Conflit dans la bande de Gaza

Conflit dans la bande de Gaza
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Si les championnats du monde de gymnastique acrobatique se déroulaient cette semaine en Israël comme prévu initialement, il n’y aurait pas que des athlètes sur le podium. Le gouvernement américain, qui pratique l’art de la contorsion, de l’équilibre et de la division dans son approche du conflit entre l’État juif et le Hamas, aurait de sérieuses chances de remporter une médaille.


Publié à 1h56

Mis à jour à 6h00

La dernière semaine en témoigne.

Lundi, lors d’un vote au Conseil de sécurité, les Etats-Unis se sont abstenus, permettant aux 14 autres membres de l’organe le plus puissant de l’ONU d’exiger d’une seule voix un « cessez-le-feu immédiat pour le mois de Ramadan… conduisant à un cessez-le-feu durable » dans le pays. Bande de Gaza. Tout cela, trois jours après que sa propre version – avec une formulation plus douce – ait été rejetée par la Chine et la Russie.

L’événement a fait la une des journaux du monde entier. Et pour une bonne raison. En moins de six mois, l’administration Biden a utilisé à trois reprises son veto pour bloquer des initiatives similaires, au grand désarroi de plusieurs de ses alliés, dont la France.

À l’unisson, les commentateurs ont vu dans la soudaine abstention américaine une évolution marquée de la position du pays, voire un changement de cap, notamment face à l’aggravation de la crise humanitaire dans l’enclave palestinienne.

En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, furieux, a annulé une mission à Washington et a accusé les États-Unis de nuire aux négociations avec le Hamas en restant sur la touche.

À la Maison Blanche, l’histoire était bien différente. L’encre sur le texte de la résolution n’était pas encore sèche alors que les dirigeants de l’équipe de Joe Biden multipliaient déjà les mises en garde. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole du secrétaire d’État, Matthew Miller, a réitéré à plusieurs reprises que la résolution était « non contraignante » et ne changeait pas la position américaine. Membre du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby a repris le même message.

C’est une très drôle d’interprétation de la Charte des Nations Unies qui régit le Conseil de sécurité. C’est précisément parce que les résolutions qu’il adopte sont pour la plupart contraignantes que ce club restreint de pays – dont cinq grandes puissances nucléaires – revêt une telle importance.

S’il s’agissait seulement d’adresser un message « non contraignant » aux parties au conflit, la communauté internationale aurait pu se contenter du vote de l’Assemblée générale du 12 décembre. Ce jour-là, 153 des 193 États membres ont voté en faveur d’un « cessez-le-feu humanitaire immédiat ». Les États-Unis et Israël faisaient partie des dix pays qui ont voté contre.

Pourquoi les États-Unis font-ils aujourd’hui des contorsions pour soutenir le nouveau consensus au sein du Conseil de sécurité tout en remettant en question son poids juridique ? Pour taper sur les doigts de son allié israélien tout en annonçant publiquement qu’il n’est pas question de lui forcer la main.

« Si Israël ne se conforme pas à la décision du Conseil de sécurité, le Conseil pourrait prendre d’autres mesures pour faire appliquer sa résolution, comme imposer des sanctions. Dans ce cas, les États-Unis pourraient s’y opposer», explique Annie Lagueux, de La Haye, juriste spécialisée en droit international et chercheuse au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM).

Que les porte-parole de la Maison Blanche l’admettent ou non, il est clair que le soutien américain au gouvernement Netanyahu et à la guerre qu’il mène dans l’enclave palestinienne n’est plus ce qu’il était au début : inconditionnel.

Lorsque Joe Biden a annoncé que les États-Unis fourniraient une aide aérienne et maritime aux civils au bord de la famine dans le nord de Gaza, il a envoyé un signal très clair à Israël. Lorsque la vice-présidente Kamala Harris a accueilli le ministre Benny Gantz – un rival politique de Netanyahu – à Washington sans le consentement du Premier ministre israélien, la fracture est devenue encore plus évidente.

Mais ce n’est qu’une fissure, pas une cassure. Même s’il s’inquiète ouvertement des souffrances des millions de civils palestiniens déracinés par les bombardements, le gouvernement américain continue de financer l’armée israélienne. Et de lui fournir des armes, contrairement au Canada – un acteur bien plus petit – dont la décision de suspendre les transferts d’armes vers Israël a été largement saluée par la communauté humanitaire.

Le gouvernement américain continue également d’être le principal allié du gouvernement de l’État hébreu lors des négociations en cours, par l’intermédiaire des pays intermédiaires, avec le Hamas pour obtenir la libération des otages toujours détenus par le mouvement islamiste, responsable des attentats meurtriers du 7 octobre. en Israël.

Cet écart important s’explique en grande partie par l’approche de l’élection présidentielle de novembre. Joe Biden tente de satisfaire à la fois sa gauche – qui l’accuse de fermer les yeux sur les dérapages de l’allié israélien dans sa conduite de la guerre – et sa droite, qui insiste sur le droit d’Israël à se défendre et la nécessité de vaincre le Hamas. , à tout prix.

Il marche sur un fil.

Pour l’instant, cet exercice d’équilibrisme n’a pas les effets escomptés ni aux Etats-Unis ni au Moyen-Orient.

Chez lui, Joe Biden est toujours à la traîne de son rival républicain, Donald Trump, dans les sondages. Au Moyen-Orient, l’ambivalence américaine entrave la réponse internationale à un moment où des centaines de milliers de civils palestiniens sont au bord du précipice. Sans filet.

 
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