Le virus H5N2 fait sa première victime mondiale

Le virus H5N2 fait sa première victime mondiale
Le virus H5N2 fait sa première victime mondiale

La plus grande vague de grippe aviaire jamais enregistrée déferle actuellement sur la planète.Image : clé de voûte/shutterstock

La grippe aviaire se propage actuellement dans le monde entier. Un sous-variant a infecté un enfant, tandis qu’un homme est décédé au Mexique à cause du variant H5N2. Le H5N1, plus répandu, reste le plus agressif.

Bruno Knellwolf / ch médias

La plus grande vague de grippe aviaire jamais enregistrée déferle actuellement sur la planète. Hautement pathogène, elle touche « les oiseaux, les vaches et autres mammifères de l’Antarctique jusqu’aux États-Unis », explique Lauretta Eckhardt, responsable politique à l’organisation de protection animale Quatre Pattes.

C’est la sous-variante H5N2 qui fait la une des journaux. L’Inde a signalé jeudi l’infection d’un enfant de quatre ans à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le variant a d’ailleurs récemment fait la première victime attribuée à ce type de virus. Les analyses de plusieurs laboratoires le confirment.

«Ces virus H5N2 ont déjà été détectés en Suisse chez des oiseaux sauvages», explique Simon Ming, de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). « Ces échantillons sont relativement rares, car les oiseaux infectés ne présentent aucun symptôme. Les échantillons proviennent de projets de recherche ou de programmes de surveillance.

En circulation dans le monde entier

La sous-variante H5N2 circule dans le monde entier. Lauretta Eckhardt poursuit :

« Le H5N2 a été récemment détecté chez des volailles de basse-cour au Mexique. Ces dernières années, cela s’est également produit dans plusieurs autres pays, par exemple à Taiwan, en Pologne, en Allemagne, en Serbie, en Afrique du Sud et au Japon.

Lauretta Eckhardt, Quatre Pattes

C’est un Mexicain de 59 ans qui a été la première victime de la grippe aviaire. Il aurait souffert de plusieurs maladies, aurait été admis à l’hôpital avec de la fièvre et des difficultés respiratoires, et serait décédé fin avril. On ne sait pas comment il a contracté le H2N5, rien n’indique qu’il ait été en contact avec des volailles ou d’autres oiseaux. Sa famille et son entourage ne présentent également aucun signe d’infection.

La contagion des malheureux est donc un mystère. « En principe, les mammifères et les humains sont sensibles aux virus de la grippe aviaire par contact direct avec des oiseaux malades. Il y a toujours des cas isolés qui entraînent des pathologies graves et dont l’issue est mortelle», explique Ming, de l’OFSP.

Le variant H5N2 circule chez les oiseaux depuis plusieurs décennies. En revanche, selon Simon Ming, il n’avait jamais représenté un danger pour les humains. «Jusqu’à présent, aucun cas de contamination n’a été signalé parmi la population suisse.» Les nombreuses maladies antérieures dont a souffert le Mexicain concerné ont peut-être joué un rôle.

Le H5N1, plus virulent

Le virus H5N1, le plus répandu au monde, reste à ce jour le plus dangereux. « La proportion de cas mortels est significativement plus élevée pour le H5N1 que pour le H5N2. Ainsi, depuis 2003, il y a eu 891 contaminations humaines dans le monde, dont 463 mortelles », chiffre le spécialiste de l’OFSP.

Selon Lauretta Eckhardt, plus de 85 pays ont été touchés par la grippe aviaire en 2022. « Cela a conduit à l’abattage massif de 141 millions de volailles. » Le H5N1 est devenu endémique parmi les populations d’oiseaux et a également touché au moins 26 espèces de mammifères, provoquant des épidémies partout sur la planète.

Le point essentiel est donc la transmission des oiseaux aux mammifères, et donc à l’homme. On parle alors de zoonose. C’est ce qui s’est passé avec le Covid-19. Un tanuki du marché aux animaux de Wuhan aurait infecté un homme avec le Sars-CoV-2.

Le scientifique en chef de l’OMS, Jeremy Farrar, a déjà qualifié la grippe aviaire hautement pathogène de « pandémie animale zoonotique mondiale », a déclaré Lauretta Eckhardt. Alors que la grippe aviaire présente de nouvelles formes de transmission inter-espèces et infecte les vaches laitières et même les chats qui ont bu du lait de vache infecté, la grippe aviaire présente désormais également un risque considérable de devenir la prochaine pandémie humaine.

« Même si l’OMS considère que le risque sanitaire pour la population est actuellement faible, il pourrait être risqué d’attendre qu’il soit déclaré une urgence de santé publique internationale »

Lauretta Eckhardt, Quatre Pattes

Cependant, selon Simon Ming, ni le H5N2 ni le H5N1 n’ont présenté à ce jour les mutations nécessaires à la transmission interhumaine.

La situation en Suisse

Malgré ce faible risque, l’OMS a une nouvelle fois appelé tous les pays à la vigilance. Elle recommande également d’examiner de près les groupes de maladies. En Suisse, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) se veut rassurant :

“Le risque d’apparition de la grippe aviaire dans notre pays a encore diminué par rapport au mois précédent en raison de la baisse du nombre de cas en Europe”

OFEV

Le représentant des Quatre Pattes en Suisse affirme que 75% de toutes les maladies infectieuses émergentes sont des zoonoses. La faute à l’activité humaine : « Les systèmes d’élevage intensif, dans lesquels les animaux vivent en grand nombre dans un espace limité, sont répandus dans le monde entier. » Les conditions d’hygiène n’y sont pas optimales.

«En Suisse aussi, il existe des formes d’élevage qui peuvent favoriser l’apparition et la propagation de maladies infectieuses. Les poulets d’engraissement, par exemple, disposent d’une surface de la taille d’une feuille A4. Ils s’entassent par milliers dans les hangars. Des maladies infectieuses comme la grippe aviaire peuvent alors apparaître et se propager plus rapidement. “C’est pourquoi nous plaidons partout pour de meilleures conditions d’élevage, mais aussi pour l’interdiction des marchés d’animaux sauvages et des élevages d’animaux à fourrure”, conclut l’expert.

(Traduit et adapté de l’allemand par Valentine Zenker)

 
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