3 facteurs essentiels à connaître

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3 facteurs essentiels à connaître

Nature est l’une des revues scientifiques les plus influentes au monde. C’est pourquoi, lorsqu’il a été proposé au chercheur du Conicet, Gabriel Vinderola, de faire partie du cinq membres du jury experts de la 7e édition du concours mondial organisé par cette publication, il n’a pas hésité à accepter.

Son parcours démontre son expertise dans l’étude du microbiote, un domaine qu’il explore depuis plusieurs décennies. Cette sphère complexe, peuplée de micro-organismes, habite principalement nos intestins mais se retrouve également dans d’autres systèmes, comme la peau.

Il s’agit d’un secteur en pleine croissance. « Chaque année, environ 10 000 travaux de recherche sont publiés. Ce que nous savons du microbiote n’est qu’une infime partie, mais cela suffit pour sensibiliser, établir des comportements et analyser ce que nous mangeons, comment nous naissons et comment nous prenons des antibiotiques“, a accusé Vinderola Claironchercheur à l’Institut de Lactologie Industrielle (INLAIN, CONICET-ULN) et enseignant à l’Université Nationale du Litoral.

L’appel à projets de Pour Nature intitulé « Subventions mondiales pour la santé intestinale »150 projets de recherche sur les champignons, levures, virus et autres formes moins connues comme les archées ont été déposés. L’étude des bactéries a été exclue de cette édition, « parce que nous disposons déjà de suffisamment d’informations, nous voulions découvrir d’autres royaumes et leurs interactions pour déterminer notre santé », a expliqué le chercheur argentin.

Deux moments clés

— Quelles certitudes avons-nous sur le microbiote ?

— Ce que nous savons est considérable et communicable avec certitude. Nous savons que le microbiote influence notre santé et qu’il forme notre système immunitaire. De plus, il y a des comportements à adopter et des erreurs à éviter. En effet, nous pouvons compter d’une part les pratiques essentielles au bon fonctionnement de notre microbiote et de notre système immunitaire.

Je divise toujours ces pratiques en deux moments principaux : le premier concerne la naissance et les deux premières années de vie. C’est à ce stade que se distribuent les « cartes » du microbiote.

— Qu’est-ce qui détermine si de bonnes ou de mauvaises « cartes » sont reçues lors de ce partage ?

— Les principaux facteurs comprennent le type d’accouchement, l’allaitement et l’utilisation d’antibiotiques. Dans certaines régions, 70 % des enfants naissent par césarienne, moins de 50 % reçoivent du lait maternel et plus de 40 % prennent des antibiotiques au cours de la première année de vie ; ces trois éléments sont nocifs pour le microbiote.

— Que signifie « nuisible » et quelle en est la conséquence ?

— Cela nous aide à comprendre l’augmentation des allergies, des maladies inflammatoires, du diabète infantile et même de l’autisme. Notre génétique n’a pas changé en tant qu’êtres humains, ce qui a évolué, c’est notre génétique microbienne : les micro-organismes que nous devrions avoir manquent, principalement à cause de cette combinaison de facteurs : accouchements par césarienne, mauvais allaitement et utilisation excessive d’antibiotiques.

— L’un de ces facteurs a-t-il plus d’impact ?

— L’allaitement corrige significativement la dysbiose (c’est-à-dire l’altération du microbiote) causée par la césarienne et les antibiotiques. Si un enfant doit recevoir des antibiotiques, nous n’avons pas d’autre choix. Cependant, le pouvoir de l’allaitement pour rétablir l’équilibre est immense. C’est pourquoi il est essentiel de sensibiliser et de créer des espaces pour la promouvoir.

L’allaitement ne doit pas être considéré comme la seule responsabilité de la mère ; c’est aussi un problème social. La famille, l’environnement et le système doivent permettre à la mère de rester proche de son bébé. Il faut changer cette vision sociale qui pousse les femmes à allaiter en secret. Le processus d’allaitement nécessite d’immenses efforts et doit être complètement normalisé ; aucune mère ne devrait en avoir honte. En tant que société, nous avons encore un long chemin à parcourir.

— Vous avez évoqué deux grands moments : celui-ci, celui qui vient avec notre héritage et la possibilité de le corriger grâce à l’allaitement. Et la seconde ?

— Le deuxième moment est celui où l’on introduit l’alimentation complémentaire, c’est-à-dire dès l’âge de six mois, où l’on commence à proposer d’autres aliments. C’est à ce stade que se forment les habitudes alimentaires, offrant une belle opportunité de privilégier les aliments frais, riches en fruits et légumes, et aux couleurs variées.

