REPORTAGE. Cette clinique unique en où l’obésité est traitée

REPORTAGE. Cette clinique unique en où l’obésité est traitée
REPORTAGE. Cette clinique unique en France où l’obésité est traitée

l’essentiel
17% de la population française est concernée par l’obésité. La maladie progresse dans toutes les tranches d’âge. A Bondigoux, la clinique du Château de Vernhes, qui fête cette semaine ses 60 ans, en est le témoin. Établissement de référence en Occitanie et au-delà, elle réalise 26 000 journées d’hospitalisation par an pour des patients souffrant d’obésité complexe.

Un château du XVIIe siècle, un grand parc arboré et le Tarn qui coule en contrebas. La carte postale est belle mais ce n’est pas ce qui fait la réputation du lieu. La clinique du château de Vernhes, à Bondigoux, créée en 1964, est aujourd’hui l’établissement de référence pour la prise en charge de l’obésité et plus particulièrement des cas les plus compliqués.

Avec 26 000 journées d’hospitalisation dédiées à l’obésité complexe (aussi parfois appelée obésité morbide), c’est le premier site de . Désigné comme établissement de référence pour toute l’Occitanie dans cette spécialité, il accueille aussi des patients extérieurs à la région. Comme Alain, 300 kg, évacué par grue de son appartement de Perpignan par les pompiers en décembre 2020. « Récemment, un patient a fait huit heures de route en ambulance pour venir chez nous à la demande de l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est. Il était bloqué dans un hôpital, sans solution », confie Pierre-Yves de Kerimel, directeur de la clinique du Château de Vernhes depuis avril 2022 (groupement de cliniques indépendantes Clinavenir).

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« Nous sous-estimons le nombre de personnes souffrant d’obésité complexe »

L’établissement dispose désormais de 16 places dans son service obésité complexe, pour accueillir les patients de plus de 150 kg, en situation de dépendance. Les chambres sont aménagées en conséquence : lits bariatriques avec pèse-personne intégré réglable pour passer les portes, toilettes adaptées, fauteuils roulants équipés de moteurs, rails motorisés pour soulever les patients jusqu’à 360 kg. Dans la salle de rééducation physique, trois machines anti-gravité permettent aux patients de marcher sur un tapis roulant avec une réduction allant jusqu’à 80 % de leur poids.

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« Nous nous sommes équipés en 2011, pour pouvoir prendre en charge notre premier patient, un habitant de Cazères de plus de 300 kg qui ne pouvait pas sortir de chez lui. À l’époque c’était exceptionnel. Aujourd’hui je pense que le nombre de personnes dans des situations similaires est sous-estimé. Très souvent, elles arrivent ici alors que tout est devenu trop compliqué, du transport à l’hôpital à l’anesthésie et aux examens », confie le Dr Jean-Philippe Comet, nutritionniste, responsable des médecins de la clinique du Château de Vernhes.

Asseyez-vous, réapprenez les gestes du quotidien

Les 16 places sont occupées en permanence, avec une attente pouvant aller jusqu’à six mois. Les patients y séjournent entre trois et douze mois en moyenne dans le but de perdre suffisamment de poids pour pouvoir accéder à des interventions chirurgicales, qu’elles soient bariatriques (réduction de l’estomac) ou permettant la pose d’une prothèse sur leurs articulations endommagées.

« La première chose que nous faisons à leur arrivée ici, c’est de les asseoir dans leur lit. Ils sont parfois allongés depuis plusieurs années, n’ont plus de masse musculaire et peuvent même être dénutris, en manque de protéines, de fibres et de vitamines. Tous les gestes du quotidien, comme bouger les bras pour se laver, doivent être réappris. Il faut compter trois bons mois pour passer de la position allongée à la position debout », explique le Dr Valérie Laï-Kuen, médecin responsable du service d’obésité complexe à Bondigoux.

Une femme sur deux victime de viol

Cette longue période d’hospitalisation est aussi celle d’une reconstruction réalisée par une équipe pluridisciplinaire pour une prise en charge globale (médicale, physique, diététique et psychologique) qui s’applique à tous les patients, quel que soit leur degré d’obésité.

« Leur expérience de l’isolement est majeure. Elles ont peur de manger, peur de ce que les autres vont penser d’elles et ont du mal à faire confiance car elles ont aussi été victimes d’agressions auparavant. Lors d’une étude menée sur 400 de nos patientes, nous avons constaté qu’une femme sur deux souffrant d’obésité, complexe ou non, avait subi un viol ou une agression sexuelle. Souvent, c’est là qu’elles en parlent pour la première fois », rapporte le Dr Jean-Philippe Comet, qui précise que « l’obésité est une maladie chronique et que les patients qui en souffrent ne le sont pas par manque de volonté ou parce qu’ils ne bougent pas. C’est beaucoup plus complexe que cela ».

Journée scientifique pour les 60 ans de la clinique Bondigoux

A l’occasion de son soixantième anniversaire, la clinique du Château de Vernhes à Bondigoux organise une journée scientifique à destination des professionnels de santé ce vendredi 27 septembre.

Au programme : des conférences sur la prise en charge de l’obésité, du diabète, des ateliers sur la prise en charge des troubles du comportement alimentaire, une expertise en obésité extrême, le sommeil. Et aussi des interventions et ateliers sur le vieillissement, la prévention des chutes, la dénutrition et la prise en charge des personnes âgées polypathologiques (la clinique du Château de Vernhes compte également une trentaine de places en soins médicaux de réadaptation (SMR)).

Les patients participeront également activement à cette journée en réalisant un spectacle de clôture conçu avec les équipes médicales.

 
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