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“Vive les microbes !”, un documentaire captivant qui démontre que trop d’hygiène tue l’hygiène

Pourquoi les enfants des champs sont-ils plus résilients que ceux des villes ? Parce qu’ils se roulent dans le foin et les germes.

Pour la réalisatrice Marie-Monique Robin, « une chose est sûre, nous souffrons d’un « déficit de nature » ». Valentin Plessy

Par Marc Belpois

Publié le 7 octobre 2024 à 6h30

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QQui connaît le pouvoir protecteur des vaches ? Pourtant, c’est un fait qu’il est urgent de faire connaître aux jeunes parents : dans les premières années de leur vie, les enfants ont tout intérêt à aller aux écuries, à se rouler dans le foin, à jouer avec les chats, les chiens, les poules et à boire un grand verre de lait cru. Pas seulement parce que c’est drôle, “mais parce que leur corps en a besoin”, assure Marie-Monique Robin. Après L’usine à pandémie il y a deux ans, le réalisateur de documentaires — certains auront marqué leur époque : Le Monde selon Monsanto, Notre poison quotidien signe une enquête aussi passionnante qu’approfondie sur les interactions entre les communautés microbiennes de chacun de nous et de celles qui nous entourent. « Les conclusions des études sont claires : du fait de leur exposition à toutes sortes de bactéries et de champignons invisibles à l’œil nu, les enfants qui vivent dans les fermes bénéficient d’un système immunitaire nettement plus efficace que celui des enfants des fermes. villes », assure-t-elle.

Or, depuis les années 1960, la prévalence des allergies, de l’asthme ou encore de l’eczéma double tous les dix ans dans les pays industrialisés – selon l’OMS, la moitié de la population mondiale pourrait être touchée d’ici 2050. « Face à cette explosion de cas, les chercheurs se sont longtemps grattés la tête, explique Marie-Monique Robin. Ils ne comprenaient pas pourquoi, par exemple, de jeunes Finlandais nourris au biberon aux bienfaits de la modernité souffraient de maladies inflammatoires qui, à quelques kilomètres de là, de l’autre côté du rideau de fer, épargnaient presque totalement leurs homologues russes. » Leur mode de vie rural, d’un point de vue strictement sanitaire – l’eau qui sort des robinets de l’école regorgeant de bactéries – ne laissait-il pas à désirer ?

Cette énigme scientifique, comme tant d’autres exposées dans Vive les microbes ! — et dans un livre plus complet 1 —, trouve sa résolution dans cette règle qui peine encore parfois à pénétrer dans les esprits : trop d’hygiène tue l’hygiène. Bien sûr, nous devons nous protéger de certains éléments pathogènes, mais la quasi-totalité du monde invisible qui pullule en nous et autour de nous est notre allié et non notre ennemi. Elle stimule notre défense immunitaire et renforce notre santé. « Une révolution scientifique est en marche, se réjouit le réalisateur. Mais une chose est sûre : nous souffrons d’un « déficit de nature ». En nous coupant du milieu dans lequel notre espèce a évolué, nous privons nos organismes des interactions qui leur sont nécessaires. »

 
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