Près de Nice, le préfet réquisitionne deux terrains pour des centaines de voyageurs, au grand désarroi des élus

Près de Nice, le préfet réquisitionne deux terrains pour des centaines de voyageurs, au grand désarroi des élus
Près de Nice, le préfet réquisitionne deux terrains pour des centaines de voyageurs, au grand désarroi des élus

La décision du représentant de l’Etat est motivée par le manque criant d’espaces d’accueil pour ces communautés nomades dans les Alpes-Maritimes, comme le prévoit la loi Besson du 5 juillet 2000.

Le Figaro Nice

Antoine Véran ne l’est pas, mais alors vraiment “pas heureux« . Le maire (LR) de la petite commune de Levens, dans l’arrière-pays niçois, insiste : “Je n’ai pas l’intention de mettre des obstacles sur le chemin de qui que ce soit, car je suis républicain, mais cela ne m’empêche pas d’être en colère.” L’édile azuréen ne digère pas la décision du préfet des Alpes-Maritimes de réquisitionner, lundi, deux terrains dans le département pour accueillir des voyageurs. L’un à Levens, l’autre à Grasse, quelques kilomètres plus à l’ouest.

« Ce qui m’énerve, c’est que je suis celui qui accueille le plus des voyageurs depuis 2016. À chaque fois, des terrains ont été réquisitionnés chez moi et à chaque fois, j’ai dû gérer des situations parfois très tendues !, tempête le maire. Ce ras-le-bol, Antoine Véran le juge d’autant plus légitime qu’en avril dernier, quand le cirque Zavatta et ses dizaines d’animaux sauvages venaient semer la zizanie à Nice, c’était encore lui qui avait servi de repli, permettant à la troupe de s’établir pour 15 jours sur le territoire communal.

« Que ma terre me soit restituée telle quelle ! »

« Je trouve déplorable que le préfet Moutouh ne prenne pas en compte ces éléments et qu’il m’impose encore une fois cette situation. Je vois cela comme un non-respect de la parole donnée., poursuit l’élu. Colère ou pas, une centaine de familles devraient arriver du jour au lendemain au Grand Pré de Levens, soit environ 150 caravanes. « Ce serait oublier que le sol est actuellement détrempé, avec par endroits jusqu’à 15 centimètres d’eau. Cela risque de mettre en péril le travail de plusieurs années pour faire du Grand Pré un espace de biodiversité remarquable., s’étrangle le maire. Ces treize hectares de verdure ont en effet fait l’objet d’un plan de gestion en vue de préserver la biodiversité, pour sa restauration écologique et son aménagement pédagogique.

Antoine Véran compte donc faire procéder à une expertise d’huissier avant l’arrivée de la communauté nomade. « Je veux récupérer mes terres telles quelles ! » il prévient. De l’autre côté du département, le maire (LR) de Grasse Jérôme Viaud n’est guère plus ravi de la décision du préfet. « Cette année encore, les services de l’État m’ont informé de la réquisition de terrains privés situés sur le territoire communal. […] en vue d’accueillir trois groupes de la communauté des gens du voyage, composés chacun de 110 familles, qui s’installeront […] se sont succédé sur la période du 2 juin au 8 juillet 2024. Je déplore cette décision », a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux. Le conseiller souligne « coût financier important pour les collectivités qui auront à charge la maintenance, la gestion des déchets et des fluides ainsi que la sécurisation des locaux ». Pour la proche d’Eric Ciotti, rien ne compte plus que « de maintenir la qualité du cadre de vie des citoyens qui pourraient subir les désagréments et nuisances liés à ce type de rassemblement ».

Le préfet explique

Contactée, la préfecture défend sa décision, motivée par le fait que le département des Alpes-Maritimes reste “l’un des seuls en France à ne pas respecter la loi Besson qui date du 5 juillet 2000.” Cette loi prévoit l’adoption, dans chaque département, d’un schéma fixant des secteurs géographiques où les communes de plus de 5 000 habitants doivent créer des espaces d’accueil permanents, des parcelles familiales locatives et des zones de forte fréquentation des populations locales. voyage. “Cependant, il n’existe toujours pas de zone de circulation importante dans le département, rappelle la préfecture. Ce qui oblige le préfet à procéder à des réquisitions pour permettre aux voyageurs d’être accueillis dans des conditions sécurisées, comme l’exige la loi.

Le service de l’Etat maralpin le souligne encore « une avancée notable » dans l’adoption d’un plan départemental pour les voyageurs le 8 février par le préfet et le président du conseil départemental « dont la dynamique de mise en œuvre est bien engagée ». C’est justement ce plan qui devrait permettre, à l’avenir, que les réquisitions comme à Grasse ou Levens n’aient plus lieu et que l’accueil des Gens du voyage se fasse de manière plus sereine.

 
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