Un nouvel espoir pour les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire

Un nouvel espoir pour les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire
Un nouvel espoir pour les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire

Ce texte fait partie du cahier spécial Innover pour mieux soigner

Des chercheurs de l’Université de Montréal ont récemment fait une découverte qui permettrait de mieux prédire l’agressivité du cancer de l’ovaire et les chances de survie des patientes. L’équipe d’experts a identifié un nouveau marqueur potentiel de cette maladie grâce à une approche innovante de l’hypoxie, qui survient lorsque le corps ou le cerveau est partiellement privé d’oxygène, sur le long terme.

L’hypoxie est une pathologie courante dans de nombreuses tumeurs solides, rendant les cellules malignes particulièrement résistantes aux traitements. Pour mieux comprendre ce phénomène, l’équipe du laboratoire d’Étienne Gagnon, directeur de recherche de l’unité d’immunologie du cancer à l’Institut de recherche en immunologie et en cancer (IRIC) affilié à l’Université de Montréal, a développé un protocole de culture cellulaire. Appelé “ HY à long termepoxie » (LTHY), il imite la transition entre les différents stades de l’hypoxie.

« Les méthodes existantes pour étudier l’hypoxie en laboratoire ne reproduisent pas avec précision les conditions observées dans les tumeurs primitives. Notre protocole permet en revanche de mimer l’évolution progressive des hypoxies sévères observées in vivo », explique le professeur.

L’ouvrage, publié dans la revue Thérapie génique du cancerrévèlent ainsi que les cellules soumises au protocole LTHY subissent une transition qui leur permet de se déplacer vers d’autres endroits du corps, tout en les rendant invasives et susceptibles de former des métastases.

Après avoir isolé les cellules pour déterminer ce qui générait cette transition, les chercheurs ont fait une découverte surprenante concernant une forme tronquée du gène de la tumeur de Wilms 1 (WT1). A l’état sain, ce gène code pour une protéine qui permet le développement des organes du système urogénital. L’altération de cette protéine provoque la multiplication des cellules pour former une tumeur cancéreuse.

Un nouveau marqueur pour prédire l’agressivité

Le chercheur postdoctoral Jordan Quenneville a joué un rôle clé dans cette découverte en observant l’effet d’une hypoxie prolongée sur les cellules malignes. « À des moments précis au cours de l’oxygénation, ils sont passés d’un aspect pavé statique à une forme plus allongée. Cette nouvelle forme du gène WT1 est un indicateur pronostique de l’évolution du cancer, puisque ce changement morphologique est précurseur de la mobilité cellulaire et des métastases », explique-t-il.

Autre fait surprenant, ajoute le chercheur, « nous avons identifié ce phénomène aussi bien chez l’homme que chez la souris, même si le mécanisme d’évolution était différent », souligne-t-il. Cela signifie que le cancer essaie toujours de s’adapter et de se développer en exprimant cette forme tronquée du gène WT1.

Cette révélation suggère que ce marqueur pourrait être utilisé pour évaluer l’agressivité du cancer de l’ovaire. «Nous avons découvert que cette nouvelle forme de la protéine codée par WT1 est associée à une mauvaise survie à long terme des patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire», indique Étienne Gagnon.

Bien que cette variante génétique ait été observée dans différents types de cancer, elle est principalement présente dans celui qui touche les ovaires, soulignent les chercheurs. « Il s’agit d’un cancer qui présentait une surreprésentation de l’expression de ce nouveau gène fragmenté. Environ le quart des personnes qui en souffrent auront ce type de variation tronquée», précise M. Gagnon.

Des perspectives prometteuses

Les chercheurs continuent désormais d’explorer les implications de cette découverte, notamment pour déterminer si d’autres types de cancers pourraient présenter cette variante tronquée du gène WT1. « Nous pensons qu’il existe beaucoup plus de cancers, notamment de tumeurs solides, qui exprimeront cette variante tronquée. Mais pour cela, il nous faudra des bases de données de séquençage plus approfondies», précise M. Gagnon.

Les travaux se poursuivent, dans le but de développer des tests de dépistage sensibles à cette forme tronquée du gène WT1 et de développer des thérapies plus efficaces pour les patients. « Ce marqueur démontre clairement une réduction du potentiel de survie chez les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire », souligne Étienne Gagnon.

À plus long terme, cette découverte pourrait bien ouvrir une nouvelle ère dans la prise en charge des femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire et d’autres tumeurs hypoxiques. « Il s’agit plus de traitement que de prévention. Si une patiente est atteinte d’un cancer de l’ovaire et que l’on détecte l’émergence de cette nouvelle forme de WT1, associée à une forme plus agressive, on peut être tenté d’augmenter également l’intensité des traitements. C’est aux médecins de voir ça», dit M. Gagnon.

Cette découverte est la preuve que la recherche scientifique reste cruciale pour le développement éventuel de thérapies ou de nouveaux marqueurs de dépistage.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales de Devoirrelatifs au marketing. L’écriture du Devoir n’y a pas participé.

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