De nombreux patients ne peuvent pas se permettre de se faire soigner dans des cliniques privées relativement coûteuses et restent chez eux « sans savoir ce qui va se passer », a ajouté le ministre.

“Même ceux qui vont traverser cette période reviendront nous voir lorsque leur état se sera aggravé, ce qui nous mettrait dans une situation encore plus difficile”, a-t-il souligné.

Faith Njeri, mère célibataire de trois enfants, s’était déjà rendue à deux reprises à l’hôpital de Kiambu pour soigner sa fille d’un an, qui souffrait de problèmes à la poitrine.

Mais elle n’a pas eu de chance, dit-elle. “Je n’arrivais pas à trouver de médecin, alors maintenant je dois demander des médicaments à la pharmacie”, raconte la coiffeuse de 25 ans, ajoutant qu’elle avait “du mal” à joindre les deux bouts.

« Je me sens mal, je suis inquiet. En ce moment, il fait très froid, il pleut et son état pourrait empirer. Le Kenya est en pleine saison des pluies et Nairobi, à plus de 1 600 mètres d’altitude, peut connaître des températures fraîches.

Les grévistes contestent notamment une décision gouvernementale visant à réduire les salaires des internes en médecine et à repousser l’âge d’ouverture des droits à la retraite.

Des salaires insuffisants et de mauvaises conditions de travail ont conduit à un exode des médecins kenyans vers d’autres pays africains et au-delà du continent.

Le KMPDU réclame une rémunération mensuelle de 206 000 shillings (environ 1 450 euros), quand les autorités proposent 71 000 shillings, soit trois fois moins.

Cette rémunération était prévue dans un précédent accord signé avec le gouvernement en 2017 pour mettre fin à une grève de 100 jours qui avait paralysé le système public de santé.

«Grande inquiétude»

Lors de cette mobilisation, des dizaines de patients sont décédés faute de soins.

Et cette situation dramatique pourrait se reproduire si la grève actuelle perdure. “C’est ma plus grande préoccupation car la vie d’un être humain n’a pas de prix”, a souligné le ministre départemental de la Santé.

Certains patients se sont déjà tournés vers les médecines alternatives, notamment auprès de guérisseurs non reconnus, car ils ne peuvent se permettre autre chose.

Et les femmes enceintes semblent déjà constituer l’un des groupes les plus vulnérables, en particulier celles nécessitant des soins d’urgence.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Mer de Chine | Exercice américano-philippin contre une « invasion »
NEXT La Banque mondiale veut changer la production alimentaire