De nombreux médicaments distribués en France sont “beaucoup plus dangereux qu’utiles”, prévenait déjà Séverine Carré-Pétraud, la directrice de la rédaction de la revue médicale indépendante. Prescrireen 2023. Un an plus tard, l’alerte résonne avec une décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) annoncée lundi 9 décembre. La présentation d’une ordonnance en pharmacie devient obligatoire pour recevoir huit traitements contre le rhume mais largement considérée comme dangereuse, l’autorité de santé a décidé. Celui-ci considère que la possibilité d’obtenir ces médicaments sans avis médical « fait courir un trop grand risque aux patients »et elle appelle les médecins qui prescrivent ces médicaments à « évaluer soigneusement la balance bénéfice/risque pour chaque patient ».
Cela concerne les principaux médicaments utilisés contre le rhume pour décongestionner et déboucher le nez. Ce sont ces huit traitements : Actifed Rhume, Actifed Rhume jour et nuit, Dolirhume Paracétamol et Pseudoéphédrine, Dolirhumepro Paracétamol Pseudoéphédrine et Doxylamine, Humex Rhume, Nurofen Rhume, Rhinadvil Rhume, Ibuprofène/Pseudoéphédrine, Rhinadvilcaps Rhume Ibuprofène/Pseudoéphédrine.
Effets secondaires comme un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque
Pourquoi les autorités ont-elles pris cette décision ? Tous ces médicaments contiennent une molécule appelée pseudoéphédrine. C’est l’origine de “de très nombreuses contre-indications”, “précautions d’emploi et effets indésirables connus”. Le caractère bénin du rhume a également été pris en compte par l’ANSM pour rendre obligatoire la présentation d’une ordonnance en pharmacie. La position de l’agence de santé rejoint celle des principales sociétés savantes françaises (ORL, médecins généralistes, pharmaciens) qui toutes s’opposent à l’usage de ces médicaments.
En effet, les 8 traitements visés par la décision de l’ANSM – également vendus sous forme de sprays nasaux sur ordonnance – étaient disponibles sans ordonnance sous forme de comprimés. Largement considérés comme dangereux pendant des années, les principaux traitements contre le rhume étaient encore en vente libre.
Mais ils font l’objet de nombreuses critiques depuis plusieurs années, à commencer par l’ANSM elle-même, car ils peuvent provoquer des effets secondaires graves comme des accidents vasculaires cérébraux et des crises cardiaques. En 2023, l’agence sanitaire a pour la première fois explicitement déconseillé leur utilisation. Cette décision avait un - fait baisser les ventes de traitements anti-rhume. Mais ceux-ci ont rebondi depuis septembre.
Mesures de réduction des risques insuffisantes
Alors pourquoi ces médicaments n’ont-ils pas été totalement interdits plus tôt ? Les autorités sanitaires françaises ont régulièrement expliqué avoir les mains liées par la réglementation européenne qui subordonne le retrait d’une autorisation à l’avis de l’Agence européenne du médicament (EMA). Elle avait pourtant estimé en 2023 que les traitements anti-rhume concernés ne présentaient pas suffisamment de risques pour les interdire, même si elle avait imposé de nouvelles contre-indications.
Cependant, dans sa décision de lundi, l’ANSM pointe l’insuffisance des mesures de prévention mises en place. « Les mesures de réduction des risques que nous avons mises en place, comme l’interdiction de la publicité auprès du grand public, l’information régulière sur les dangers liés aux vasoconstricteurs oraux, ainsi que la mise à disposition de documents pratiques à destination des patients et des pharmaciens, n’ont pas suffisamment réduit les risques. la population exposée au risque d’effets indésirables rares mais graves.écrit l’agence de santé.
Ozmpic, Spasfon, Smecta… Médicaments déconseillés
Par ailleurs, la revue Prescrire a dressé jeudi 5 décembre une liste de médicaments dangereux. 106 médicaments, dont 88 commercialisés en France, s’avèrent plus nocifs qu’utiles, selon le magazine. Parmi eux, le médicament minceur Ozempic, peu efficace et pouvant provoquer des effets indésirables comme des troubles digestifs.
De plus, l’efficacité de Spasfon n’a pas été démontrée. Cela peut même être dangereux pour les femmes enceintes. Il en va de même pour Smecta et ses dérivés. Aussi, la revue rappelle que ces médicaments ne sont pas totalement sûrs puisqu’ils contiennent des traces naturelles de plomb.
La revue souligne ainsi la responsabilité des soignants d’exclure activement ces traitements. « Du point de vue des patients, comment justifier leur exposition à un médicament qui provoque plus d’effets indésirables que d’autres du même groupe pharmacologique, ou d’efficacité similaire ? Comment justifier d’exposer les patients à des effets indésirables graves alors que l’efficacité du médicament n’a même pas été démontrée ? »
Moins d’un an après la mise sur le marché du Mediator, en 1977, le même magazine alertait sur les dangers de ce médicament. Le scandale n’éclate de manière retentissante qu’en 2009, grâce à la pneumologue Irène Frachon. Et pour cause : alors que 5 millions de personnes ont pris du Médiator entre 1976 et 2009 en France, entre 500 et 2 000 personnes sont mortes à cause de ce produit.
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