Au Salon du Meuble de Milan, les affinités électives d’Hermès et Armani

Hermès, avec son installation spectaculaire à Pelota, et Giorgio Armani, exposant dans l’historique Palais Orsini, ont été les attractions de cette Milan Design Week, attirant chaque jour un large public faisant de longues files d’attente devant leurs sites respectifs. Des coïncidences ? Les deux maisons de luxe ont joué, dans cette édition 2024, sur leurs affinités électives, liant chacune leur ligne de mobilier à leurs créations de mode, dans un rapprochement subtil et surprenant. Hermès fait ainsi résonner ses pièces de design avec ses archives et Armani Casa avec ses créations couture.

Hermès associe cette chaise de 1987 à un étui à cigarettes des années 1930 – ©Maxime-Verret_RGB

Une fois n’est pas coutume, Hermès renonce aux grands volumes, travaille la terre et les matières avec une scénographie ancrée au sol, signée comme toujours par Charlotte Macaux Perelman et Alexis Fabry, les directeurs artistiques délégués du pôle « Maison ». En entrant dans La Pelota, lieu historique du quartier branché de Brera, où le sellier élude domicile lors du Salon du Meuble, aucun meuble n’est visible au premier coup d’œil.

Le visiteur, qui pénètre dans le grand espace plongé dans l’obscurité, est immédiatement frappé par une impressionnante peinture de formes géométriques colorées, posée au sol sur toute la surface de la pièce. Triangles et trapèzes remplis de terre crue et cuite, d’argile craquelée, de briques, de roches, de bois, d’adobe, dans une palette de gris, ocre et terre de Sienne, qui reprennent la composition d’une veste de jockey historique de la maison de luxe parisienne.

Discrètement cachés derrière un mur noir d’où filtre un rayon de lumière, les meubles et objets de la maison sont disposés le long d’un couloir infini, chacun à côté d’une pièce correspondante, issue du Conservatoire d’Hermès, à savoir les archives de la marque. Le jeu est d’autant plus surprenant et captivant que les couples ainsi créés n’ont jamais été inspirés les uns des autres et sont souvent issus d’époques très éloignées les unes des autres.

La scénographie d’Hermès à La Pelota – ©Maxime-Verret_RGB

L’idée est, en effet, de trouver des liens entre les créations de la nouvelle collection de la maison ou celles de ces dernières années avec ces trésors du passé. Ainsi le panier Derby en lanières de cuir ressemble exactement à un bracelet en cuir de 1970. De même, le seau Derby en cuir de veau, toujours issu de la nouvelle collection, n’est pas sans rappeler le sac Mangeoire de 1949. Le sac pliable Pippa de 1987 en cuir de vachette naturel trouve sa miniature version dans un étui à cigarettes en cuir en forme de X fabriqué dans les années 1930.

La marque mise également cette année sur le textile avec des plaids destinés à l’univers de la chambre. Couvertures et couvre-lits disponibles pour la première fois en grands formats de 2,80 mètres sur 2,40. A chaque traitement et finition particuliers, comme ce modèle en cachemire tissé main à l’aide de bandes assemblées au point cocotte contrasté, cet autre en sergé de soie et coton appliqué et brodé machine, avec une doublure en tissu cachemire, ou encore ce plaid en tissu cachemire évidé. et brodé sur des bandes de cachemire colorées.

Les affinités électives entre Armani/Casa et Armani Privé – ph DM

Après l’incroyable succès de l’année dernière, Giorgio Armani a de nouveau ouvert au public cette année, à l’occasion du Salon du Meuble, le Palazzo Orsini, le palais historique dont la construction remonte au XVIe siècle, qui abrite le siège de la marque. , son atelier et ses ateliers de haute couture. Comme l’année dernière, une file interminable de plusieurs centaines de mètres se formait chaque jour le long de la Via Borgonuovo, où la maison de couture milanaise ne compte pas moins de trois bâtiments.

Au premier étage, les salons de l’imposant bâtiment, décorés de miroirs aux murs et de fresques au plafond peintes par Andrea Appiani, accueillent les différents univers de la nouvelle collection Armani/Casa intitulée « Echos from the World »). Chaque scénographie met en avant une création haute couture de la ligne Armani Privé ou des modèles d’archives de prêt-à-porter, reliant les similitudes entre ces deux mondes qui affichent le même travail artisanal, riche de recherches et de détails. et des traitements sophistiqués. Le résultat est bluffant.

C’est un tour du monde que nous propose le couturier, chaque espace étant dédié à une région géographique, comme l’Europe, le Japon, la Chine, l’Arabie et le Maroc, tandis que de précieux objets personnels collectés par Giorgio Armani lors de ses voyages sont également insérés dans les différentes scénographies. .

01371e9c7b.jpg
La Chine inspire Giorgio Armani dans les vêtements et les objets design – ph DM

La mise en scène concernant le Japon est particulièrement réussie avec un mannequin exposé devant un écran au milieu des tables basses, issu d’un des défilés les plus spectaculaires du créateur. Il s’agit d’une robe pantalon avec haut croisé recouvert de sequins de la collection prêt-à-porter automne-hiver 1981/82, inspirée de « Kagemusha, l’ombre du guerrier », l’un des films les plus populaires. films les plus acclamés du réalisateur japonais Akira Kurosawa.

Un peu plus loin, les robes chinoises déclinées dans un rouge verni de la collection couture Armani Privé pour l’automne-hiver 2023 semblent, quant à elles, parfaitement dans leur élément au milieu des lampes et coffrets de même teinte en bois laqué posés sur des tables basses en noir et blanc comme le yin et le yang,

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Marjolaine se lance dans l’édition et raconte le destin de Samuel Adoquei, « peintre de l’invisible »
NEXT à peine une femme sur deux participe au dépistage organisé – Libération – .