« Il faut constamment lutter contre les préjugés »

Depuis la rentrée 2024, Christophe Glasser est le nouveau directeur de Fight Aids Monaco. Pour Monaco Hebdoil parle de ses premiers mois à la tête de cette association qui lutte contre le VIH.

En septembre 2024, vous prenez la direction de Fight Aids Monaco, après avoir été recruté pour une année de transition aux côtés d’Hervé Aeschbach : alors que ce dernier a dirigé l’association pendant ses vingt premières années, comment cela s’est-il passé ? période de passation de pouvoir ?

Lorsque j’ai rejoint Fight Aids Monaco, il était crucial d’assurer une transition en douceur. Hervé Aeschbach a été une figure incontournable de l’association pendant deux décennies, et son mode d’accompagnement a permis à de nombreuses personnes de s’épanouir au sein de la structure. Nous avons opté pour une année en binôme, afin que je puisse connaître les équipes, les partenaires et les activités, tout en préservant la continuité du travail mené jusque-là. Cette démarche a été demandée par la Princesse Stéphanie, qui souhaitait éviter un changement brutal, tant pour les affiliés que pour ceux que nous soutenons. L’objectif était donc d’assurer une transition progressive, afin que les personnes qui bénéficient de notre accompagnement ne ressentent pas une rupture, mais plutôt une continuité et un accompagnement constant. Cela a permis à chacun de s’adapter à la nouvelle orientation, tout en consolidant les bases solides de Fight Aids Monaco.

Durant cette année de transition, vous avez rencontré toutes les parties prenantes et découvert le réseau de l’association : quelles sont les activités gérées par Fight Aids Monaco ?

L’association s’appuie sur trois piliers principaux : le soutien aux personnes vivant avec le VIH à Monaco, le projet Maison de Vie à Carpentras et nos missions internationales. Ces différents aspects de notre travail nécessitent une organisation et une coordination minutieuse de nos actions. En complément, nous menons une forte activité de prévention et de sensibilisation. Nous menons des campagnes, telles que « Test in the City », qui proposent des tests gratuits au public, ainsi que des interventions dans les lycées pour sensibiliser les jeunes aux risques du VIH et à la manière de se protéger.

© Photo Frédéric Nébinger

« L’association repose sur trois piliers principaux : le soutien aux personnes vivant avec le VIH à Monaco, le projet Maison de Vie à Carpentras et nos missions internationales »

Comment est financé Fight Aids Monaco ?

Une des particularités de Fight Aids Monaco est que l’association fonctionne principalement grâce à des dons. Ces fonds nous permettent de financer nos projets et de couvrir les frais liés à nos actions, notamment la gestion de la Maison de Vie. Ce lieu est essentiel car il offre un accompagnement quotidien aux personnes vivant avec le VIH, sans aucune aide publique. Cette capacité à collecter des dons est donc vitale pour assurer la pérennité de nos missions et continuer à soutenir les personnes les plus vulnérables.

© Photo Frédéric Nébinger

Fight Aids Monaco vient de fêter ses 20 ansème anniversaire : quelles sont vos ambitions pour l’avenir de l’association ?

Les années à venir seront pour nous une période de consolidation et de développement. Nous souhaitons poursuivre la méthode d’accompagnement mise en place depuis la création de l’association, en plaçant toujours la personne au centre de nos actions. C’est un modèle qui a fait ses preuves et qui reste pour nous incontournable. En parallèle, nous souhaitons intensifier nos efforts de sensibilisation du grand public et lever davantage de fonds, afin de garantir la pérennité de nos projets. Nous souhaitons également que Fight Aids Monaco devienne, si possible, une structure « ressource » pour les autres associations œuvrant dans le domaine de la santé et de la lutte contre le VIH. Il s’agit d’un objectif à plus long terme, mais nous souhaitons partager notre expertise et notre expérience avec d’autres acteurs agissant sur des problématiques similaires. Le plus important reste cependant de maintenir et de développer l’œuvre fondée par la princesse Stéphanie, pour continuer à répondre aux besoins des personnes vivant avec le VIH.

