Entrée payante à Venise : le tourisme « doit changer », selon le maire – 25/04/2024 à 18h34 – .

Entrée payante à Venise : le tourisme « doit changer », selon le maire – 25/04/2024 à 18h34 – .
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Des touristes font la queue devant la gare Santa Lucia pour acheter des billets d’entrée pour la journée, le 25 avril 2024 à Venise (AFP / MARCO BERTORELLO)

Le tourisme à Venise “doit changer” si l’on veut protéger cette ville fragile et en danger, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, a déclaré jeudi son maire, saluant la mise en place en douceur d’un droit d’entrée de cinq euros dans sa ville.

“Aujourd’hui, nous avons dépensé plus d’argent que nous n’en avons collecté mais (…) c’est une manière de faire comprendre aux gens qu’il faut changer et donc diluer les visites” tout au long de l’année, a déclaré Luigi Brugnaro. « Les gens comprennent ça », a-t-il assuré.

Face aux dégâts causés par le surtourisme et à l’absence de mesures appropriées pour le freiner, l’UNESCO avait menacé de placer la ville sur la liste du « patrimoine mondial en péril ».

Pour éviter cela, la ville s’est engagée en septembre auprès du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, réuni à Riyad, à mettre en place cette année un système de gestion des flux de visiteurs.

Pour cette première mondiale, Venise a vendu quelque 15.700 billets, selon les chiffres officiels dévoilés en fin de journée. Il n’y a pas de limite au nombre de billets disponibles.

Ces billets, qui se présentent sous forme de QR Codes vendus en ligne ou sur place, doivent être présentés aux contrôleurs postés notamment sur la place de la gare, principal accès à la Cité des Doges.

“L’objectif est de définir un nouveau système de gestion des flux touristiques et de décourager le tourisme de jour à Venise pendant certaines périodes”, a rappelé jeudi la mairie.

“Je pense que c’est bien car cela va peut-être ralentir la fréquentation touristique à Venise”, reconnaît Sylvain Pélerin, un touriste français qui vient régulièrement dans la lagune depuis 50 ans.

Devant la gare Santa Lucia, principale porte d’entrée de la ville, une billetterie a été installée de toutes pièces pour aider les touristes dépourvus du précieux billet.

Pour le maire, “la plus grande satisfaction a été de voir les gens s’approcher (des postes de contrôle, NDLR) en agitant leur QR code.” “Ces gens ont compris” ce qui était en jeu, s’est-il réjoui.

– “Une expérience” –

Touristes sur le pont du Rialto à Venise, le 24 avril 2024 (AFP / MARCO BERTORELLO)

Venise est la première ville touristique au monde à imposer un droit d’entrée comme un parc à thème, alors que les mouvements hostiles au surtourisme se multiplient, notamment en Espagne, poussant les autorités à agir pour réconcilier les habitants aisés avec un secteur économique crucial.

Le maire a reconnu début avril qu’il s’agissait d'”une expérience”, qui sera sans doute suivie de près par d’autres grandes villes touristiques du monde.

Venise, l’une des villes les plus visitées au monde, a déjà interdit l’accès à son centre historique aux navires de croisière géants, dont les nuées de passagers doivent également montrer leurs lettres de créance.

En période de pointe de fréquentation, 100 000 touristes dorment à Venise, en plus des dizaines de milliers de visiteurs quotidiens. A comparer aux quelque 50 000 habitants du centre-ville qui ne cesse de se dépeupler.

A ce stade, l’expérience reste cependant d’ampleur très limitée : pour 2024, seuls 29 jours chargés sont concernés par cette nouvelle taxe, qui sera appliquée quasiment tous les week-ends de mai à juillet.

– De nombreuses dérogations –

Cette taxe ne vise également que les touristes quotidiens entrant dans la vieille ville entre 8h30 et 16h00, heure locale. Ils peuvent télécharger leur QR code sur le site dédié (https://cda.ve.it/fr/), disponible en anglais, espagnol, français et allemand, en plus de l’italien.

Touristes sur la place Saint-Marc à Venise, le 24 avril 2024 (AFP / MARCO BERTORELLO)

Une amende de 50 à 300 euros est prévue pour punir les touristes qui tenteraient de passer entre les mailles du filet, même si les autorités locales ont déclaré vouloir privilégier la persuasion à la répression.

Les touristes dormant au moins une nuit sur place sont exonérés et reçoivent gratuitement un QR code de leur lieu d’hébergement. De nombreuses autres dérogations sont prévues : moins de 14 ans, étudiants… Jeudi, environ 97 300 personnes en ont bénéficié, selon la mairie.

Mais cette nouvelle mesure ne fait pas l’unanimité parmi les Vénitiens, certains y voyant une atteinte à la liberté de circulation et un pas supplémentaire vers la muséification de leur ville.

“Nous ne sommes pas un musée ou une réserve naturelle, mais une ville, nous ne devons pas payer” pour y accéder, s’insurge Marina Dodino, une quinquagénaire à la retraite qui fait partie d’une association de riverains, ARCI Venezia.

Une manifestation en fin de matinée non loin de la gare a rassemblé dans une ambiance bon enfant quelque 300 personnes, qui ont défilé derrière une grande banderole disant « Non aux contraventions ! Oui au logement et aux services pour tous ».

Ce ticket est “l’apothéose de la muséification de Venise (…) Nous sommes dans une ville où les Airbnb monopolisent tous les logements, où le maire pourrait réglementer les locations touristiques mais ne le fait pas”, déplore pour l’AFP Federica Toninello, 32 ans, porte-parole de Venise. une association locale.

« Si nous voulons résoudre le problème du tourisme, nous devons commencer par celui du logement », conclut-elle.

 
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