Lundi 15 avril, c’est un procès hors norme qui s’ouvrira dans une salle austère du palais de justice du Lower Manhattan à New York, et qui déclenchera sans doute, pendant plusieurs semaines, un maelström médiatique et politique sans précédent. Pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, un ancien président sera jugé pénalement. Donald Trump fera face à 34 chefs d’accusation, à commencer par l’achat du silence d’une star du porno, prélevé sur ses fonds de campagne, avant et après les élections de 2016. Le candidat républicain et ses avocats ont dû, à trois reprises et jusqu’au dernier moment, tenter d’éviter sa comparution et d’annuler l’interdiction qui lui a été imposée à titre préventif pour insulter, diffamer ou poursuivre sa vindicte sur les réseaux sociaux. tribunal, procureurs, jurés, témoins et leurs familles.
Donald Trump, la Bible à la main
C’est ce jeu, maîtrisé à la perfection, que Trump joue depuis un an, depuis sa mise en examen, pour le plus grand plaisir de ses militants dont la fièvre n’a cessé de monter à chaque étape d’un lourd calendrier judiciaire. Comment et pourquoi la culture politique américaine a-t-elle tellement changé qu’elle transforme en triomphe un parcours si lourdement chargé de scandales et de drames en tout genre, à commencer par la tentative de renverser les élections de 2020 en lançant à ses partisans, le 6 janvier 2021, le assaut sur le Capitole ? Le verdict de ce procès, grâce à la majorité conservatrice de la Cour suprême, ne tombera probablement qu’après les élections de novembre prochain. Quelle est la stratégie du camp républicain, entièrement maîtrisé, pour alimenter et amplifier une telle désinformation, fondée d’abord sur la négation des résultats de 2020 ? Quels sont les moyens déployés, qui les finance ? Au sein même de l’espace démocratique, protégé par le premier amendement de la Constitution américaine, qu’est-ce que ce monde de réalités alternatives dont Donald Trump, Bible à la main, est devenu le grand prêtre ? Quelle que soit la légitimité du combat politique, comment pouvons-nous empêcher une telle pénétration de l’opinion publique ?
