Par
Arielle Bossuyt
Publié le
25 novembre 2024 à 19h32
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L’année dernière, le Docteur Aglaé Terray a rejoint le centre diabétologie du CH Eure-Seine, l’un des seuls du département de l’Eure. L’endocrinologue basé à l’hôpital de Vernon (Eure), évoque les effets de ce maladie qui ne sont pas toujours pris au sérieux par les patients malgré leurs pesanteur.
Pouvez-vous expliquer le rôle d’un endocrinologue et comment il est impliqué dans le traitement du diabète ?
Un endocrinologue est un médecin spécialiste dans les glandes et les hormones. Le diabète est une maladie du pancréas qui va présenter un défaut de sécrétion d’insuline, une hormone permettant au glucose de pénétrer dans les cellules pour être utilisé comme Source d’énergie.
Quand est-on considéré comme diabétique et quels sont les symptômes ?
Il existe deux types de diabète. Le type 1 débute assez brutalement avec des symptômes reconnaissables : un besoin de boire et d’uriner très souvent, un perte de poids, fatigue intense.
Pour le diabète de type 2, c’est plus sournois. Nous pouvons souffrir de la même chose symptômes mais dans la plupart des cas c’est le cas asymptomatique et le diagnostic est donc généralement posé lors d’un contrôle de routine. On parle de diabète lorsque la glycémie (teneur en sucre dans le sang, NDLR) est supérieure à 1,26 g par litre de sang. Un taux de sucre dans le sang normal se situe entre 0,70 gramme et 1 gramme et on parle de prédiabète entre 1 gramme et 1,26 g.
Quelques chiffres sur le diabète
→ 1/16
En France, un adulte sur 16 est diabétique.
→ 400 nouveaux cas
400 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque jour en France.
→ 20 à 30%
Toujours en France, 20 à 30 % des personnes sont diabétiques sans le savoir. Ces chiffres s’appuient sur des registres anonymes, un dossier de santé publique qui regroupe des patients de tous profils.
→ 36 %
En Europe, le nombre de personnes diabétiques sans le savoir est de 36 %.
→ 60 ans
L’âge moyen du diagnostic est d’environ 60 ans mais tend à rajeunir.
Quels sont les risques de développer cette maladie ?
Il y a d’abord le facteur génétique. Lorsque nous avons un parent au premier degré (parent) ou un parent au deuxième degré (grand-parent) qui est atteint, nous sommes plus susceptibles de devenir diabétique. Mais ce n’est pas une fatalité. Le mode de vie a une énorme influence. On constate que la sédentarité et l’obésité augmentent au sein de la population et ce sont aussi des facteurs de risque. L’apport de graisses et de sucres va augmenter la résistance à l’insuline, autrement dit le fait que les cellules de l’organisme répondent beaucoup moins bien à l’insuline.
Le diabète est-il une maladie réversible ?
Le diabète de type 1 est irréversible car il s’agit d’un maladie auto-immune. L’organisme va créer des anticorps dirigés contre notre pancréas qui nécessiteront l’utilisation d’insuline par injection.
Cas de rémission
Pour le diabète de type 2, nous avons vu des cas de rémission lorsque les patients changent radicalement leur mode de vie avec un perte de poids associé. Le patient peut être traité avec un nouveau mode de vie. Nous mettons parfois les patients sous traitement puis les arrêtons lorsqu’il y a une nette amélioration. Cependant, le cas le plus courant est le traitement du diabète à vie. Qu’il s’agisse de type 1 ou de type 2, on ne parle pas de guérison mais en rémission. Le patient aura besoin de médicaments à un moment donné, mais avoir un bon style de viecela pourrait retarder ce délai.
Quelles conséquences cette maladie peut-elle avoir à long terme ?
Il peut y avoir des complications sur les petits vaisseaux, notamment au niveau des yeux. Dans les pays en développement, le diabète est la principale cause de cécité. En France, on détecte cette complication avant qu’elle ne survienne, il est donc extrêmement rare de devenir aveugle à cause d’elle.
Les dangers du diabète
Le diabète a un impact sur les reins et c’est d’ailleurs aujourd’hui la première cause de dialyse. Cela peut également conduire à neuropathie ce qui provoque une insensibilité des pieds pouvant entraîner des plaies. Cependant, il est extrêmement rare d’en arriver au point d’amputation. Le diabète peut également toucher les gros vaisseaux, comme les artères coronaires, et ainsi contribuer à l’apparition de maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité chez les patients diabétiques de type 2. En conséquence, il existe un risque d’accident vasculaire cérébral. Nous suivons les facteurs de risque cardiovasculaire pour mieux traiter les patients.
Vous parlez de l’importance d’un mode de vie sain, mais comment pouvez-vous le mettre en pratique ?
Nous travaillons beaucoup avec nutritionnistes. De plus, les diabétologues sont tous presque des nutritionnistes, cela fait partie du parcours de formation. Nous recevons également beaucoup d’aide de la part de diététiciens, nos principaux alliés, mais aussi de coachs sportifs et de kinésithérapeutes qui aideront les patients à trouver une activité physique en fonction de leur mobilité.
L’alimentation et l’activité physique sont essentielles. Nous conseillons donc d’éviter produits ultra-transformésdes sodas mais aussi des jus d’orange car ils regorgent de sucre.
Cuisiner à la maison est essentiel. Pour les gourmands, nous déconseillons de se tourner vers des alternatives. Il vaut mieux privilégier le rééquilibrage de son alimentation en mangeant de tout mais en faisant attention aux proportions. L’idée est d’éviter les frustrations et les grignotages entre les repas qui augmentent l’index glycémique.
L’obésité et le diabète sont souvent associés. Et ça ?
En effet, l’obésité est un facteur de risque. Plus vous perdez de poids, moins vous risquez de contracter la maladie. De plus, perdre 10 % de son poids lorsqu’on est en surpoids réduit le risque de devenir diabétique.
Cela va transformer la vie des médecins (rires) ! En fait, nous pourrons réguler le patient plus facilement. Toutefois, les personnes obèses ne sont pas systématiquement diabétiques. Il peut y avoir une obésité métaboliquement saine.
Wegovy : risque de rupture de stock
On entend souvent parler de ruptures de stock concernant les traitements contre le diabète. Est-ce toujours le cas ?
Oui, il y a toujours des risques de pénurie, notamment de Wegovy, un médicament récent qui aide à réduire la glycémie et à réguler les hormones.
Au début, c’était un antidiabétique mais nous avons constaté que cela nous permettait de perdre beaucoup de poids, ce qui représentait un grand pas en avant dans le domaine. traitement de l’obésité. Cependant, il y a eu pas mal de détournements compte tenu de son efficacité.
L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) nous envoie régulièrement des messages pour restreindre les indications afin d’éviter des ruptures de stock. Cela contribue à réduire le risque de détournement pour la sécurité des patients et laisse du temps pourindustrie pharmaceutique pour les fabriquer.
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