Une étude estime qu’un cas sur cinq de dengue est lié au changement climatique

Une étude estime qu’un cas sur cinq de dengue est lié au changement climatique
Une étude estime qu’un cas sur cinq de dengue est lié au changement climatique

Alors que la COP29 s’est ouverte lundi 18 novembre à Bakou (Azerbaïdjan), une étude américaine affirme que le changement climatique serait responsable de près d’un cinquième des cas de dengue dans le monde. En cause, la hausse des températures qui influencerait la propagation de ce virus.

Maladie virale, la dengue se transmet par les piqûres de moustiques tigres infectés. Ses symptômes se caractérisent par de fortes fièvres et des courbatures, mais si le patient développe généralement des formes bénignes, des formes graves, voire mortelles, existent.

« La dengue est une très bonne maladie à étudier, car très sensible au climat »Erin Mordecai, écologiste spécialisée dans les maladies infectieuses à l’université de Stanford, a déclaré à l’AFP. En effet, si la dengue est déjà endémique dans plus de 130 pays à travers le monde, avec la hausse des températures, les moustiques vecteurs se propagent au-delà des zones tropicales et subtropicales où ils étaient auparavant confinés.

Alors qu’une nouvelle épidémie de dengue frappe actuellement la Guadeloupe, une étude américaine met en avant l’incidence de la dengue et les variations climatiques dans 21 pays d’Asie et des Amériques. Les chercheurs ont ensuite estimé qu’environ 19 % des cas actuels de dengue dans le monde «sont imputables au réchauffement climatique»a résumé Erin Mordecai, auteur principal de l’étude.

De plus, les températures comprises entre 20 et 29°C sont les plus propices à la propagation de la maladie. Au total, selon des scientifiques de l’Université de Stanford, au moins 257 millions de personnes vivent actuellement dans des régions où le réchauffement climatique pourrait doubler l’incidence de la dengue au cours des 25 prochaines années.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, au cours des huit premiers mois de 2024, près de 13 millions de cas de dengue ont été recensés, soit près du double du record enregistré pour l’ensemble de 2023.

Interrogée à ce sujet, Anna-Bella Failloux, professeur d’entomologie médicale à l’Institut Pasteur, évoque une augmentation des « cas autochtones » notamment en métropolitaine. « En 2010, nous avons enregistré le premier cas de dengue autochtone, c’est-à-dire lié à un moustique présent sur le territoire métropolitain. Auparavant, les cas étaient liés à des personnes revenant de voyages où elles avaient été piquées par un moustique infecté. »poursuit le scientifique.

De plus, si « 80 % de personnes qui contractent la maladie sont asymptomatiques »le moustique tigre est désormais présent dans « 78 départements » en France, précise Anna-Bella Failloux. De ce fait, le nombre de patients augmente progressivement sur le territoire avec « 64 cas enregistrés en 2023 et 68 en 2024 ».

Mais si le réchauffement climatique pouvait avoir un effet sur la propagation de la maladie dans les zones tempérées, dans les zones soumises à un climat tropical, le problème est tout autre. « Le virus et le moustique tigre sont déjà là. Aujourd’hui, pour lutter contre la dengue, nous travaillons sur la lutte biologique »explique le professeur à l’Institut Pasteur.

En effet, pour lutter contre cette maladie, une des approches prometteuses consiste à introduire dans la nature des moustiques infectés par une bactérie bloquant la capacité de l’insecte à transmettre le virus. « Ce système est mis en place en Nouvelle-Calédonie depuis 2019, mais aussi à La Réunion. Par ailleurs, en Polynésie, le choix a été fait d’introduire des moustiques stériles afin de réduire leur population”témoigne Anna-Bella Failloux.

Des démarches qui semblent porter leurs fruits, mais qui restent néanmoins marginales. « Ces usines à moustiques coûtent cher et aujourd’hui seuls certains territoires ont pu investir dans ce domaine »fait valoir le professeur d’entomologie médicale. De plus, certains nouveaux foyers de contamination ne peuvent actuellement pas compter sur ce type de solutions, “si la législation reste plus souple dans les territoires d’outre-mer, de tels procédés sont interdits en Europe où ces moustiques sont considérés comme des organismes génétiquement modifiés”explique Anna-Bella Failloux.

La dengue n’a pas encore achevé son expansion à travers le globe, un phénomène facilité par le changement climatique, la mondialisation des échanges et des voyages ainsi que l’avancée de l’urbanisation qui favorisent la propagation des moustiques tigres.

 
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