Vaccins contre la grippe limités à “deux à trois doses par pharmacie” !
Est-il vrai que de nombreuses pharmacies ne proposent plus de vaccins contre la grippe ?
Oui, seules 15 % des pharmacies d’Auvergne-Rhône-Alpes ont encore quelques vaccins à proposer. Le ministère vient de nous informer que des doses de deux vaccins différents seraient rapidement acheminées aux grossistes. Théoriquement, à partir du lundi 27 janvier, on devrait pouvoir les commander. Mais cela devrait se limiter à deux ou trois doses par pharmacie. Cela ne suffira évidemment pas. J’invite donc ceux qui souhaitent se faire vacciner à appeler leur pharmacien, dès le milieu de la semaine prochaine, pour savoir s’ils ont été réapprovisionnés.
Face à cette situation critique, sentez-vous que la population prend de plus en plus conscience de la nécessité de se vacciner ?
Oui, clairement. Malheureusement, le mal est fait. Les hôpitaux sont saturés, la mortalité augmente. La campagne, qui vise à vacciner la population pour éviter de surcharger le système de santé, a donc raté son objectif.
Vaccin contre la grippe : « les gens ont réagi trop tard »
Comment cette prise de conscience tardive se traduit-elle dans les pharmacies ?
D’habitude, en janvier, je ne fais qu’une quinzaine de vaccinations. Cette année, j’ai dû m’arrêter à 50 erreurs de dosage. Dans la plupart des pharmacies, la demande est cinq à six fois supérieure à celle des années précédentes. Résultat : 85 % des pharmacies sont en rupture de stock. Il n’est pas normal d’avoir une telle demande fin janvier, alors que la campagne devrait toucher à sa fin. Les gens ont réagi trop tard ou ne comprennent pas qu’ils doivent se protéger préventivement. Ce n’est pas quand l’épidémie fait rage qu’il faut aller voir son pharmacien, d’autant qu’il faut attendre au moins dix jours pour se faire vacciner.
Comment expliquer cette situation critique ?
C’est un problème collectif. Il n’est pas normal que la demande de vaccins explose à la mi-décembre, au moment du lancement de la campagne le 15 octobre. Il y a un problème de communication majeur. Les pharmaciens font leur travail en achetant des vaccins et en sensibilisant à l’importance de la vaccination. Désormais, c’est à l’État d’assumer sa part de responsabilité. Pourquoi ne pas constituer un stock régulateur de 400 000 ou 500 000 doses chaque année en plus des 3 à 3,5 millions de vaccins commandés par les pharmaciens ? Ce stock de l’Etat permettrait de répondre à la demande en cas de forte épidémie comme c’est le cas cette année.
« Notre système de santé est malade »
À vous écouter, on a le sentiment que les autorités sanitaires n’ont pas retenu les leçons de la crise du Covid…
C’est exact. On a bien vu les conséquences de l’absence de stocks stratégiques lors de la précédente crise sanitaire. Gouverner, c’est planifier. Sachant qu’il est impossible d’anticiper la virulence d’une épidémie, on attend de nos dirigeants qu’ils planifient un peu mieux…
-Faut-il rendre la vaccination obligatoire pour les seniors, comme le suggèrent certains ? Actuellement ?
Je ne suis pas convaincu que ce soit la solution, surtout après les controverses post-Covid. Il faut avant tout trouver le moyen de responsabiliser la population. Notre système de santé est malade. Il lui manque des armes. Il manque d’argent. Elle n’a pas les moyens de compenser les conséquences d’une non-vaccination massive. Pourquoi ne pas instaurer une franchise hospitalière différenciée si une personne non vaccinée est hospitalisée pour la grippe ? Ce serait un moyen de responsabiliser financièrement les gens.
Retrouvez notre article ici : Grippe A et Grippe B, comment les reconnaître ?
À SAVOIR
L’épidémie de grippe reste « intense » selon le dernier bulletin de Santé Publique France, qui a donc décidé de prolonger d’un mois la campagne de vaccination. La situation l’exige. En effet, les indicateurs épidémiques continuent de progresser de manière alarmante chez les moins de quinze ans, alors que près de 7 % des décès en France sont aujourd’hui dus à des syndromes grippaux. Principales victimes : les plus de 65 ans.
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