Anna Roy, sage-femme et chroniqueuse à La Maison des Maternelles sur France 5 vient de sortir son livre, « Énorme » (éditions Larousse, 19,99 euros) où elle parle de son addiction aux sucres et de son parcours de sevrage pour s’en sortir.
Une histoire qui résonne chez beaucoup de gens, qui disent aussi qu’ils ne peuvent pas se passer du sucre, « étant accros » comme l’était l’auteur. Un nouveau phénomène similaire au « Dry January » (mois sans alcool) fait de plus en plus d’adeptes : le mois sans sucre.
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Cependant, la dépendance alimentaire reste un sujet controversé au sein de la communauté scientifique. L’addiction, rappelle l’Inserm, est une pathologie qui repose sur la consommation répétée d’un produit (tabac, alcool, drogues…) ou sur la pratique anormalement excessive d’un comportement (jeux, temps passé sur les réseaux sociaux…) qui conduit à : une perte de contrôle sur le niveau de consommation ou de pratique.
Une étude réalisée à Bordeaux en 2017, et une autre aux Etats-Unis, tendaient à démontrer que 90 % des rats préféraient le sucre à la cocaïne, avec une conclusion commune : «La consommation de sucre produit des effets similaires à ceux des stupéfiants, modifiant l’humeur et conduisant à une recherche de sucre.
La célèbre étude sur les rats largement critiquée
Certains chercheurs affirment que la dépendance au sucre est une véritable dépendance. Cependant, certaines de ces interprétations ont été largement critiquées ; peu de scientifiques sont prêts à se qualifier “poudre blanche” douce drogue addictive.
-« S’il y avait une véritable dépendance au sucre, les gens mangeraient directement des carrés de sucre blanc ou des shots de sirop de glucose. De quoi recevoir leur dose très rapidement”ironise un internaute en réaction au témoignage d’Anne Roy. Un ton sarcastique, certes, mais relativement conforme à la vision de nombreux professionnels de santé, qui réagissent également à la publication des travaux. Parmi lesquels la diététiste nutritionniste, Anne-Laure Laratte.
“Le sucre n’est pas une drogue”
« Arrêter sa consommation aura des effets physiques, reconnaît la diététicienne, mais le sucre n’est pas une drogue. Lorsque l’on consomme beaucoup de produits sucrés, cela peut provoquer par exemple une hypoglycémie réactive qui va augmenter les fringales sans nourriture à long terme, ce qui va conduire à grignoter un peu plus. C’est vraiment un cercle vicieux.
« La dépendance au sucre est plus psychologique, elle détaille. Le sucre n’est pas du crack, dire que vous êtes accro est une erreur. De plus, l’étude sur les rats était très controversée, car les rongeurs avaient été affamés pendant les tests. Et pour continuer : « Le sucre ne provoque pas de sentiment de sevrage, les personnes qui disent ne pas pouvoir contrôler leur consommation ont souvent des fringales, satisfaites par des produits sucrés. C’est une alimentation émotionnelle.
Avantages de réduire la consommation de sucre
Il est cependant bénéfique d’en réduire les apports : « Nous dormirons mieux, nous sentirons et serons en meilleure santé, bien sûr, convient le professionnel de santé. Les personnes qui pensent être accros au sucre peuvent travailler sur leur rapport à l’alimentation, sur leur consommation, parfois désordonnée. Il faut mettre en place de nouvelles habitudes, manger différemment afin de trouver un meilleur ratio alimentaire.»