comment expliquer « l’augmentation exponentielle » des cas dans le pays ? – .

comment expliquer « l’augmentation exponentielle » des cas dans le pays ? – .
comment expliquer « l’augmentation exponentielle » des cas dans le pays ? – .

l’essentiel
Depuis début 2024, la France enregistre une augmentation exponentielle des cas de coqueluche. Sylvain Brisse, directeur du Centre national de référence de la coqueluche à l’Institut Pasteur, revient sur cette hausse des infections.

Quel regard portez-vous sur la hausse des cas de contamination en France ?

Il s’agit d’une résurgence assez spectaculaire, comme on n’en avait pas vu depuis au moins 20 ans. Nous enregistrons aujourd’hui un nombre de cas, d’hospitalisations et même de décès qui nous ont tous surpris : nous avons observé environ 6 000 tests positifs à la coqueluche sur les cinq premiers mois de 2024. Nous pensons également que ces chiffres sont sous-estimés puisque tous les adultes qui toussent ne seront pas testés.

Comment expliquer cette résurgence de la maladie ?

Il est généralement difficile d’expliquer une épidémie. Il y a un premier élément qui fait dire que la coqueluche est une maladie qui évolue par cycles, par vagues épidémiques, tous les 3 à 5 ans.

Lire aussi :
VRAI OU FAUX. Explosion en cas de coqueluche : un voyage en avion peut-il guérir la toux des malades ?

S’agissant d’une maladie respiratoire, on estime également que les mesures barrières qui avaient été mises en place pour lutter contre le Covid-19 ont ralenti la transmission de la maladie depuis 2020. Le dernier pic avait eu lieu en 2018 : ça fait 6 ans qu’il n’y avait pas de coqueluche en France. Il s’agit d’un délai inhabituellement long.

Vous parlez d’une maladie cyclique : aurait-on dû s’attendre à ce que cette maladie revienne sur le devant de la scène ?

À coup sûr ! Mais ce qui surprend, c’est l’amplitude de cette vague. D’autant que la coqueluche est une maladie particulièrement contagieuse. Nous avons ici une bactérie qui se développe très bien chez l’homme, qui se transmet très facilement par les voies respiratoires, et qui nous colonise, y compris de manière asymptomatique. Nous savons désormais qu’un patient malade qui tousse peut contaminer cinq personnes. C’est plus que le Covid-19. La toux peut favoriser la transmission.

Aujourd’hui nous restons plus armés face à ce type de transmission…

Nous sommes en effet plus armés, car les personnes qui vont tousser auront le réflexe de porter un masque par exemple ou de rester chez elles. Ceci est une recommandation. Mais il faut rester vigilant.

Deux bébés de trois mois sont morts à Montpellier il y a quelques jours, après avoir été infectés : faut-il s’inquiéter du retour de cette maladie ?

Bien sûr, c’est quelque chose dont il faut s’inquiéter. Quand on est une femme enceinte par exemple et que l’on va bientôt accoucher, il faut vraiment se méfier. Les personnes les plus exposées à la maladie sont les bébés âgés de moins de quatre mois. Ce qui est recommandé depuis deux ans en France, c’est la vaccination pendant la grossesse. Le vaccin créera des anticorps chez la mère, qui passeront par le placenta jusqu’au fœtus et qui le protégeront avant que le bébé ne reçoive la vaccination.

Lire aussi :
« Du jamais vu en 40 ans » : faut-il s’inquiéter de l’explosion des cas de coqueluche en France ces dernières semaines ?

Lorsqu’on a un bébé, il faut adopter certains gestes : faire attention à ne pas l’exposer à des personnes qui toussent par exemple ou demander aux adultes autour du nouveau-né de porter un masque lorsqu’ils lui rendent visite.

Existe-t-il d’autres profils de risque pour la coqueluche ?

La maladie peut effectivement être dangereuse chez les personnes âgées. Nous avons des patients qui ont des côtes cassées à cause de la toux. Le Centre européen de contrôle des maladies infectieuses a également signalé des décès dans d’autres pays européens chez des personnes de plus de 60 ans. La coqueluche peut également être très grave chez les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques, comme l’asthme, ou souffrant d’immunosuppression.

À quoi faut-il s’attendre dans les semaines à venir ?

Il faut quand même s’attendre à une circulation assez intense des bactéries, pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. C’est quelque chose de très difficile à prévoir. Les précédents cycles de coqueluche ont montré que la vague de contamination pouvait durer plusieurs mois, voire jusqu’à deux ans.

Selon vous, y a-t-il un manque de respect à l’égard de la politique vaccinale appliquée aujourd’hui à cette maladie ?

Il faut vraiment penser à faire des rappels. Nous avons la chance de bénéficier d’un vaccin efficace : à 6 ans, à 11 ans et à 25 ans, il faut demander un rappel de vaccination. Ces recommandations sont suivies en France, mais des marges d’amélioration sont possibles. C’est également le cas de la vaccination des femmes enceintes : c’est quelque chose de nouveau, donc les médecins n’en sont pas forcément conscients. Concernant le vaccin qui permet de lutter contre la coqueluche, il s’agit d’un vaccin assez classique dont l’efficacité est prouvée depuis longtemps. Nous l’utilisons depuis 30 ans. C’est un vaccin très bien toléré et très efficace.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Jordan Bardella « ne répond toujours pas à mes appels », affirme Éric Zemmour
NEXT Le Japon à l’honneur pour la nouvelle exposition de la « chercheuse de mode » Yuima Nakazato, à la Cité de lalace à Calais