Depuis 2021, une nouvelle variante du sous-type H5N1, la sous-clade 2.3.4.4b, circule intensément à l’échelle mondiale. Issue des oiseaux migrateurs, l’épizootie s’est propagée aux volailles d’élevage. Et des contaminations ont été régulièrement détectées chez près d’une trentaine d’espèces de mammifères sauvages et domestiques, terrestres et marins. Visons en Espagne, phoques et vaches laitières aux États-Unis, ou encore otaries au Chili et au Pérou. Des cas humains ont également été détectés depuis 2021, en Angleterre, en Chine, aux États-Unis, en Équateur, au Laos, au Nigeria, en Russie, au Vietnam, principalement des sous-types H5N1 et H5N6. En 2024, 53 cas humains ont été enregistrés aux États-Unis, sans qu’aucune transmission interhumaine ne soit identifiée. Cependant, le virus H5N1 occupe désormais une excellente place dans la liste des agents qui menacent l’humanité d’une nouvelle pandémie.
Peu de mutations sont nécessaires pour que la transmission interhumaine soit possible
Pour la transmission interhumaine, les scientifiques ont depuis établi la liste des mutations nécessaires au virus H5N1 pour se propager largement parmi les humains. Et c’est court. Il lui faudrait des mutations dans sa polymérase, l’enzyme que le virus utilise pour copier son génome, qui lui permettraient de se répliquer plus facilement. Il faudrait également modifier son hémagglutinine (le H du H5N1), la protéine que le virus utilise pour se fixer aux cellules. Objectif : Stabiliser la transmission aérienne et la capacité de se lier aux cellules des voies respiratoires supérieures humaines.
Ces changements sont effectivement en cours. Selon Science, une étude portant sur des échantillons de sang provenant de personnes travaillant dans des fermes laitières infectées par le H5N1 dans le Michigan et le Colorado a révélé que de nombreuses infections humaines passent inaperçues. Mais chacun d’eux est l’occasion pour le virus de s’adapter un peu plus à l’humain. Et toujours selon une pré-publication d’un article dans Science, le virus clade 2.3.4.4b actuellement en circulation se lie mieux aux cellules épithéliales humaines des voies respiratoires que les versions précédentes du virus H5N1.
Par ailleurs, selon un autre article publié le 5 décembre dans Science, une seule mutation au niveau d’un site de l’hémagglutinine, appelé 226L, suffirait à changer la spécificité du virus du type aviaire au type humain. De nombreux scientifiques pensaient qu’au moins deux mutations étaient nécessaires. Un changement basé sur une seule mutation « signifie que la probabilité que cela se produise est plus élevée », explique Jim Paulson de Scripps Research, l’un des auteurs.
Un cas plus préoccupant que les autres au Canada
Récemment, le cas d’un adolescent canadien, qui ne travaille ni ne vit à proximité d’animaux d’élevage, a particulièrement alerté la communauté scientifique. Le garçon a consulté début novembre pour une infection oculaire, puis pour une toux et de la fièvre. Il a été hospitalisé pour une grave infection pulmonaire. “Les séquences du génome viral publiées la semaine dernière suggèrent que l’adolescent est infecté par un virus de la grippe aviaire H5N1 porteur de mutations qui pourraient améliorer sa capacité à infecter les voies respiratoires humaines”, expliquait la revue Nature le 20 novembre. À savoir : deux mutations possibles qui pourraient améliorer la capacité du virus à infecter les cellules humaines, et une autre qui pourrait lui permettre de se répliquer plus facilement dans les cellules humaines. Il aurait été infecté par un mélange de virus qui touchent actuellement les volailles ou la sauvagine de la région, un sous-type appelé D1.1. Lors du séquençage génomique, certaines réplications du virus ont été mutées pour s’adapter aux humains et d’autres non, ce qui suggère que le virus a pu muter chez l’adolescent et qu’il n’a pas été infecté. par cette forme mutée.
L’année 2024 a marqué un tournant à l’échelle mondiale dans l’épidémie de grippe aviaire qui touche désormais de nombreuses espèces de mammifères, dont des espèces domestiques associées à des infections humaines. Cependant, « le génotype bovin semble assez stable et pourrait persister pendant un certain -. C’est D1.1 qui m’inquiète », souligne Mike Osterholm, directeur du Centre de recherche et de politique sur les maladies infectieuses à l’Université du Minnesota Twin Cities, à Science.
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Source: Destination Santé
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