Viktor Medvedchuk, le « prince des ténèbres » ukrainien à la solde de Poutine

Viktor Medvedchuk, le « prince des ténèbres » ukrainien à la solde de Poutine
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Basé à Prague, le média de propagande « Voice Of Europe » aurait servi de plateforme pour diffuser les idées de Moscou dans les milieux politiques et influencer le résultat des élections européennes qui se tiendront en juin prochain. Selon les services de renseignement tchèques et polonais, un réseau sous-jacent aurait également permis de faire circuler de l’argent russe destiné à rémunérer un certain nombre de représentants politiques européens, principalement dans les milieux d’extrême droite, pour renforcer le discours du Kremlin au sein de l’Union européenne. Parlement.

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Le site est désormais fermé et son propriétaire mis sur liste noire. Son nom ne vous dira rien. Pour les connaisseurs de la Russie, c’est pourtant assez familier, car Viktor Medvedchuk, un homme d’affaires ukrainien de 69 ans, n’est autre que le « Kum » de Vladimir Poutine.

En russe, cela signifie que le président est le parrain de la jeune fille Medvedchuk. Dans la culture du Kremlin, ce rapprochement en apparence anodin scelle une fidélité sans faille entre les deux hommes, voire les trois, car la jeune femme a pour marraine l’épouse de l’ancien président russe Dmitri Medvedev. Pas étonnant donc que papa soit considéré à Kiev comme l’agent d’influence, l’émissaire et les yeux de Vladimir Poutine en Ukraine, où la presse l’a déjà baptisé « prince des ténèbres ».

Le coup de foudre en 2003

Viktor Medvedchuk est né en Sibérie en 1954 avant de s’installer en Ukraine avec sa famille dans les années 1960. La suite est un conte soviétique : l’homme devient avocat, puis magnat de l’énergie et de l’agriculture dans les années 90, profitant des grandes ouvertures politiques et économiques offertes par la chute de l’URSS à un certain nombre de puissants, plus connus sous le nom de oligarques. La rencontre avec Vladimir Poutine a eu lieu en 2003. Medvedchuk dirigeait le cabinet du président Leonid Koutchma alors qu’il était soupçonné d’avoir collaboré avec le KGB. A Moscou, Poutine vient de devenir président après avoir été formé dans les fameux services secrets. Ils sont faits pour s’entendre.

Les effets de cette rencontre ne se sont pas fait attendre : l’homme d’affaires ukrainien a été accusé en 2004 d’avoir mis en œuvre une fraude électorale à grande échelle en faveur du candidat pro-russe, sans que cela ne l’empêche de poursuivre ses activités. Dix ans plus tard, il fait l’objet de sanctions américaines et britanniques pour «portant atteinte à la sécurité, à l’intégrité territoriale et aux institutions démocratiques de l’Ukraine» pour le rôle qu’il a joué dans l’annexion de la Crimée.

On pense qu’il a été neutralisé, mais les accords de Minsk conclus en 2015 entre Kiev et Moscou lui ont offert le poste inattendu de représentant ukrainien aux affaires humanitaires, chargé de l’échange de prisonniers entre les deux camps. Les Ukrainiens n’étaient pas contents, mais le président Porochenko finira par reconnaître des années plus tard qu’il s’agissait d’une demande personnelle de Vladimir Poutine.

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Douzième fortune de l’Ukraine

En 2018, l’oligarque ukrainien rejoint le parti pro-russe « Plateforme d’opposition – Pour la vie » et acquiert discrètement deux chaînes de télévision. Le tout sous le regard du président Porochenko qui ne semble pas avoir l’intention ni les moyens de le neutraliser. Il entre au Parlement ukrainien en 2019 et termine l’année 2021 à la douzième position du classement Forbes des plus grandes fortunes d’Ukraine, détenant entre ses mains 570 millions d’euros.

Viktor a misé sur le bon cheval, mais toutes les histoires d’ascension facile mènent à une chute brutale. En mai 2021, il a été inculpé de « haute trahison » et de « tentative de pillage des ressources naturelles en Crimée ». Les autorités lui reprochent notamment d’avoir acquis des biens immobiliers en Crimée occupée et d’avoir investi en 2014 dans une raffinerie russe pour approvisionner en carburant les indépendantistes du Donbass. L’Ukraine en profite pour geler ses avoirs financiers, fermer ses chaînes de télévision et nationaliser son pipeline. Medvedtchouk est assigné à résidence. Mais quelques jours avant l’invasion russe à grande échelle du 24 février 2022, il disparaît.

Arrêté alors qu’il fuyait

Deux mois plus tard, il a été arrêté alors qu’il tentait de fuir l’Ukraine. Volodymyr Zelensky lui-même l’annonce aux Ukrainiens, qui se livrent parfois à de véritables explosions de joie tant le personnage est vilipendé dans son pays. “C’est un événement symbolique, c’est comme capturer Goebbels», avait alors déclaré Serguïï Leshtchenko, conseiller du chef de cabinet du président Zelensky. “C’est l’homme qui a reçu des instructions et des ressources directes de Poutine pour préparer le terrain à l’invasion.».

Volodymyr Zelensky propose immédiatement de l’échanger contre des prisonniers ukrainiens. “Je propose à la Russie d’échanger votre homme contre nos garçons et filles qui sont actuellement en captivité en Russie», a déclaré le Président. Poutine accepte. Cinq mois après sa capture, l’oligarque fait partie d’une liste de prisonniers remis à Moscou en échange de leurs homologues ukrainiens. Un curieux destin pour celui qui était chargé quelques années plus tôt de superviser ce type d’échanges.

Moscou, Serbie, Tchéquie

On imagine Viktor Medvetchouck profiter de sa retraite dans un luxueux palais moscovite, mais l’homme du Kremlin n’abandonne pas ses activités et les recentre effectivement sur la propagande. Début 2023, il signe un article dans la presse russe, reprenant l’attaque contre la Russie par une élite ukrainienne « néo-nazie » manipulée par l’Occident. La même année, durant l’été, il lance un portail en ligne russophone intitulé « L’Autre Ukraine » qu’il anime avec l’aide des très efficaces usines à trolls russes, afin d’inonder les réseaux sociaux ukrainiens et occidentaux de messages pro-russes. et autres fausses nouvelles.

Quelques mois plus tard, « L’Autre Ukraine » ouvrait une rubrique en Serbie, aux portes de l’Union européenne. La menace se rapproche, et nous savons depuis le 27 mars qu’elle s’est enfin emparée de nos terres. Au vu du CV du personnage, les autorités européennes ont toutes les raisons de prendre cette affaire au sérieux.

 
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