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A Béthune, un bus pour sensibiliser les femmes à la détresse cardiaque

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À droite, Pascale Ngah Noa a bénéficié d’examens médicaux proposés par le Bus du Coeur des Femmes, à Béthune (Pas-de-Calais), le 19 septembre 2024. AIMEE THIRION FOR “M LE MAGAZINE DU MONDE”

Pascale Ngah Noa termine son cours de dépistage cardiovasculaire et les larmes coulent. Ce Camerounais de 44 ans n’en revient pas. « J’ai été reçu par des gens tellement à l’écoute, je me suis senti respecté ! » Elle fait partie des treize mille cinq cents femmes à avoir bénéficié de cette visite médicale, grâce au Bus du Coeur des Femmes qui sillonne la depuis 2021.

Ce jeudi de septembre, quarante-huitième étape, il a fait escale place de la République, à Béthune, dans le Pas-de-Calais. Ambiance petite fête de village, stands habillés de rose vif, chaises pour s’asseoir ; il y a de la douceur dans l’air malgré la foule qui se précipite pour consulter. Pendant trois jours, trois cents femmes suivront dix étapes de dépistage, qui comprennent un électrocardiogramme et, si nécessaire, une échographie Doppler.

Grâce à son bus, la fondation Agir pour le cœur des femmes entend à la fois dépister et sensibiliser. « Quatre-vingt-dix pour cent des femmes dépistées dans notre bus présentent deux facteurs de vulnérabilité, à savoir l’hypertension, les risques liés au tabac, le surpoids ou le diabète. » s’inquiète Claire Mounier-Vehier, professeur de cardiologie au CHU de Lille et co-fondatrice de la fondation.

Un militant de la prévention

Elle déplore le fait que« Il n’y a jamais eu de plan national consacré au cœur, même s’il y en a eu un pour l’obésité, le cancer et même la maladie de Lyme. » Surtout, elle constate que les femmes connaissent mal les signes avant-coureurs d’une crise cardiaque, spécifiquement féminins, différents et moins perceptibles que ceux des hommes. «Quand une femme s’effondre dans la rue, on pense immédiatement à un malaise vagal. Mais, quand c’est un homme, on a tout de suite le réflexe de lui faire un massage cardiaque. observe le cardiologue, infatigable militant de la prévention.

Les projections organisées par le bus ont permis de récolter près de deux cents données relatives à la santé et au mode de vie des femmes. Analysées par l’Observatoire national de la santé des femmes du CHU de Lille, elles aboutissent à des statistiques édifiantes : « Quatre-vingt-un pour cent des femmes se soucient davantage de la santé de leurs proches que de la leur. Et moins d’un tiers d’entre eux écoutent les signaux de leur corps. » s’alarme Thierry Drilhon, co-fondateur de l’association.

Ce n’est pas Nathalie Pruvost qui dira le contraire. A 60 ans, elle travaille avec son mari chauffagiste et a rarement le temps de s’occuper d’elle. Elle a profité de l’arrivée du bus : «Je n’avais jamais vu de cardiologue. Je suis conscient des risques, mais il y a toujours autre chose à faire… »

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