A la Sorbonne, Macron dramatise la question européenne pour tenter de réveiller son camp

A la Sorbonne, Macron dramatise la question européenne pour tenter de réveiller son camp
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« Notre Europe peut mourir », a lancé le chef de l’Etat dans un long discours ponctué de plusieurs piques contre le « nationalisme ».

Une dramatisation pour venir au secours d’une campagne mal en point. Emmanuel Macron a insisté jeudi sur le « risque existentiel » qui pèserait sur l’Europe, dans un long discours prononcé devant 500 invités dans l’amphithéâtre de la Sorbonne. ” Nous devons être clairs sur le fait que notre Europe est aujourd’hui mortelle. Elle peut mourir et cela ne dépend que de nos choix, mais ces choix doivent être faits maintenant », a insisté le chef de l’Etat, citant la célèbre phrase de Paul Valéry sur les civilisations « mortel » à la fin de la Première Guerre mondiale.

Guerre entre la Russie et l’Ukraine, agressivité commerciale des États-Unis et de la Chine, puissance des géants du numérique, déclin démographique… Le président a énuméré les menaces qui pèsent sur un Vieux Continent dans « situation d’encerclement » face aux grandes puissances, et ses propositions pour y répondre. Se présentant, implicitement, comme un leader capable de prendre ces enjeux à bras le corps en dessinant » notre avenir européen, mais qui est par définition l’avenir de la France « . Un double prisme pour celui qui cherchait à parler à la fois à ses homologues européens et aux électeurs nationaux.

«Nous n’avons pas tout réussi»

De retour dans la prestigieuse université parisienne, où il avait déjà prononcé un discours sur l’Europe en septembre 2017, Emmanuel Macron a d’abord souligné « réalisations « . ” Rarement l’Europe aura autant progressé », s’est-il félicité, citant par exemple le prêt commun pendant le Covid ou l’attitude envers la Russie. Tout en concédant : « Nous n’avons pas réussi », notamment sur la volonté de rendre l’Europe démocratique », a-t-il concédé. Le faible intérêt des Français pour la campagne européenne semble y faire écho, alors que tous les camps, à commencer par celui du président, craignent une forte abstention le 9 juin.

Emmanuel Macron a alors formulé de nombreuses propositions dans de nombreux domaines, appelant à des actions plus poussées en matière de défense, d’industrie, de recherche, de contrôle des frontières ou encore de contrôle des géants du web, défendant par exemple un « majorité numérique à 15 ans années « . Même si la durée du discours (1 heure 50 minutes), dense et truffée de digressions en tous sens, a pu noyer la clarté de la mise en scène et des formules destinées à marquer les esprits. Ainsi le chef de l’État s’est concentré sur « la libre circulation des électrons sans carbone » ou la révision des règles « Bâle et la solvabilité » sur les fonds propres des banques et des assurances…

Allusion au numéro 3 de la liste RN

Certes, officiellement, le discours s’adressait d’abord aux partenaires européens, en vue de définir les priorités de l’Union pour les cinq prochaines années, après l’élection du 9 juin. Mais Emmanuel Macron n’a pu s’empêcher d’adresser quelques piques au Parlement national. Rallye, sans le mentionner. ” Plus personne n’ose proposer de sorties, ni depuis l’Europe ni depuis l’euro », a-t-il pris soin de souligner, alors que son entourage voit dans le virage de Marine Le Pen sur ce dossier une victoire idéologique. Ciblage » nationalismes ” à travers l’Europe, il a estimé qu’ils ” ne plus proposer de quitter l’immeuble ou de le démolir, mais ne plus avoir de règles de copropriété, ne plus investir, ne plus payer le loyer « .

Emmanuel Macron a encore clairement fait allusion au Rassemblement national lorsqu’il a évoqué ses ambitions pour Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières. ” Je continue d’y croire, même si parfois ceux qui l’ont servi commencent à en douter », lâche-t-il. Une référence à Fabrice Leggeri, ancien directeur de Frontex, troisième sur la liste de Jordan Bardella.

« Abstention de sanction »

Le camp présidentiel attendait avec impatience cette descente dans l’arène de sa tête de gondole, alors que les intentions de vote pour la liste conduite par Valérie Hayer ne décollent pas : 17% contre 31% pour Jordan Bardella lors de la dernière vague de « roulant » Ifop- Fiduciaire pour Le Figaro, LCI et Sud Radio. ” Dans notre calendrier, c’est le moment où l’on passe en campagne» avance un poids lourd du gouvernement à sa sortie de la Sorbonne. Même si les Français ne sont pas du tout parmi les Européens. Personne ne m’en parle lorsque je voyage. »

La majorité entend toujours s’appuyer sur la parole pour tenter de convaincre sur le terrain. Un tract montrant les visages d’Emmanuel Macron et de Valérie Hayer est tiré à 4,5 millions d’exemplaires et doit être distribué ce week-end. Le programme et la liste complète doivent être dévoilés d’ici début mai. Avec l’espoir de conjurer les mauvais sondages, où Renaissance n’est qu’à quelques points du candidat socialiste, Raphaël Glucksmann.

Ce n’est pas une fuite de notre électorat de gaucheanalyse un cadre de la Renaissance. C’est parce qu’on ne mobilise pas nos gens, qu’on n’arrive pas à faire le plein. » Dans l’état-major présidentiel, on se creuse la tête pour conjurer ce phénomène de « sanction d’abstention », cherchant à parler aux près de dix millions d’électeurs qui ont voté pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle de 2022. A l’époque, le chef de l’Etat avait profité des craintes suscitées par le choc de la guerre en Ukraine. Mais malgré le « conjonction de crises sans précédent » sur lequel il a encore insisté jeudi, « l’effet drapeau » ne semble pas susceptible de se répéter.

 
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