La grande famille du métal, passée de l’ombre à la lumière

A plus de 50 ans maintenant, le métal a encore l’âge d’être déraisonnable ! Le terme métal ne désigne plus uniquement le hard rock, genre de musique aux sonorités lourdes mêlant blues et rock, créé au tournant des années 1960 et 1970, derrière des fers de lance comme Black Sabbath, puis Motörhead.

Contre-culture à l’imaginaire sombre, forgée en opposition au mouvement hippie et tout aussi détestée par les milieux religieux que le flower power, elle se diversifie dans les années 1980 avec des groupes comme Iron Maiden ou Judas Priest, vétérans toujours accros à la scène. Metallica et Megadeth, frères ennemis, vont alors marquer un tournant avec leur thrash metal puissant et populaire. On rattache aujourd’hui au terme métal une multitude de mouvements musicaux, comme autant de ramifications pour cet arbre prolifique et indomptable.

Le Hellfest a la particularité de pouvoir s’offrir les plus grandes têtes d’affiche mondiales du genre. Ici : le groupe américain Slipknot en 2023. Cette année, ce sera Metallica. | MATHIEU PATTIER / OUEST-FRANCE
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Le Hellfest a la particularité de pouvoir s’offrir les plus grandes têtes d’affiche mondiales du genre. Ici : le groupe américain Slipknot en 2023. Cette année, ce sera Metallica. | MATHIEU PATTIER / OUEST-FRANCE

280 000 spectateurs pour 176 groupes !

Depuis vingt ans, le métal ne cesse de se renouveler. Metalcore, deathcore, etc… comme autant de nouvelles niches. Plus radicaux musicalement voire politiquement, mais bien dans leur époque, ils fusionnent les styles et les identités derrière des vêtements big sound et hip-hop. Avec encore quelques figures marquantes : Parkway Drive et Bring Me The Horizon, pour les plus connus.

Du death metal au punk, la musique extrême a son heure en France. Le Hellfest, du 27 au 30 juin à Clisson (Loire-Atlantique), accueillera cette année 176 groupes pour sa 17ème édition ! Pour ses quelque 280 000 visiteurs en quatre jours, il continue d’inviter des petits bijoux tout en collectionnant des têtes d’affiche alléchantes. Dans les grands clubs cette année, les Foo Fighters, The Prodigy et Queens of the Stone Age feront leurs premiers arrangements en Loire-Atlantique. Le festival ramène également les mécènes du genre. Deux ans après leur premier passage à Clisson, les tôliers Metallica reviennent le samedi. Tout comme Machine Head, vendredi, douze ans après leur dernière apparition dans le vignoble nantais.

Hollywood Vampires avec Vincent Furnier et Joe Perry, respectivement échappés d’Alice Cooper et Aerosmith, lors de leur concert au Hellfest l’année dernière. | JÉRÔME FOUQUET / OUEST-FRANCE
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Hollywood Vampires avec Vincent Furnier et Joe Perry, respectivement échappés d’Alice Cooper et Aerosmith, lors de leur concert au Hellfest l’année dernière. | JÉRÔME FOUQUET / OUEST-FRANCE

N’en déplaise à certains puristes qui y trouvent un côté « métal Disneyland » et regrettent la présence d’un public de non-amateurs, le Hellfest reste toujours un rendez-vous incontournable pour les amateurs de métal. Enfin… ceux qui parviennent à obtenir le précieux ticket pour entrer. Victime de son propre succès ? Depuis quelques années, les places s’arrachaient en quelques dizaines de minutes à l’ouverture des réservations en ligne (près d’un an à l’avance), laissant de nombreux fans sur le carreau. Et une certaine amertume.

Longtemps organisé dans le Morbihan (à Saint-Nolff), le Motocultor s’est récemment installé à Carhaix, sur le site de Kerampuilh qui dessert les Vieilles Charrues chaque mois de juillet. | LORENZO VEGARI MORELLI / OUEST-FRANCE.
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Longtemps organisé dans le Morbihan (à Saint-Nolff), le Motocultor s’est récemment installé à Carhaix, sur le site de Kerampuilh qui dessert les Vieilles Charrues chaque mois de juillet. | LORENZO VEGARI MORELLI / OUEST-FRANCE.

C’est évidemment un festival qui a permis de populariser un style musical, mais aussi une culture qui intrigue au-delà de ses propres cercles. Il n’est pas le seul. L’autre grand festival de l’Ouest est Motocultor, du 15 au 18 août à Carhaix (Finistère). Cet été, il en sera à sa 16e édition, avec seulement 110 groupes au programme ! Les têtes d’affiche sont certes moins prestigieuses mais très appréciées dans cette communauté : Architects, Clutch, Kvelertak, Red Fang et bien d’autres. C’est ici que se retrouvent les nostalgiques du Hellfest à ses débuts.

