une aventure médicale hors du commun

une aventure médicale hors du commun
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Le professeur Canot travaille sur une maladie déformante rare appelée syndrome d’hypercroissance disharmonieuse.
Ce sont des patients qui présentent une croissance exagérée de certaines parties du corps. Cela peut affecter n’importe quel tissu, vaisseau, os, muscle. Elle est due à une mutation génétique qui n’est pas héritée des parents, mais qui apparaît au cours du développement embryonnaire.

60 % des patients possèdent un gène muté appelé PIK3CA. Une trentaine d’autres gènes mutés ont été découverts aujourd’hui, et toutes ces mutations provoquent une croissance anormale et une multiplication trop rapide de certaines cellules, ce qui aboutit à des tumeurs bénignes. Ce ne sont pas des cancers car ils ne se propagent pas.

A la naissance, ces dommages peuvent être très divers.
Il peut s’agir simplement d’un doigt qui devient très gros, ce qui est déjà très handicapant. Mais certaines tumeurs internes peuvent comprimer les organes et parfois mettre la vie en danger.
Le cerveau peut également être touché, ou les vaisseaux, ce qui peut entraîner des hémorragies permanentes.
Et la forme la plus grave est le syndrome du clou de girofle, avec des tumeurs qui touchent tous les tissus.

Une maladie difficile à identifier

De nombreuses personnes sont en errance diagnostique, parfois traitées à tort pour d’autres maladies. Et jusqu’à récemment, il n’y avait qu’une cinquantaine de patients en France, mais on sait désormais qu’il y en a davantage.
Ainsi, lorsqu’on soupçonne la maladie, on recherche la mutation génétique sur une biopsie du tissu atteint.

Jusqu’à présent, nous gérions les symptômes.
Chirurgie, lorsque cela est possible, pour réduire les masses. Certains patients subissent des centaines d’opérations.
Nous donnons également des analgésiques, souvent de fortes doses de morphine, car tous les patients ressentent d’énormes douleurs et, en plus, tous montrent une fatigue importante.

Mais aujourd’hui, pour les cas les plus graves, il existe un nouveau traitement et c’est justement l’histoire de la découverte du professeur Canot.

Tout commence en 2015, lorsque le jeune néphrologue monte son équipe de recherche sur les maladies rénales chroniques.
Alors, qu’est-ce que cela a à voir avec le syndrome d’hypercroissance, me dites-vous ?
Et bien parce qu’à ce moment-là, il a vu un jeune homme de 25 ans, Emmanuel, référé pour insuffisance rénale.
Il souffre de la forme grave de la maladie, le syndrome du clou de girofle. Il a des masses sur tout le corps et a subi des dizaines d’interventions chirurgicales depuis son enfance. Il est paraplégique depuis 2007.

Après un bilan global, le couperet tombe. L’état d’Emmanuel, trop altéré, et qui souffre également d’une insuffisance cardiaque importante, ne permet rien de tenter.

Guillaume Canot ne jette pas l’éponge car il est particulièrement touché par ce jeune homme, brillant ingénieur aéronautique qui lutte contre sa maladie.

Emmanuel est porteur d’une mutation du gène PIK3CA.
En analysant les recherches sur ce gène, Guillaume Canot a découvert qu’il est aussi très souvent muté dans les cancers et contribue à la prolifération des cellules malignes. Avec le cancer, nous ne sommes plus confrontés à une maladie rare.

On dit alors qu’il pourrait exister une molécule spécifique capable de contrer cette activation anormale du gène. En effet, les laboratoires pharmaceutiques s’intéressaient au sujet et Novartis était en train de tester une molécule inhibant spécifiquement la protéine produite par PIK3CA.
La société terminait la première phase d’un essai clinique chez des femmes atteintes d’un cancer du sein et porteuses de la mutation.
Il s’agissait d’une phase très précoce puisque l’objectif de l’essai était simplement d’évaluer la dose maximale tolérée.

Le professeur Canot contacte l’entreprise.
Les discussions sont multiples avec Novartis, puis en France avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Et en décembre 2015, il a obtenu l’autorisation d’usage compassionnel de cette nouvelle molécule qui n’a pas encore fait ses preuves comme médicament.

Le traitement

En janvier 2016, Emmanuel a pris un comprimé par repas avec la dose la plus faible de l’essai clinique. En quelques jours, il commence déjà à en ressentir les effets. Et cela se confirme au fil des semaines. Les œdèmes disparaissent, la fatigue reflue et surtout les masses anormales diminuent de volume. Et le plus incroyable, c’est que Guillaume Canot pensait pouvoir au mieux stopper la progression d’une maladie. Mais en fait, cela régresse et le patient n’a aucun effet secondaire.

Depuis, Emmanuel a perdu 30 kilos, il n’a plus de douleurs et a repris une activité professionnelle. Il présente encore des malformations osseuses, notamment celles apparues au cours de sa croissance, mais elles ne l’empêchent plus de vivre.
Pas encore de remède, car la mutation est toujours présente. On ne peut pas arrêter le traitement, sinon la maladie réapparaît.

Dans la foulée, Guillaume Canot a ensuite soigné 19 enfants et adolescents de l’hôpital Necker. Encore un exemple fantastique. En 2017, la petite Ashanti, 10 ans, arrive dans le département en fauteuil roulant. Elle est incontinente et paraplégique. Une masse grossit et comprime sa moelle épinière. Deux semaines après le début du traitement, elle a appelé sa mère. Elle dit : « Maman, je bouge mes orteils. » La mère appelle son pédiatre qui lui répond « c’est impossible, Madame ».
Le traitement continue. La messe diminue et un jour, Ashanti se lève de sa chaise au milieu de l’office. Tout le monde a pleuré, y compris Guillaume Canot.
Depuis, Ashanti danse et a repris une vie normale.

Vers la commercialisation de la molécule ?

Ces résultats spectaculaires font connaître le laboratoire dans le monde entier. Ensuite, tout s’enchaîne.
Un essai mené aux Etats-Unis auprès de 57 patients dont les résultats sont toujours positifs. Et en parallèle, commercialisation de la molécule dans ce pays.

En Europe, une étude est toujours en cours car l’Agence européenne des médicaments demande une surveillance à plus long terme. Les premiers résultats seront connus l’année prochaine. En attendant, le professeur Canot et d’autres centres en France proposent ce traitement aux patients les plus gravement atteints avec une autorisation particulière. Parallèlement, avec son équipe, il poursuit ses recherches pour comprendre les mécanismes de la maladie. Notamment avec Gabriel Morin, un jeune médecin soutenu pour sa thèse scientifique par la Fondation pour la recherche médicale.
Nous leur souhaitons de continuer avec autant de succès pour le bénéfice des patients.

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