Et plus tard, en grandissant, nous avons la responsabilité de choisir ce que nous mangeons. Nous mangeons trois à quatre fois par jour, ce qui détermine notre microbiote et donc notre santé.

Comment entretenir un bon microbiote

— Quels aliments favorisent un bon microbiote ?

— Une base saine doit être composée de fruits, de légumes et de produits de saison, de grains entiers et de légumineuses. De plus, il est essentiel de consommer des aliments fermentés car ils contiennent des bactéries vivantes, comme le yaourt aux probiotiques. Une alimentation équilibrée permet de prévenir la majorité des maladies chroniques via le microbiote.

— Quels aliments faut-il éviter ?

— Il vaudrait mieux limiter les aliments ultra-transformés, qui posent problème non seulement à cause des excès de sucre, de sel, de gras trans, de colorants et d’additifs, mais aussi parce qu’ils manquent de fibres, essentielles à notre microbiote. Le vrai problème des aliments ultra-transformés est leur manque de fibres.

Les anciens chasseurs-cueilleurs consommaient environ 150 grammes de fibres par jour, passant leur temps à récolter et à consommer des aliments riches en fibres et pauvres en énergie. Actuellement, nous avons un grand vide à combler.

Le rôle du microbiote dans la santé est un domaine d’étude en pleine croissance. Photo Shutterstock.

— La consommation de fibres recommandée se situe entre 25 et 40 grammes par jour, alors que la moyenne de la population ne dépasse pas 8 à 10 grammes. Nous sommes bien en dessous. 90 % des gens consomment moins de la moitié des fibres nécessaires. Nous avons une dette alimentaire, une dette envers notre microbiote, que nous pouvons rembourser avec les aliments que nous négligeons.

— Au-delà de cette dette alimentaire, quels autres facteurs nuisent à notre microbiote ?

— Un autre problème majeur est l’automédication : on prend des antibiotiques et des antiacides pour n’importe quelle raison, alors que cela ne devrait se faire que sur prescription médicale. Nous faisons moins d’exercice que recommandé et nous ne nous reposons pas suffisamment. C’est notre mode de vie dans son ensemble qui doit être révisé.

— Nous savons que l’un des effets secondaires des antibiotiques est l’élimination des bactéries bénéfiques dans les intestins. Quel est le risque d’une mauvaise utilisation des antiacides ?

— Notre système digestif a un gradient d’acidité : il est très acide au niveau de l’estomac et devient plus neutre vers le côlon. Si je modifie ce gradient en prenant un antiacide, cela impacte aussi l’acidité des zones en aval. Cela provoque une sorte de déplacement : les bactéries qui se développaient auparavant dans le côlon se déplacent vers l’intestin grêle. C’est l’une des causes de ce que nous appelons aujourd’hui SIBO (Small Intestine Bacterial Overgrowth). L’abus et la consommation chronique d’antiacides en sont une des origines.

— Existe-t-il des moyens de connaître la santé de notre microbiote ?

— Les examens du microbiote sont très utiles dans le cadre d’un essai clinique, mais pas au niveau individuel. Il existe une énorme prolifération de tests sur le microbiote, mais leur validité clinique est faible, il n’existe pas de consensus international, car le microbiote varie fortement d’une personne à l’autre. Nous ne sommes pas encore parvenus à définir ce qui constitue un microbiote normal. En analysant 100 personnes en bonne santé, j’obtiendrai un profil précis. En examinant 100 autres personnes en bonne santé, j’obtiendrai un profil différent. Et même si je réanalyse les mêmes individus dans un mois, le profil va changer.

Si je fais une prise de sang et que votre taux de cholestérol est de 500, je peux conclure que vous avez un problème de cholestérol. Si la vitamine D est inférieure à un certain seuil, je peux également diagnostiquer une carence. Mais pour le microbiote, il n’existe pas encore de paramètres établis, et il sera difficile de les établir dans le futur.

Actuellement, il n’est pas possible de définir, à partir d’un échantillon de selles, quel profil constitue un microbiote sain. Ce qui prévaut, c’est l’observation clinique. Comment savoir si mon microbiote est sain ? Si je n’ai pas de symptômes gastro-intestinaux ni de problèmes cutanés, car certaines pathologies dermatologiques peuvent être liées à une dysbiose. Avant d’analyser mon microbiote, je dois examiner mon mode de vie, qui peut me donner une indication sur l’état de mon microbiote.

 
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