La diversité des tendances s’épanouit également dans les petits festivals qui ont vu le jour, suivant les rails de ces deux locomotives. Preuve que le métal est ancré dans son époque : il a même sa journée internationale qui lui est dédiée, le 12 décembre !

Tout comme sur scène, le public des festivals de métal aime se déchaîner en matière de look. Voici quelques exemples. | JÉRÔME FOUQUET / OUEST-FRANCE.
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Tout comme sur scène, le public des festivals de métal aime se déchaîner en matière de look. Voici quelques exemples. | JÉRÔME FOUQUET / OUEST-FRANCE.

Le métalleux ou métalleux est devenu une icône. Une figure à la fois insoumise et ultra-codifiée. Chacun cultive son image, parfois jusqu’à la caricature : le marmule au look viking qui vénère la musique païenne, le goth aux yeux maquillés qui aime le doom, le hipster à la barbe droite qui hoche la tête pour stoner… Et ça n’est qu’un petit échantillon de la richesse des styles, impossible à détailler, ni même à distinguer même pour les initiés ! Dans cette famille nombreuse et luxuriante, les cousins ​​se côtoient, trinquent ensemble ou prennent parfois plaisir à se détester, sans perdre de vue le chef d’œuvre qui les unit tous : la puissance des riffs.

Dans la fosse du Hellfest en 2022, on ne s’ennuiera pas ! | FRANCK DUBRAY / OUEST-FRANCE
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Dans la fosse du Hellfest en 2022, on ne s’ennuiera pas ! | FRANCK DUBRAY / OUEST-FRANCE

L’image que l’on retient est souvent celle d’un public en mouvement lors de ces concerts. Des personnages aux cheveux longs, torse nu et tatoués sous leurs kutte (vestes en jean recouvertes d’insignes du groupe), se jetant les uns contre les autres lors des pogos (danses où les gens se bousculent) ou des murs de la mort (littéralement « murs de la mort », lorsque la foule se sépare). en deux parties qui s’entrechoquent à l’appel d’un musicien sur scène). La réalité est plus variée, voire plus sage qu’on ne peut l’imaginer… Cette violence apparente est codifiée pour éviter (autant que possible !) les blessures, et son espace de jeu se limite souvent aux premiers rangs. En dehors de ces zones de chaos contrôlé, le métalleux porte souvent comme signe distinctif un t-shirt au nom d’un groupe qu’il affectionne particulièrement et écoute tranquillement la musique en hochant légèrement la tête au rythme. Il se montre également plutôt courtois, ouvert et bienveillant envers ses pairs.

Un étonnant portrait de robot

Le métal a fait l’objet de travaux académiques. Notamment une thèse d’anthropologie de Corentin Charbonnier sur le Hellfest, qui met en avant ce sentiment fort d’appartenance à une communauté. Le croquis du métalleux est un homme blanc de haut niveau d’éducation (plus de 36% des festivaliers du Hellfest ont au moins un Bac +5), la quarantaine et un cadre municipal. Son pouvoir d’achat moyen est supérieur à celui des amateurs de nombreux autres styles musicaux. Les profils peuvent être plus variés, notamment en fonction des styles musicaux. Les femmes, qui ne représentent que 30 % des festivaliers, sont pourtant devenues de plus en plus nombreuses dans le public ces quinze dernières années. A défaut de s’imposer sur scène, même s’il y a là aussi quelque chose de mieux…

Ambiance survoltée dans les premiers rangs. | MATHIEU PATTIER / OUEST-FRANCE.
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Ambiance survoltée dans les premiers rangs. | MATHIEU PATTIER / OUEST-FRANCE.

Mais ils ont tous un point commun : crier en brandissant le poing en l’air, l’index et l’auriculaire levés (cornes levées, cornes levées), en signe de ralliement. Et si nous devions simplement expliquer ce qu’est le métal ? « Du gros rock’n’roll ! » » C’est ainsi que résumait Lemmy Kilmister, regretté bassiste et chanteur de Motörhead (dont la statue orne le parc du Hellfest). Celui qui met tous les métalleux d’accord !

Cet article est issu de notre numéro spécial « Tous les festivals de l’été », actuellement en vente (2,90 €, 52 pages).

Zaho de Sagazan, à la une de notre numéro spécial dédié à « Tous les festivals de l’été », actuellement en vente. | FRANCK DUBRAY / OUEST-FRANCE.
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Zaho de Sagazan, à la une de notre numéro spécial dédié à « Tous les festivals de l’été », actuellement en vente. | FRANCK DUBRAY / OUEST-FRANCE.
 
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