Les trois types de québécoisismes expliqués par la linguiste Marie-Éva de Villers

Les trois types de québécoisismes expliqués par la linguiste Marie-Éva de Villers
Les trois types de québécoisismes expliqués par la linguiste Marie-Éva de Villers

Qu’ils soient des reliques d’un français plus ancien, des créations nées de la réalité québécoise ou des emprunts à des langues étrangères, les mots propres au Québec, appelés québécismes, existent sous plusieurs formes. L’auteur de Multidictionnaire de la langue françaiseMarie-Éva de Villers, décortique les différences avec Le devoir.

Dans les années 1970, l’Office québécois de la langue française (OQLF) recensait trois types de québécoisismes, précise le linguiste. L’âge de la publication n’est pas à craindre, car « elle serait encore d’actualité aujourd’hui », dit-elle.

Bien que chaque catégorie ait ses propres caractéristiques, pour Mmoi de Villers, ils ont tous un point commun : ils reflètent la langue et la société québécoises.

Des mots oubliés ailleurs

La première catégorie sont des mots qui, pour le reste de la francophonie, seraient « anciens ou dépassés, mais qui, au Québec, sont tout à fait contemporains ». L’exemple du mot « bonne volonté », qui a perdu son sens auprès des clients des magasins dans le reste de la francophonie, vient particulièrement à l’esprit. « L’Achalandage » a aussi évolué au Québec pour devenir « simplement ceux qui fréquentent un lieu », indique-t-elle.

Certains mots originaires de France existent encore autant dans le monde francophone que dans la Belle Province. C’est le cas de « garde-robe », qui désignait un placard – sens conservé au Québec – mais qui désigne désormais un ensemble de vêtements ailleurs.

L’auteur de Multidictionnaire note également que les archaïsmes, de leur vrai nom, sont les québécoisismes les plus reconnus comme tels par la population, même s’ils ne sont pas les plus répandus dans la langue.

Créé pour le Québec

La médaille de la catégorie la plus étendue revient au deuxième type, qui contient des mots — ou des significations de mots — créés au Québec afin d’exprimer une réalité propre à la province.

Par exemple, les mots « érablière » et « aluminerie » ont été créés pour refléter la réalité d’industries importantes au Québec. « Dans le reste de la francophonie, c’est tout simplement « usine d’aluminium ». Ici, il fallait un mot. »

Une grande partie des mots composant cette catégorie sont des créations qui visent à éviter les emprunts à l’anglais. « Email » et « podcast » en sont de bons exemples, souligne le linguiste. Certaines créations de l’OQLF visant à éviter l’anglicisme tentent de s’implanter dans d’autres pays francophones. Rarement avec autant de succès qu’ici, affirme-t-elle.

Anglicismes et autres emprunts

Tous les mots directement empruntés à d’autres langues, principalement l’anglais et les langues autochtones, constituent la dernière catégorie.

Pour l’anglais, Marie-Éva de Villers note des mots comme « coroner » ou « duplex », dont la traduction n’existe pas ou n’est pas exacte. Notez que certains mots sont simplement des anglicismes ou des faux amis et ne sont donc pas des québécismes à proprement parler.

Pour les langues autochtones, ils fournissaient principalement des noms propres, comme « Québec », ou des noms d’animaux, comme « ouaouaron » – le préféré de M.moi de Villers pour ce type.

Quant à son québécoisisme préféré ? Il s’agit du mot « tag » et de son dérivé « tager », qui appartiennent à la catégorie des mots créés pour nommer des réalités propres au Québec.

Ce n’est pas le sens premier d’un « objet qui aide à la navigation » qui lui plaît, mais plutôt le sens spécifique au Québec de s’orienter en donnant des repères – qui, historiquement, étaient des bouts d’arbres placés le long des routes pour indiquer leur itinéraire.

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