Cette information décourageante inquiète une partie de la population qui, depuis plusieurs jours, cherche à se faire vacciner. « La campagne se termine logiquement le 31 janvier. Mais on est noyé sous les appels téléphoniques, témoigne ce pharmacien vannais. Comme nous n’avons pas de produit, nous ne pouvons pas prendre de rendez-vous. Heureusement nous sommes approvisionnés en paracétamol, en ibuprofène ou en aspirine, médicaments prescrits pour soigner la grippe. »
Onze millions de personnes ont reçu une dose
Même constat à Saint-Pol-de-Léon (29) ou Morlaix (29), où un autre professionnel dit « naviguer à vue » face à cette rupture. Dans une autre pharmacie, à Saint-Brieuc, ils espèrent être livrés prochainement : « Nous avons commandé d’autres vaccins mais nous n’avions aucune assurance d’être livrés ».
La rupture de stock est incontestable. Mais d’où vient-il ? Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), explique, sur France Info, que la campagne de vaccination actuelle est assez soutenue. Selon lui, onze millions de personnes ont reçu une dose sur les 20 millions éligibles, soit « beaucoup plus que l’an dernier ».
Cinq grands groupes au sommet de la pyramide
Pourquoi l’industrie a-t-elle du mal à remplir les chambres froides des pharmacies ? Nous avons essayé de contacter des distributeurs pharmaceutiques situés en Bretagne. En vain. Logiquement, ce sont eux qui contrôlent toute la logistique, en tant qu’intermédiaires entre les laboratoires produisant des molécules et les 1 200 pharmacies implantées dans 529 communes bretonnes.
Pour connaître les raisons de cette pénurie, il faut aller plus haut, vers le sommet de la pyramide, c’est-à-dire jusqu’aux producteurs eux-mêmes. Cinq grands groupes pharmaceutiques se partagent ce marché, dont le plus puissant Sanofi qui produit, à lui seul, 250 millions de vaccins contre la grippe par an, dans son unité du Trait, près de Rouen (Seine-Maritime). Plus d’un millier de personnes travaillent sur ce site de production ultramoderne, dans lequel le groupe a investi 250 millions d’euros ces dernières années.
Un processus de production long et complexe
Actuellement, aucun vaccin contre la grippe ne sort des chaînes de production. Sanofi, par la voix de Nicolas Obrist, des relations presse du groupe, explique : « La fabrication de ces vaccins est extrêmement complexe. Ceux actuellement utilisés ont été produits durant l’hiver 2023-2024. Ils ont été livrés au printemps et en été.
Il précise que ce calendrier leur est imposé : « La grippe concerne des virus mutants qui évoluent d’une année sur l’autre. En amont, grâce à des travaux prospectifs menés à partir des données de l’année dernière et de celles de l’hémisphère sud, l’Organisation mondiale de la santé définit la nature des vaccins qui seront produits. À partir de là commence le travail du processus biologique, qui ne peut être accéléré. Cultiver les variétés prend beaucoup de temps.
-Dans ce scénario, pas question de relancer la production en cas de pénurie. “C’est impensable”, poursuit Nicolas Obrist, qui informe que Sanofi travaille déjà sur la prochaine épidémie.
Sanofi met 250 000 doses supplémentaires sur le marché français
À l’autre bout de la chaîne, les pharmaciens doivent aussi regarder vers l’avenir. Généralement, lors de leur commande, ils se basent sur le nombre de doses écoulées l’année précédente. Lorsqu’ils reçoivent leurs flacons, ils doivent les stocker dans des armoires réfrigérées de capacités limitées. Ce qui complique les choses.
Autre problème : les flacons non utilisés lors d’une campagne partent directement à la poubelle, leur composition biologique n’étant valable que pour une campagne de vaccination. Un gros manque à gagner pour ceux qui ont surestimé le nombre de doses susceptibles d’être administrées.
Comme on peut le constater, la gestion de ce stock est difficile. Conscient de la situation actuelle et des problèmes occasionnés, Sanofi a récemment décidé de « remobiliser », pour la France, 250 000 doses destinées à l’étranger. « Les grossistes s’en sont emparés. Nous estimons qu’ils ont une connaissance plus fine des zones les plus tendues », conclut Nicolas Obrist.
Santé
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