L’annonce mercredi par le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez de sa possible démission, après l’ouverture d’une information judiciaire contre son épouse, a fait l’effet d’une bombe. Voici les scénarios possibles pour l’Espagne.
Sánchez veut simplement provoquer un choc électrique
Habitué aux éclats publics, le socialiste a mis sa démission dans la balance sans en informer ses ministres. Une décision inédite visant à provoquer un électrochoc et à reprendre l’initiative face à l’opposition, dans un contexte d’extrême polarisation de la vie politique.
Dans sa lettre, le socialiste a dénoncé « la gravité des attentats » contre lui et son épouse, résultat d’une campagne de « harcèlement » menée par la droite et l’extrême droite qui « n’acceptent pas les résultats électoraux ». Une campagne qui comprendrait l’ouverture d’une enquête sur des faits présumés de trafic d’influence et de corruption contre Begoña Gómez suite à une plainte d’une association d’extrême droite.
“Sánchez est un animal politique”, a déclaré Oriol Bartomeus, politologue à l’Université autonome de Barcelone, et “il a décidé de passer à l’attaque”. “Il frappe sur la table” dans le cadre d’une “stratégie visant à mettre l’accent là où il veut”, ajoute Paloma Roman, politologue à l’Université Complutense de Madrid.
Une question de confiance
Le Premier ministre annoncera sa décision lundi. Une possibilité serait d’annoncer une question de confiance pour montrer à l’Espagne qu’elle et son gouvernement minoritaire sont toujours soutenus.
L’indépendantiste catalan Carles Puigdemont, allié du gouvernement, a également appelé le Premier ministre à privilégier cette option qui ne nécessite que les votes favorables d’une majorité relative des députés. Depuis la publication de la lettre, la plupart de ses alliés lui ont apporté un soutien inconditionnel.
Démission avec ou sans élections anticipées
Mais l’hypothèse d’une démission ne peut être exclue. “Ses proches conseillers et la direction du Parti socialiste vont tenter de le convaincre de rester” mais sa “décision” est “difficile à prévoir”, estime Antonio Barroso, analyste du cabinet Teneo.
Si Sánchez démissionne après six ans au pouvoir, le Parti socialiste pourrait proposer la nomination d’une autre personne. Selon Paloma Roman, « l’hyperpersonnalisation du pouvoir par Sánchez » rend cependant cette hypothèse « difficile ».
Malgré tout, le nom qui revient est celui de la numéro deux du gouvernement, Maria Jesus Montero, ministre du Budget. Mais “il lui sera compliqué de rassembler une majorité” à la Chambre, estime Antonio Barroso, selon qui le Premier ministre pourrait plutôt démissionner et convoquer des élections anticipées auxquelles il se représenterait.
