Traitements, prévention, séquelles, tourisme, commerce… les moustiques nous coûtent des milliards d’euros

Traitements, prévention, séquelles, tourisme, commerce… les moustiques nous coûtent des milliards d’euros
Traitements, prévention, séquelles, tourisme, commerce… les moustiques nous coûtent des milliards d’euros

Ce jeudi 13 juin 2024, une équipe de scientifiques de l’IRD a présenté ses conclusions sur l’impact économique de deux espèces de moustiques invasives. Le coût lié à la recherche, à la réglementation et au traitement des pathologies qu’ils transmettent s’élève à plus de 94,7 milliards de dollars (88 milliards d’euros).

Les moustiques nous coûtent très cher. Selon une étude présentée jeudi par Frédéric Simard, directeur de recherche à Montpellier, et son équipe de scientifiques, cela représenterait 88 milliards d’euros de coûts rapportés dans le monde entre 1975 et 2020. Pour la France, la facture est de 549 millions d’euros, dont 33 millions en France métropolitaine, interrogent des chercheurs de l’IRD, du CNRS et du MNHN. Ils ont collaboré pour rassembler les données de 166 pays sur 45 ans.

Et « bien que sous-estimés car encore rarement quantifiés et déclarés dans de nombreux pays, les coûts liés aux pertes et dégâts causés par ces moustiques et les maladies qu’ils transmettent ont littéralement explosé depuis le début des années 2000 »déplore l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement).

Un impact économique énorme

Les chercheurs ont étudié l’impact économique de deux espèces de moustiques : Aedes aegypti, notamment connu pour transmettre la dengue et la fièvre jaune, et Aedes albopictus (le fameux moustique tigre), vecteur de la dengue, du chikungunya et même du virus Zika.

En 2023 en France, malgré les campagnes de prévention menées notamment par les ARS (Agences Régionales de Santé), 158 cas de dengue ont été recensés pour 37 foyers. Il y a eu 31 cas de Chikungunya pour 3 foyers et 3 cas de Zika pour un seul foyer.

Arrivées à la fin du XXe siècle en France via le commerce international, en commençant par le Sud, ces deux espèces ont attiré l’attention des chercheurs pour leur caractère envahissant. Spécialement depuis « Chaque jour, des gens introduisent des virus. Si un moustique tigre les pique, ils peuvent transmettre des virus de manière indigène. »explique Frédéric Simard.

Les maladies dont ils sont porteurs provoquent des symptômes plus ou moins graves, et parfois des séquelles plus ou moins longues. Diagnostics, traitements, soins, arrêts maladie, baisse de productivité des salariés, prestations d’invalidité, communication, tourisme, baisse de fréquentation des entreprises… Ensemble, ces coûts représentent des milliards dans le monde, et augmentent chaque année.

En vingt ans, l’impact économique de ces deux espèces a été multiplié par quatorze. Ce qui fait qu’aujourd’hui, en France, ces deux petits moustiques coûtent bien plus cher que les autres espèces invasives. Difficile pour l’instant d’estimer le montant exact de la facture à plus petite échelle, mais les chercheurs tirent deux conclusions.

Premièrement, ces coûts augmenteront, tout comme la population de moustiques. A long terme, et notamment en raison de leurs séquelles, le Chinkungunya et le Zika pourraient représenter 296 milliards d’euros à l’échelle mondiale. Et deuxièmement, pour le sud de la France en particulier, un climat plus chaud peut entraîner des coûts supplémentaires. Parce que les moustiques s’y développent plus facilement (jusqu’à une certaine limite de température) et parce que la croissance des larves est favorisée par des températures douces.

Focus sur la prévention

Le remède à ces dépenses réside, selon les chercheurs, dans la prévention. Ralentir la propagation des moustiques, mieux prévenir les maladies qu’ils transmettent, protéger les populations… permettrait de réduire considérablement la facture. Et pour cause, il coûte dix fois moins cher de prévenir que de guérir.

En partageant ce bilan gargantuesque, les chercheurs espèrent provoquer une réaction. Les moustiques font bien plus que nous prélever du sang, car clairement : ils aiment l’argent. Dans ce cas, « Les bénéfices attendus de la mise en œuvre de stratégies de prévention efficaces et durables sont colossaux. » Enfin, conclut Frédéric Simard « Chacun aura son rôle à jouer pour limiter cette invasion. »

 
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