Par
Julien Munoz
Publié le
2 novembre 2024 à 15h26
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Boris Alamowitch, chirurgien viscéral et digestif, exerce depuis cinq ans et demi à la Polyclinique du Cotentin, à Cherbourg-en-Cotentin (Manche). Il est déjà temps de s’entraîner 220 interventions de chirurgie bariatrique dans le Cotentin.
Alors que la demande de chirurgie de l’obésité continue de croître, que des médicaments dits « miracles » arrivent sur le territoire et que certains influenceurs internet poussent à faire un peu de tout et n’importe quoi, fait-il le point. « Pour être efficace dans la durée, lutter contre l’obésité doit être surveillé », dit-il.
La pratique de plus en plus fréquente de la chirurgie
Les chiffres sont inquiétants. Une récente étude de santé publique place la Normandie parmi les trois régions les plus touchées par l’obésité, derrière Nord et le Grand Est.
L’accès à la chirurgie bariatrique s’ouvre un peu plus
Je pratique ce type de chirurgie depuis la fin des années 90. Nous avons aujourd’hui un recul important et c’est, dans la durée, le recours le plus efficace. Il y a une réduction substantielle du coût de certains traitements dont le patient a bénéficié. Il faut cependant comprendre que l’opération n’est pas un miracle. Ce n’est pas facile non plus. Il faut beaucoup de courage aux patients pour faire ce choix.
En France, la chirurgie de l’obésité représente aujourd’hui environ 450 000 opérations par an, contre 59 000 en 2016.
La gastrectomie en manchon (ablation des deux tiers de l’estomac) est la plus pratiquée, bien avant le pontage gastrique. L’installation d’un anneau gastriquelargement médiatisée au début des années 2000, n’est pourtant quasiment plus utilisée. Le ballon gastrique n’est pas recommandé par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans la prise en charge de l’obésité.
Des conditions d’accès à l’opération strictes… mais assouplies
Les conditions d’accès sont très strictes, avec un parcours préopératoire d’au moins six mois, rempli de rendez-vous médicaux et diététiques. Elle concerne les adultes de plus de 18 ans présentant une obésité importante et dont l’indice de masse corporelle ou IMC (calculé en divisant le poids par la taille au carré) est supérieur à 40 (obésité massive), ainsi que les adultes ayant un IMC supérieur à 35 (obésité sévère).
Pour être éligibles, ils doivent avoir au moins un pathologie susceptibles d’être améliorés par la chirurgie (diabète de type 2, hypertension artérielle, syndrome d’apnées du sommeil, etc.).
Ces derniers mois, les dernières recommandations de la HAS ont évolué, pour la première fois depuis 15 ans.
Ils ouvrent l’accès à la chirurgie aux personnes plus de 65 ansaux patients avec IMC entre 30 et 35 qui souffrent de diabète de type 2 (en cas d’échec d’un traitement médicamenteux correctement suivi).
Il s’agit d’une avancée majeure pour la prise en charge du diabète, pathologie assez courante, constate le chirurgien. Je pense que c’est une bonne chose. Certains pays nordiques sont très en avance sur ce point.
LE herniesLE hernies invalidantes et le surcharge de graisse du foie deviennent des comorbidités prises en compte pour les personnes ayant un IMC compris entre 35 et 40.
Le danger du tourisme médical
Ces assouplissements répondent aussi à une autre réalité. Ces dernières années, les patients qui se trouvaient juste en dessous des critères d’éligibilité ont choisi de quitter avoir une opération à l’étranger.
Le tourisme médical concerne également l’obésité.
Il y a notamment la Tunisie et la Turquie, sous forme de séjours de vacances un peu cosmétiques. J’ai déjà dissuadé quelques patients de partir à l’étranger. Cela se fait sur une semaine. On se retrouve avec des gens qui se font couper le ventre avec un IMC de 30-31… C’est très risqué. Il n’y a pas de préparation, ils voient le cardiologue et l’anesthésiste le même jour. Il n’y a pas non plus de suivi postopératoire…
Accès très restreint aux médicaments
Depuis le mois dernier, des médicaments indiqués pour le traitement de l’obésité sont commercialisés en France à un prix librement fixé par le laboratoire, sans remboursement possible par l’Assurance Maladie. Médicaments d’injonction indiqués pour la première fois dans le traitement du diabète de type 2 : analogues du GLP-1. Leur rôle est de ralentir la vidange de l’estomac, pour atteindre la satiété. Et donc le taux de sucre dans le sang.
Ce n’est pas le médicament miracle contre l’obésité, comme on peut le lire ici et là, les indications sont extrêmement précises. Il doit être prescrit par les médecins endocrinologues-nutritionnistes après six mois à un an de traitement diététique, en cas d’échec de celui-ci. Ce n’est pas vraiment destiné au grand public. Ce sont des traitements qui ne sont pas anodins en termes de complications : digestives, nausées, cardiaques, biliaires, etc.
Le médecin estime que les médicaments peuvent être très utiles dans le suivi d’une intervention chirurgicale.
Après quatre à cinq ans, il peut y avoir un petite prise de poids, contrôlable.
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