Le Collège national des médecins généralistes enseignants étudie la supplémentation en vitamine D pour les enfants

Le Collège national des médecins généralistes enseignants étudie la supplémentation en vitamine D pour les enfants
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France – Devons-nous continuer à supplémenter les enfants en bonne santé en vitamine D ? C’est la question que se pose le conseil scientifique du Collège national des médecins généralistes (CNGE). Là Dr Maëva Jego-Sablier fait le point sur les études existantes sur ce sujet.

Prévenir le rachitisme

« La question de la supplémentation en vitamine D en population générale a fait l’objet de multiples recommandations et avis d’experts, s’accordant sur la nécessité d’une supplémentation chez les très jeunes enfants. Cependant, ils ont recommandé des dosages et des indications différents en termes d’âge ou de facteurs de risque. C’est pourquoi le Conseil scientifique du CNGE a examiné les données les plus solides de la littérature chez l’enfant », indique le Collège national des médecins généralistes dans un communiqué.

“Il existait une indication historique en faveur d’une supplémentation en vitamine D chez les enfants en raison d’une prévalence relativement élevée de rachitisme dans les années 1950”, rappelle l’étude. Dr Maëva Jego-Sabliermaître de conférences en médecine générale, médecin généraliste à Marseille et membre du conseil scientifique du CNGE.

En effet, dans les années 1950, plus de 15 % des enfants hospitalisés souffraient de rachitisme. La supplémentation en vitamine D est devenue systématique dans les années 1960 et des laits industriels enrichis en vitamine D ont été commercialisés à partir de 1992.

«En 1984, il n’y avait déjà que 1,7% des enfants hospitalisés souffrant de rachitisme», explique le Dr Jego-Sablier. Aujourd’hui, l’incidence de cette maladie est d’environ 3 pour 100 000 enfants par an, tous âges confondus. « Toutefois, cette supplémentation systématique a été introduite sans essai randomisé préalable et les recommandations actuelles reposent sur un faible niveau de preuve », ajoute-t-elle.

Faible niveau de preuve

Chez les nourrissons, la majorité des essais randomisés avaient comme critère d’évaluation principal les taux sériques de vitamine D. Ils ont observé qu’une supplémentation de 400 UI/j était suffisante pour atteindre des concentrations sériques de vitamine D considérées comme « normales ». Des doses plus élevées n’ont pas amélioré la densité osseuse, mais un risque accru d’hypercalcémie a pu être observé. “Aux doses recommandées, il n’y a pas de risque d’hypercalcémie, mais à des doses beaucoup plus élevées ce risque existe, notamment en cas de mésusage”, prévient le médecin généraliste.

En l’absence de facteurs de risque de rachitisme, le niveau de preuve était insuffisant pour conclure à son efficacité clinique.[1]. Ces facteurs de risque sont la peau foncée, le manque d’exposition au soleil, l’allaitement, un régime végétalien ou encore l’obésité.

Chez les enfants âgés de 1 à 5 ans, aucun essai contrôlé randomisé (ECR) de qualité méthodologique suffisante évaluant le risque de rachitisme ou de fragilité osseuse n’a été identifié. « La plupart des essais sont réalisés sur des groupes de moins de 10 enfants et rarement de plus de 500. De plus, de nombreux essais ne font état d’aucun cas de rachitisme dans aucun des deux bras », note le Dr Jego-Sablier. Chez les enfants âgés de 5 à 13 ans, les essais n’ont pas montré de résultats convaincants sur la réduction du risque de rachitisme.

En janvier 2024, une étude a été publiée dans La Lancette[2], couvrant 8 851 enfants d’âge scolaire en Mongolie, présentant de faibles niveaux de vitamine D. Dans cet essai randomisé, une supplémentation orale en vitamine D3 à la dose de 14 000 UI par semaine pendant 3 ans a permis l’élévation des taux de vitamine D, mais sans influence sur la croissance, la composition corporelle ou le développement pubertaire.

Réévaluer les recommandations

Recommandations françaises actuelles[3]publiées en 2022 par consensus d’experts, recommandent de supplémenter 400 à 800 UI par jour de 0 à 2 ans, puis 400 à 800 UI par jour pour les enfants de 2 à 18 ans sans facteurs de risque.

« Nous pensons que le niveau de preuve actuel ne justifie pas une durée de traitement aussi longue. Nous souhaitons vous alerter sur le fait qu’il est compliqué de fonder les recommandations actuelles sur un niveau de preuve très faible et qu’il faut porter un regard critique sur leur puissance. Le conseil scientifique du CNGE est favorable à une réévaluation des recommandations et se tient prêt à participer dès le début à la publication de nouvelles recommandations si nécessaire », conclut-elle.

A noter que cette question de la supplémentation ou non pour les enfants est loin d’être consensuelle. Lors de leur congrès l’année dernière à Marseille, les pédiatres ont, de leur côté, mis en avant le nouveau consensus des experts français aligné sur celui de ses homologues européens, en faveur d’une supplémentation systématique et désormais continue entre 0 et 18 ans (Lire Vitamine D : une supplémentation française consensus en faveur de la supplémentation pour les 0-18 ans)

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