Strasbourg, capitale de la médecine collaborative – .

Pour mieux comprendre les applications recherchées par le projet OpenCar Lab, entretien avec son directeur général, Guillaume Facchi. Cette société coopérative d’intérêt collectif a été créée il y a deux ans à Strasbourg.

Top Music : Si nous devions faire le « pitch » d’OpenCare, quel serait-il ?

Guillaume Facchi : C’est donner une place aux usagers de la santé dans les innovations en santéAujourd’hui, les personnes qui développent des innovations sont souvent des ingénieurs, des entrepreneurs qui ont une idée, mais qui sont loin de la réalité du terrain, donc nous voulons donner aux utilisateurs l’espace pour développer des solutions qui leur conviennent et qui peuvent leur servir concrètement.

Concrètement, précisément, cela veut-il dire que le patient, le soignant, chacun peut donner son idée et son expérience ?

Pour donner un exemple, nous soutenons un projet qui consiste à accompagner des espaces de vie pour des personnes souffrant de troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer. Les développeurs imaginent souvent une cible principale, mais il existe de nombreux utilisateurs autour. Il y aura donc les malades, mais aussi les accompagnants, les équipes soignantes, les proches… On peut intervenir à différents moments dans la phase de développement d’un produit, et même dès le début en proposant d’intégrer les utilisateurs dans le processus de réflexion pour définir le produit. Ensuite, on proposera des expérimentations en conditions réelles. Nous ne testons pas le côté médical, mais le côté pratiqueL’introduction du numérique apporte de nombreuses solutions nouvelles, mais peut potentiellement exclure de nombreuses personnes. L’intégration des utilisateurs nous permet de nous adapter à différents types de personnes.

OpenCare va donc se retrouver à la croisée des chemins avec certaines structures en particulier ?

Je peux citer Quête de la santéqui est l’incubateur régional de santé, le Centre sportif et de santé de Strasbourg où nous avons nos locaux, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg… Nous nous positionnerons davantage sur la prévention que sur le curatif. Nous soutenons la continuité des projets. Personne ne connaît mieux la pathologie que celui qui la vit. Il est donc important de prendre en compte sa voixLes patients veulent participer activement à leur santé.

Cela change la donne en termes de santé ? On doit souvent s’adapter au numérique, mais là vous dites aussi aux développeurs de s’adapter au terrain…

C’est un sujet universel, et en même temps, il n’y a pas de généralité. Individuellement, nous ne sommes pas formés à prendre soin de nous-mêmes. Et en plus En France, on considère que la santé c’est quand on est malade, alors que c’est un capital que l’on possède et que l’on doit entretenir tout au long de sa vie.En Chine, par exemple, on est très axé sur la prévention. Là-bas, un bon médecin, c’est celui qu’on ne voit pas. Plus nous faisons de prévention, moins cela coûtera cher. Faire de l’exercice et manger mieux coûte moins cher que de devoir traiter le diabète ou l’insuffisance cardiaqueNotre système de santé a déjà des difficultés, et quand on voit la pyramide des âges, on sait qu’on va avoir de plus en plus de pathologies chroniques. Donc mieux on intègre les patients et les citoyens dans les processus d’innovation, mieux ce sera. On ne participe pas de la même manière quand on est un jeune papa du centre-ville, une mère célibataire d’un quartier prioritaire ou une personne âgée dans un village alsacien, les attentes ne sont pas les mêmes.

L’Alsace est très vivante en matière d’innovation en matière de santé, est-ce un bon terreau pour vous ?

Nous avons la chance d’avoir un territoire à la pointe du secteur de la santé avec une volonté des institutions publiques de soutenir des initiatives comme le sport sur ordonnance, remboursé par la Ville et non par la CPAM. Il y a aussi le projet NextMed qui est un campus de technologies médicales au NHC, et puis tout un écosystème avec BioValley France, Quest For Health, l’IGBMC, e-Cube, l’IRCAD qui est aussi un pavillon reconnu internationalement sur la chirurgie.

Vous toucherez à un spectre très large, la prévention, les applications d’activité physique, la prévention… Certains exercices ne sont pas toujours adaptés, et cela va jusqu’à l’hospitalisation ?

Oui, tout le parcours de soins, et aux personnes à qui on va dire il faut faire une activité, il faut changer son mode de vie. Il y a ce côté un peu punitif en France. Un exemple simple : lorsque Pokémon GO est sorti, l’un des effets inattendus a été que les enfants sédentaires ont commencé à sortir, et cela a été très positif. La santé peut aussi être amusante.. D’où cette idée de partenariat : entre un traitement idéal que le patient ne suivra pas, et ne rien faire, il y a un espace où l’on peut trouver une solution optimale pour la personne en face de nous. Il faut donc le faire avec les usagers, en tenant compte de leur parcours de vie.

Et cela s’applique également aux médecins ?

Oui, un cas concret : un médecin m’a dit qu’on a développé une messagerie sécurisée, il me faut dix minutes pour envoyer un document à mon confrère pour avoir un deuxième avis, alors que sur gmail il me faut 3 secondes, et je n’ai pas 10 minutes à attendre, si le patient est là en face de moi. Et donc C’est en prenant en compte ces situations réelles que nous pouvons améliorer les solutions envisagées.pour les rendre plus « utilisables ».

La santé est finalement très vaste !

On parle souvent de santé physique, un peu moins de santé mentale et presque jamais de santé sociale. Nous savons qu’une personne en difficulté sociale aura des répercussions sur sa santé physique et peut-être aussi sur sa santé mentale. Il faut donc travailler sur tous les aspects, sinon on passe à côté de quelque chose. C’est aussi pour cela que nous avons été sélectionnés par l’État, Tiers-Lieu d’expérimentation en santé numérique. Il n’y en a eu que deux dans le Grand Est lors de la première vague.

Tout va bien…

Il y a aussi ce concept anglo-saxon de « One Health », à savoir la santé humaine, la santé environnementale et la santé animale. De la même manière que ce qui a été dit avant, si on n’améliore pas la santé environnementale… Nous le voyons dans les pathologies : si nous ne prenons pas soin de la planète, nous ne pourrons pas améliorer la santé humaine. On voit bien que ce qu’était la médecine autrefois, où l’on soignait de manière classique, aujourd’hui on se pose des questions sur la formation des médecins, qui doivent être plus que de bons techniciens. Il faut aussi former de bons « médecins », des gens qui écoutent, qui travaillent en partenariat avec leurs patients, mais ce n’est pas quelque chose d’inné.Nous avons également des « patients experts » qui connaissent très bien leur maladie et qui peuvent apporter un retour d’expérience pour améliorer le quotidien des personnes qui ont également la même pathologie.

Alors tout le monde peut participer ?

Exactement : si vous souhaitez rejoindre la communauté, Il est ouvert à tous les Alsaciens, sur opencare-lab.fr et s’inscrire pour participer à des expériences selon leurs envies ou leurs choixNous proposerons également de petits modules de formation sur la manière de développer des innovations en matière de santé.

 
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