Depuis des générations, le froid est imputé à tous les maux : rhumes, nez qui coule, toux, maux de gorge, voire fièvres légères. On entend souvent : « Tu as attrapé froid ! » Or, dans la majorité des cas, ces maladies hivernales sont dues à des virus respiratoires et non directement au froid. Près de 50 % des rhumes sont causés par des rhinovirus, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Alors pourquoi cette croyance persiste-t-elle ? D’une part, l’hiver est en réalité la saison où les infections respiratoires explosent. En France, on observe chaque année une surmortalité hivernale liée à des complications de grippe ou de maladies respiratoires, selon Santé publique France. Mais le froid, bien qu’il joue un rôle indirect, n’en est pas directement responsable.
Rhume et maladies : qu’en disent les scientifiques ?
Les virus prolifèrent mieux en hiver
Bien que le froid ne soit pas directement responsable des rhumes, il joue un rôle indirect dans la création d’un environnement propice à la survie et à la propagation des virus. En effet, les rhinovirus, principaux responsables du rhume, se développent particulièrement bien dans les muqueuses nasales refroidies. Respirer de l’air très froid réduit la température de notre nez et réduit ainsi l’efficacité des défenses locales.
L’air sec, courant en hiver et aggravé par le chauffage, assèche les muqueuses de notre nez et de notre gorge. Or, ces muqueuses constituent nos premières barrières contre les microbes. Lorsque l’humidité descend en dessous de 40 %, le risque de transmission de virus respiratoires double dans les espaces clos.
Alors, le froid affaiblit-il notre système immunitaire ? Oui, mais de manière limitée. Une exposition prolongée à un froid intense peut ralentir l’activité des cellules immunitaires des muqueuses nasales. Le corps est alors légèrement plus vulnérable. Cependant, d’autres facteurs jouent un rôle clé : fatigue, stress, alimentation déséquilibrée… Le froid agit donc comme un facilitateur, mais il n’est pas le principal coupable.
Le mythe de la « vague de froid »
Quand on parle de « coup de froid », on parle en réalité des symptômes d’une infection virale : nez bouché, toux, fatigue, voire légère fièvre. Ces symptômes sont déclenchés par des virus et non par la température extérieure. Alors sortir sans foulard ou oublier ses gants ne suffira pas à vous rendre malade… à moins qu’un virus opportuniste n’en profite pour s’installer.
Les enfants, dont le système immunitaire est encore en développement, sont plus touchés : ils attrapent jusqu’à 8 rhumes par an, contre 2 à 4 pour les adultes, selon l’Institut Pasteur. Mais l’essentiel reste le même : ce sont les microbes, et non le froid, qui sont responsables de ces infections.
Comment se protéger efficacement en hiver ?
Contre le froid : adoptez les bons réflexes
Même si le froid n’est pas directement à l’origine du rhume, il est tout de même important de bien s’en protéger pour éviter une fatigue excessive ou une hypothermie, qui affaibliraient vos défenses naturelles.
- Multipliez les couches : superposez plusieurs vêtements pour conserver une bonne isolation.
- Protégez vos extrémités : les mains, les pieds et la tête sont les zones où la chaleur corporelle s’échappe le plus rapidement.
- Évitez les courants d’air, surtout dans les espaces mal isolés ou surchauffés.
Renforcez vos défenses naturelles
L’hiver, c’est aussi le moment de renforcer son système immunitaire et d’adopter des mesures préventives pour réduire la propagation des virus. Quelques habitudes simples suffisent :
- Adoptez une alimentation riche en nutriments : privilégiez les aliments riches en vitamines C (kiwi, agrumes) et D (poissons gras, œufs). Le zinc, présent dans les fruits de mer ou les graines de citrouille, est également un allié précieux.
- Aérez régulièrement votre logement : 10 minutes par jour suffisent pour renouveler l’air et limiter la concentration de virus.
- Lavez-vous fréquemment les mains : un geste simple qui peut réduire de 30 % le risque d’infections respiratoires, selon l’OMS.
- Pensez à la vaccination : notamment contre la grippe, un moyen efficace pour protéger les personnes vulnérables.
Enfin, il est important de noter que l’hiver change nos habitudes : nous passons plus de temps dans des espaces clos, souvent mal aérés, où les microbes circulent facilement. C’est aussi l’une des principales raisons des pics épidémiques observés entre novembre et mars.
Alors, la meilleure façon de se protéger est d’allier une bonne hygiène, une alimentation équilibrée et une protection adaptée contre le froid. Alors cet hiver, n’hésitez pas à bien vous couvrir… mais ne vous inquiétez pas trop si vous oubliez votre écharpe : ce n’est pas ce qui vous sauvera des microbes de l’hiver !
À SAVOIR
Selon Santé Publique France, en moyenne, chaque épidémie de grippe entraîne plus d’un million de consultations en médecine de ville. Les épidémies de grippe sont responsables de plus de 20 000 hospitalisations en moyenne par saison. En France métropolitaine, la grippe est associée à environ 9 000 décès par épidémie, concentrés sur une durée moyenne de dix semaines.