Personnellement, vous êtes également élu municipal à Roquebrune-Cap-Martin : comment parvenez-vous à concilier votre emploi du -, entre vos responsabilités à Fight Aids Monaco et vos fonctions publiques ?

C’est toujours un défi, comme c’est le cas pour beaucoup d’entre nous. Mais j’ai la chance d’avoir une délégation qui me permet de travailler au développement économique de la commune, sans avoir à gérer directement une équipe. Cela me permet de jongler entre mes deux rôles et de m’investir pleinement dans mes missions. Cependant, il est vrai qu’au fil des années, la gestion du - devient de plus en plus complexe. Je suis proche de la fin de mon mandat et, évidemment, je ne prétendrai pas le renouveler en 2026, lors des prochaines élections municipales. Il est important pour moi de me concentrer sur des projets qui ont du sens, et ma fin de mandat à Roquebrune sera sans aucun doute un tournant dans ma carrière.

« Nous avons opté pour une année en binôme, afin que je puisse connaître les équipes, les partenaires et les activités, tout en préservant la continuité du travail mené jusque-là. Cette démarche a été demandée par la Princesse Stéphanie, qui souhaitait éviter un changement brutal, tant pour les affiliés que pour ceux que nous accompagnons. »

Sur la question du VIH, une idée qui revient fréquemment est qu’on ne meurt plus du VIH grâce aux avancées scientifiques ?

Cette idée selon laquelle on ne meurt plus du VIH est trop simpliste et il faut la nuancer. Bien entendu, des progrès remarquables ont été réalisés dans le traitement du VIH, que ce soit avec les antirétroviraux, le traitement post-exposition ou encore la PrEP. Grâce à ces traitements, une personne vivant avec le VIH, sous traitement et en bonne santé, peut espérer avoir une espérance de vie comparable à celle d’une personne séronégative. Mais cela ne veut pas dire que le VIH est une maladie du passé. Le virus continue de circuler et de nombreuses personnes ne se font toujours pas tester. Il est également crucial de continuer à sensibiliser les jeunes générations aux risques du VIH, car le vaccin n’existe pas encore et les rapports sexuels non protégés restent un facteur de transmission.

Lutte contre le Sida Monaco
© Photo Frédéric Nébinger

Qu’est-ce qu’on oublie encore trop souvent ?

Un autre aspect souvent négligé est la stigmatisation qui entoure encore le VIH. Aujourd’hui, ce n’est plus une maladie réservée aux homosexuels ou aux toxicomanes, comme c’était le cas dans les années 1980. Et si le VIH touche désormais toutes les populations, et que plus de 50 % des nouveaux cas concernent des femmes, c’est cette vieille image qui demeure. Cependant, ce virus ne fait aucune distinction. C’est pourquoi l’un de nos combats les plus importants pour les années à venir sera de lutter contre la stigmatisation et de faire en sorte que les gens comprennent que le VIH peut toucher n’importe qui, quel que soit son statut. leur âge, leur sexe ou leur origine.

« Fight Aids Monaco fonctionne principalement grâce aux dons. Ces fonds nous permettent de financer nos projets et de couvrir les frais liés à nos actions, notamment la gestion de la Maison de Vie. Ce lieu est essentiel car il offre un accompagnement quotidien aux personnes vivant avec le VIH, sans aucune aide publique »

Vous parlez de cette lutte contre la stigmatisation : en tant que directrice de Fight Aids Monaco, comment comptez-vous poursuivre cette lutte ?

