“L’Iran mérite bien mieux” – rts.ch

“L’Iran mérite bien mieux” – rts.ch
Descriptive text here

Un Iranien et une Iranienne en exil, Reza Pahlavi, fils aîné du dernier Shah, et Mahnaz Shirali, sociologue, livrent mercredi leur analyse du régime de Téhéran dans Tout un monde. Selon eux, le pouvoir iranien est plus fragile qu’il n’y paraît et ne bénéficie pas du plein soutien de la population.

La guerre fantôme entre Israël et l’Iran a pris une tournure inquiétante ces derniers jours. Même si la tension est redescendue d’un cran, Téhéran promet toujours la destruction de ce qu’il appelle le « régime sioniste » en cas de nouvel attentat.

D’emblée, Reza Pahlavi, fils du Shah au pouvoir jusqu’à la révolution islamique de 1979, souligne qu’il faut distinguer entre le « peuple, première victime d’un régime qui a pris notre pays en otage il y a 45 ans, et le régime lui-même.

Le conflit avec Israël n’est pas, selon cette logique, une « guerre d’un pays contre un autre pays ».

Il s’agit plutôt de « la guerre d’Ali Khamenei. Le chef suprême de cette théocratie religieuse a pour seule et unique mission d’exporter la révolution et de subjuguer au-delà de nos frontières pour créer une sorte de théocratie moderne, un califat chiite dans la région », dit-il.

« Une seule solution » pour faire taire les armes

À ses yeux, le régime de Téhéran est responsable de la montée des tensions au Moyen-Orient. « La véritable base de tous ces problèmes, qu’il s’agisse du terrorisme, du radicalisme islamique ou de la menace nucléaire, réside dans le régime de Téhéran. »

Contacté par la RTS à Washington, Reza Pahlavi poursuit : « La seule solution est d’aboutir à une situation où ce régime n’existe plus, plutôt que de s’attarder sur une diplomatie qui ne fonctionne plus. Si nous voulons éviter la guerre, il ne reste qu’une seule solution possible : aider les gens à pouvoir se libérer », affirme-t-il.

>> Relisez : L’Iran s’estime vengé, mais la communauté internationale dénonce une grave escalade

« Peur et insécurité » de la population

Pourtant, des images montraient des Iraniens en liesse après l’attaque de 300 drones et missiles contre Israël dans la nuit du 13 au 14 avril.

Ce régime ne prête aucune attention à leurs intérêts

Mahnaz Shirali

Mais pour Mahnaz Shirali, sociologue et politologue spécialiste de l’Iran, cet enthousiasme est loin de représenter le sentiment général de la population.

« Ce qui revient le plus souvent parmi les Iraniens, c’est leur peur, leur énorme inquiétude quant à la paix et à la sécurité de leur pays, car ils savent que ce régime ne prête aucune attention à leurs intérêts. Le comportement belliqueux et la diplomatie guerrière de la République islamique ne font donc que susciter peur et insécurité parmi les Iraniens », analyse-t-elle depuis Paris.

>> Suivi des événements au Moyen-Orient : Israël promet de « nouveaux coups durs » au Hamas au début de Pessah

Une économie à bout de souffle

Reza Pahlavi souligne de son côté que le quotidien des Iraniens est surtout marqué par une situation « économique désastreuse ».

Une partie importante de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, souligne-t-il, rappelant également la forte dévaluation du rial iranien au fil des décennies.

Dans le même temps, le régime « ne dépense pas pour le peuple, mais pour les armes, en envoyant des missiles ou des roquettes pour attaquer un autre pays ou pour soutenir Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine », déclare-t-il. « Le peuple se dit : Encore une fois, nous souffrons, c’est notre argent qui est dépensé dans un but qui n’a rien à voir avec l’intérêt national de notre pays.“, il continue.

>> Relisez cet entretien avec Mahnaz Shirali : Mahnaz Shirali : « Le voile n’est qu’un prétexte, la jeunesse iranienne vise la chute du régime »

Une puissance militaire ?

Alors que l’Iran est en proie à une crise économique, son gouvernement montre ses muscles sur la scène internationale. Il cherche à gagner en influence, notamment en soutenant le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah au Liban ou les rebelles Houthis au Yémen.

Mais selon Mahnaz Shirali, la puissance iranienne est faible. « Je ne cesse de répéter depuis des années que la République islamique n’est pas une puissance militaire, mais une nuisance », dit-elle. Le sociologue estime que l’arsenal du pays « n’est pas vraiment fonctionnel ».

« Aujourd’hui, à mon avis, il existe encore la possibilité de gérer ce régime voyou. Mais demain, s’il se dote de la bombe atomique, il deviendra ingérable et véritablement fort », craint le double ressortissant franco-iranien.

Reza Pahlavi, fils aîné du dernier Shah d’Iran, lors d’un discours à Los Angeles en soutien au mouvement « Femmes, Vie, Liberté » en Iran, le 11 juin 2023. [MIDDLE EAST IMAGE/AFP – DAVID PASHAEE]

« L’Iran mérite bien mieux »

Mahnaz Shirali et Reza Pahlavi vivent tous deux en exil. Le second déclare qu’il entretient l’espoir que l’Iran change de régime, afin qu’il puisse retourner dans ce pays.

« Aujourd’hui, j’ai 63 ans. J’avais 17 ans et demi lorsque j’ai quitté l’Iran”, raconte le fils du souverain renversé en 1979. “Quand je pense aux jeunes garçons et filles iraniens de la génération Z, qui rêvent d’un Iran différent, à leur énergie et à leur des sacrifices… Je suis là pour les aider, les soutenir, leur passer le flambeau que j’essaie de maintenir allumé depuis plus de quatre décennies. Parce que je pense. que l’Iran mérite bien mieux que ce que nous avons aujourd’hui.

>> A lire aussi : le point de vue de l’ambassadeur iranien à Berne : «Nous défendrons nos intérêts plus énergiquement» que jamais, prévient l’ambassadeur d’Iran en Suisse

Interviews radio : Patrick Chaboudez

Texte Web : Antoine Michel

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La campagne de la dernière chance pour Carles Puigdemont
NEXT L’Espagne accueille 16,1 millions de touristes au 1T 2024, un record