Institut du cancer de la femme, nouvel espoir médical – Libération – .

Institut du cancer de la femme, nouvel espoir médical – Libération – .
Institut du cancer de la femme, nouvel espoir médical – Libération – .

En ces temps très gris, parler et discuter avec la professeure Anne Vincent-Salomon redonne un peu de couleurs au monde de la santé et de la recherche. Voilà une femme, au large sourire, la soixantaine, médecin, cancérologue, nommée en juin 2023 à la tête d’un hypothétique Institut du cancer de la femme. La semaine dernière, il a officiellement ouvert ses portes, avec non seulement de l’argent, des projets et des équipes, mais surtout, une forte envie d’avancer et de jouer en équipe.

Anne Vincent-Salomon est donc en forme. « Je suis en forme », Elle nous raconte. Et c’est une bonne nouvelle, car sur le front des cancers féminins, au-delà des annonces régulières et souvent spectaculaires sur l’arrivée de nouveaux traitements, de solides obstacles demeurent. Mais aussi des interrogations et des impasses. « Il faut d’abord se battre, nous ne pouvons pas accepter que les disparités d’accès aux soins perdurent, voire s’accentuent. Il en va de même pour les innovations qui ne sont pas accessibles à tous », insiste la professeure Anne Vincent-Salomon. « En matière de cancers féminins, il y a une surmortalité dans le nord-est de l’Ile-de-France, mais aussi dans les Hauts-de-France. On veut comprendre pourquoi ? Or, les données manquent, et la participation au dépistage du cancer du sein reste insuffisante. Les disparités viennent-elles d’un retard de prise en charge ? Ou bien y a-t-il des discontinuités par la suite ? Mais il y a aussi des différences génétiques qu’on ne comprend pas. Dans le cancer du sein, chez les femmes très jeunes, à peine 20 % ont une composante génétique. Comment expliquer les autres ? » Chaque année en France, près de 78 000 femmes sont touchées par des cancers féminins. 20 000 d’entre elles en meurent. « C’est beaucoup trop. Réduire le nombre de décès liés au cancer du sein et aux cancers gynécologiques est un enjeu majeur », commentaires Anne Vincent-Salomon.

Dans ce contexte, c’est certainement une très bonne idée de la part des pouvoirs publics de créer un institut hospitalo-universitaire, réunissant ainsi des forces jusque-là dispersées. Ici, il s’agit d’un cocktail entre l’Institut Curie, l’Université Paris Sciences & Lettres (PLS), mais aussi l’Inserm. Bref, du haut de gamme.

Bonne nouvelle : il y a de l’argent

Anne Vincent-Salomon a d’abord été anatomopathologiste, spécialité médicale qui consiste à examiner des organes, des tissus ou des cellules, pour identifier et analyser des anomalies liées à une maladie. Elle a ensuite travaillé sur la génomique des cancers du sein, et est aujourd’hui à la tête de cet Institut des cancers de la femme. « Notre ambition est d’être le centre national de référence dédié aux cancers de la femme et d’initier une véritable dynamique au-delà de notre IHU. »

Bonne nouvelle encore, il y a de l’argent. Un budget initial de 20 millions d’euros, financé dans le cadre du plan France 2030. Curie y ajoute 10 millions d’euros.Notre objectif ? Des découvertes en recherche fondamentale et clinique qui apporteront de l’innovation et révolutionneront la prévention et les soins. Pas moins… « Il faut rêver, insiste notre chercheur. Et c’est une nécessité. Nous ne pouvons pas continuer, par exemple, avec le cancer de l’ovaire, où plus d’une femme sur deux en meurt dans les cinq ans.

« Base de données » et « espace d’écoute »

Il reste du travail à faire. D’abord, mieux collecter des données solides et exploitables. La pierre angulaire de ce nouvel institut, l’Atlas du cancer féminin, servira de base à la plupart des activités, de la recherche aux soins et à la formation.Cet Atlas se veut une base de données, multi-échelle (cellulaire, tissulaire, individuelle), multimodale (prenant en compte de multiples paramètres moléculaires et cliniques) et longitudinale (à chaque étape du diagnostic, pendant ou après le traitement, lors des rechutes). Dans les dix prochaines années, cette base de données devrait inclure des échantillons de plus de 35 000 patientes atteintes de cancers du sein ou gynécologiques suivies à l’Institut Curie (incluant des données minimales) et près de 1 000 patientes avec des analyses très approfondies et complètes.

Parallèlement, une structure originale a été créée, le Women’s Living Lab, dont l’objectif est de rassembler les expériences des patientes. « Ce laboratoire sera un espace d’écoute, d’échange et d’incubation d’idées. » Ses objectifs ?Apporter des réponses personnalisées. Ce lieu permettra la rencontre de publics divers : patients, proches et soignants, mais aussi artistes, pouvoirs publics et entrepreneurs. Le lab a pour vocation de catalyser toutes les idées et bénéficiera en outre du soutien de l’Université PSL et de l’incroyable diversité des sujets d’expertise de ses membres.

Beau programme. « Nous y voilà. Une telle opportunité axée sur la santé des femmes est à ne pas manquer », insiste Anne Vincent-Salomon. « J’aime travailler et rassembler, elle nous dit. « Les plus grands succès sont les succès collectifs. » Et pour citer un exemple : “Regarder Coralie Chevallier, « À l’Inserm, elle a fait un travail fantastique sur la réticence des adolescentes à la vaccination contre le papillomavirus. Grâce à ces recherches, nous pourrons développer des stratégies de vaccination beaucoup plus pertinentes. » Et construire un avenir un peu plus… rose.

 
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