L’un des principaux défis consiste à faire passer le message selon lequel le VIH peut toucher tout le monde. Il faut également continuer de sensibiliser aux réalités actuelles du VIH, notamment en ce qui concerne les traitements et la notion d’indétectabilité. Une personne vivant avec le VIH et recevant un traitement ne transmet pas le virus. Ce message est essentiel. Il faut le marteler, car cela contribue à changer la perception de cette maladie et à rassurer ceux qui ont peur ou qui ignorent cette réalité. Dans cette lutte contre les préjugés, nous avons besoin de campagnes de sensibilisation adaptées à tous les publics. Il est fondamental de dissiper les idées fausses et d’informer correctement la population, qu’elle soit jeune ou adulte. Par ailleurs, beaucoup de personnes, même parmi la population monégasque, ne savent pas que vivre aujourd’hui avec le VIH est tout à fait possible, et que ceux qui sont sous traitement peuvent vivre normalement, et ne plus transmettre le virus. virus. Il y a donc encore beaucoup de travail à faire pour sensibiliser chacun à la réalité du VIH 2024-2025, au-delà des préjugés.

Comment avez-vous choisi de marquer la Journée mondiale de lutte contre le sida, la 1estDécembre 2024, à Monaco ?

Comme chaque année, nous avons organisé un événement important pour cette journée de sensibilisation. Nous l’avons pourtant proposé vendredi 29 novembre 2024. Le moment clé de cette journée a été le déploiement des courtepointes au musée océanographique, en présence de la princesse Stéphanie, toujours très engagée dans ce combat. Ce geste symbolique permet à nos affiliés de rendre hommage à une personne décédée des suites du VIH. Ce - de recueillement est essentiel, car il permet de se souvenir de ceux qui ont perdu la vie à cause de cette maladie, mais aussi de rappeler que le VIH est toujours présent, et qu’il reste un enjeu majeur de santé publique. C’est un moment solennel, mais c’est aussi un moment de prise de conscience et un message fort qu’il est crucial de partager avec le plus grand nombre. La Journée mondiale de lutte contre le SIDA est aussi l’occasion de mettre en valeur notre travail à l’international, comme nous l’avons fait récemment avec la mission à Madagascar. Ce pays, qui a été le premier à bénéficier de notre aide internationale, constitue toujours une zone importante dans la lutte contre le VIH. Nous continuerons à soutenir les plus vulnérables, avec la même détermination.

« Je suis proche de la fin de mon mandat et, évidemment, je ne prétendrai pas le renouveler en 2026, lors des prochaines élections municipales. Il est important pour moi de me concentrer sur des projets qui ont du sens, et ma fin de mandat à Roquebrune sera sans aucun doute un tournant dans ma carrière. »

International : Fight Aids Monaco soutient une association de lutte contre le VIH à Madagascar

Dans le cadre des célébrations des 20 ans de Fight Aids Monaco, la Princesse Stéphanie s’est rendue à Madagascar en octobre 2024, marquant son retour dans ce pays, près de deux décennies après sa première mission avec son association. Elle s’est rendue au dispensaire SISAL Namontana, à Antananarivo, où elle a rencontré le personnel et les bénéficiaires de l’association malgache. Cette dernière lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et le VIH, en menant des actions de sensibilisation et de prévention auprès des populations à risque. A l’issue de cette rencontre, la princesse Stéphanie a remis un chèque de 8 000 euros pour participer à l’intensification des efforts de prévention, de dépistage et d’accompagnement. Par ailleurs, avec le soutien de l’Aide Numérique, un ordinateur portable a été offert pour aider les jeunes à trouver une activité professionnelle. La princesse a également visité la clinique d’insertion scolaire Graines de Bitume, dédiée à l’intégration sociale des enfants, des jeunes et des familles en situation de grande précarité. Cette visite a été l’occasion d’échanger sur des problématiques communes aux deux associations, comme la lutte contre la vulnérabilité et la stigmatisation des populations marginalisées. Christophe Glasser, directeur de Fight Aids Monaco, était également présent lors de ce déplacement. « Aller sur le terrain est essentiel, souligne-t-il. Prendre la température sur place, voir comment on déploie notre énergie, comment on déploie les financements, et comment on peut aussi adapter notre accompagnement en fonction de ce qu’on voit sur le terrain par rapport à ce qui avait été anticipé, c’est la clé d’une plus grande efficacité et d’une intelligence accrue. gestion des ressources. »

 
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