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pour Fabienne, en rémission, « courir aide à combattre le cancer »

La Croix L’Hebdo : Comment vas-tu ?

Fabienne Lemaitre: Je vais bien. Mieux que lorsque j’ai découvert que j’avais un cancer du sein en juin 2023, c’est sûr. L’annonce est un choc. Pourquoi moi ? Comment cela va-t-il se passer ? Nous ne sommes pas égaux face à la maladie. Nous ne savons pas pourquoi elle nous tombe dessus. Au début, j’étais déprimé. Maintenant, je vis avec. La plupart du temps, je n’y pense pas, ou du moins j’essaie. De toute façon, il faut vivre. Et il y a tellement de cas plus graves !

Avant de savoir que j’étais malade, je me sentais fatigué. Au départ, je l’attribuais à un marathon que j’avais couru six mois plus tôt. Mais quelque chose n’allait pas. Une mammographie de contrôle a révélé une anomalie. L’oncologue m’a dit que j’avais un cancer du sein de stade trois. Ce qui veut dire que, détectée relativement tôt, la tumeur n’était pas encore très volumineuse. La radiothérapie a suffi à l’enlever. Je suis en rémission depuis un an.

Parle-t-on assez du cancer du sein, à votre avis ?

FL : On en parle davantage. Y compris sur un réseau professionnel comme LinkedIn, où ce n’est plus tabou. De nombreuses associations soutiennent également les femmes touchées par la maladie. Il y a vingt ou trente ans, il y avait très peu de soutien en dehors de l’hôpital. Le cancer faisait encore plus peur qu’aujourd’hui… Aujourd’hui, de nombreuses personnes sont en difficulté, comme le montrent les manifestations organisées à l’occasion d’« Octobre Rose » (1).

Je m’implique depuis que j’ai rejoint l’association Casiopeea en novembre 2023, qui fait un travail de profondeur autour du sport. Cette année, nous avons organisé le « Marathon rose » dans la nuit du 5 au 6 octobre à Paris. Il s’agissait d’une course à pied, sans objectif de performance. Le but était de passer un moment convivial, chacun à son rythme. J’ai découvert l’association grâce à un programme sportif adapté et j’ai trouvé ça génial ! Entre femmes ayant vécu un cancer du sein, on se comprend. Nous discutons de la maladie sans gêne. Aujourd’hui, je m’implique en tant que bénévole à Casiopeea. L’association m’a beaucoup apporté et je suis heureux de lui rendre la pareille.

Alors le sport est un remède ?

FL : Sans être un athlète, j’ai toujours fait beaucoup de sport. Cela m’aide à surmonter les défis et à me sentir bien. J’ai arrêté de fumer grâce à la course à pied. Fumant depuis longtemps, un jour je me suis dit : « Il faut que j’arrête, c’est une vraie salope. » J’ai pris des baskets et c’est comme ça que j’ai commencé à courir. En 2015, j’ai fait un burn-out. La course a été une fois de plus d’une grande aide. Chaque matin, j’allais courir dix kilomètres. Le plaisir ne vient pas tout de suite. Il y a un moment ingrat à passer. Mais quand on est fatigué, quand on a des problèmes, aller courir, même cinq minutes, permet de voir les choses différemment.

Au travail, comment ça se passe ?

FL : Lorsque mon cancer a été découvert, je venais de terminer un CDD et j’étais au chômage. J’avais trouvé un emploi mais, la radiothérapie impliquait des absences régulières, j’ai dû prévenir mon futur employeur. Il ne m’a pas embauché. A cette époque-là, mentalement, c’était compliqué. Une fois la radiothérapie terminée, une association spécialisée dans la reprise du travail m’a aidé.

J’ai postulé pour une mission d’intérim chez Suez, je leur ai parlé de mon cancer. Ils m’ont proposé un travail à temps partiel sur trois jours, ce qui m’a réconforté. J’ai pu reprendre progressivement le travail et retrouver suffisamment de confiance pour parler professionnellement de ma maladie. Maintenant, je suis transparent ; quand on me demande pourquoi j’ai un trou dans mon CV.

Justement, à qui fais-tu confiance ?

FL : La confiance va et vient… Face au cancer, certains proches ne m’ont pas soutenu comme je l’aurais souhaité. Ils ont eu peur. A l’inverse, j’ai reçu un soutien inattendu. La première chose, je pense, c’est d’avoir confiance en soi. Même si je dois vivre avec la peur de la récidive, de la victoire du cancer… J’essaie de faire face au jour le jour. Et mes enfants me boostent ! Je pense à eux, à leur vie. Ils m’aident à me dépasser. Je veux leur donner l’image d’une mère combattante.

(1) Campagne annuelle organisée par l’association Ruban rose, qui a pour objectif d’informer, de développer le diagnostic précoce du cancer du sein et de récolter des fonds. Pour en savoir plus : cancerdusein.org

 
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