Quatre millions de personnes ingèrent de l’eau à forte teneur en arsenic, selon une analyse ITBA !

L’ITBA a déjà analysé plus de 1000 échantillons provenant de tout le pays.

Cindy Fernández Argentin météorisé 01/05/2025 14h00 8 minutes

L’Institut Technologique de Buenos Aires (ITBA) a récemment présenté la mise à jour de sa carte de l’arsenic, un outil essentiel pour surveiller et visualiser la présence d’arsenic dans l’eau à travers le pays. Ce projet, dirigé par les docteurs Jorge Stripeikis et Jhon Alejandro Ávila, rassemble les données de centaines d’échantillons d’eau et fournit une vue détaillée et accessible de la qualité de l’eau.

L’arsenic, bien que naturellement présent dans la croûte terrestre, est devenu une préoccupation latente en Argentine en raison de sa présence dans l’eau consommée par des millions de personnes. Cet élément toxique peut pénétrer dans l’eau par des processus naturels tels que la dissolution des roches et des minéraux, ou par des activités humaines telles que l’exploitation minière, l’agriculture et l’industrie.

« La contamination par l’arsenic est principalement d’origine naturelle et résulte de phénomènes survenus il y a des millions d’années, lors de la formation de ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de cordillère des Andes. Dans notre pays, les zones géographiques les plus touchées par ce phénomène comprennent 70 % de la province de Buenos Aires, en particulier le corridor de la route 5, avec des localités comme 9 de Julio, Bragado, Casares et Trenque Lauquen, ainsi que les zones environnantes de Mar. de la Plata. On les trouve également dans tout le sud de Cordoue et de Santa Fe, ainsi qu’à La Pampa et Mendoza. Au nord, cela concerne particulièrement Tucumán, Santiago del Estero, Salta, le Chaco et Formosa », explique Stripeikis.

La consommation prolongée d’eau contenant des niveaux élevés d’arsenic peut entraîner de graves problèmes de santé. Parmi les plus alarmants figurent les cancers de la peau, de la vessie et du poumon, les maladies cardiovasculaires et les lésions d’organes comme les reins. Ce problème a même un nom : l’hydroarsenicisme endémique régional chronique (HACRE).

La carte de l’arsenic : un outil indispensable

L’Argentine est confrontée à un défi géographique majeur, avec des zones particulièrement touchées telles que le sud de Córdoba et Santa Fe, une grande partie de la province de Buenos Aires, La Pampa, Mendoza et plusieurs provinces du nord. D’après les données cartographiques, plus de quatre millions d’habitants pourraient être exposés à des niveaux d’arsenic dépassant les limites recommandées par l’Organisation mondiale de la santé.

La géologie du territoire joue un rôle clé : les zones aux sols riches en arsenic ou qui ont connu une activité humaine intensive, comme l’utilisation de pesticides ou des pratiques industrielles, présentent des niveaux plus élevés de ce polluant.

Depuis sa création, la carte est une ressource indispensable pour les chercheurs et le grand public. Avec une interface améliorée, grâce au travail de l’étudiante Lucía Digón, l’outil est désormais disponible en ligne pour faciliter l’accès à ces informations vitales. L’une des particularités du projet est la participation active des citoyens, qui apportent des échantillons de leur eau potable afin que les scientifiques puissent effectuer les analyses nécessaires.

Carte présentée par ITBA
Carte présentée par ITBA

La création de la carte collaborative a débuté en 2011, avec le soutien de l’ONG Nutrired. L’équipe a reçu des échantillons d’eau soumis par les citoyens, analysé les niveaux d’arsenic et fourni des commentaires personnalisés, tout en intégrant de plus en plus de données dans la carte nationale. Le projet compte désormais près de 1 000 échantillons.

Cependant, l’initiative a été interrompue d’abord par la pandémie, puis par le déménagement du laboratoire. Aujourd’hui, l’équipe relance la carte et renouvelle l’appel du public à collaborer en envoyant de nouveaux échantillons. N’importe qui peut contribuer en envoyant des échantillons d’eau au Laboratoire d’Ingénierie Química y Medio Ambiente (LIQMA), situé à Iguazú 341, Buenos Aires.

Le Dr Stripeikis souligne : « Avec ce type de projet, nous visons à fournir des données précieuses pour aider à prendre des décisions proactives sur l’un des principaux problèmes auxquels la communauté est confrontée : accès à l’eau potable.

Nouvelle carte des risques

La carte utilise une échelle de couleurs pour représenter différents niveaux de concentration d’arsenic dans l’eau. Les zones marquées en vert correspondent aux échantillons qui ne dépassent pas la limite recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui fixe un maximum de 10 microgrammes d’arsenic par litre d’eau, ce qui équivaut à dix parties par milliard (PPB). Les zones en jaune indiquent des concentrations comprises entre 10 et 50 PPB, tandis que les régions en rouge dépassent 50 PPB.

Cette carte publiée sur https://mapa-de-arsenico.web.app/ permet non seulement d’identifier les zones les plus touchées, mais aussi de prendre des décisions éclairées et d’élaborer des stratégies visant à atténuer l’impact de l’arsenic sur la santé publique.

Parmi les zones identifiées en rouge figurent des municipalités de provinces telles que Salta, Santiago del Estero, Córdoba, Santa Fe et Buenos Aires, ainsi que des localités telles que Junín, Lobos, Francisco Álvarez, Balcarce et Suipacha. En revanche, certaines provinces, comme Formosa, Mendoza, La Pampa et Santa Cruz, présentent des zones de concentration propices à la consommation humaine. Les résultats complets peuvent être consultés sur le site Web de la carte, qui est actuellement mis à jour avec de nouveaux échantillons.

L’objectif principal de la surveillance est de sensibiliser le public aux risques liés à la consommation d’eau contaminée et de promouvoir des stratégies de prévention. Il vise également à fournir des informations essentielles aux autorités nationales, provinciales et municipales afin qu’elles puissent mettre en œuvre des mesures de purification de l’eau dans les zones touchées.

Références des articles :

https://www.itba.edu.ar/blog/itba-relanza-mapa-arsenico-y-llama-a-comunidad-a-contribuir/

https://mapa-de-arsenico.web.app/

 
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