Syndrome de mort subite du nourrisson, de petits pas dans la science

Syndrome de mort subite du nourrisson, de petits pas dans la science
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« La Dernière Lettre », issue de la série « Le de blancheur », 2016, de la photographe Natacha Nikouline, qui cherche à dire ce que les mots ne peuvent pas. NATACHA NIKOULINE/VOZ’IMAGE

C’est au retour de chez le pédiatre que le drame s’est produit. Théophile était allongé dans son douillet sur le siège passager, il dormait paisiblement à côté de Laure, sa mère, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. La visite chez le médecin s’est très bien passée. En arrivant chez sa belle-famille, alors que son bébé dormait encore, Laure en profite pour ranger quelques affaires. Puis elle remarqua que Théophile était plus pâle que d’habitude. Quand elle l’a ramassé, il ne respirait plus. Théophile est décédé à l’âge de 12 jours. C’était le 30 décembre 2019.

S’ensuivent des mois d’analyses et d’attente des résultats, qui se révèlent tous négatifs. « Nous n’avons rien trouvé. Aucune malformation, aucune infection ayant pu causer son décès. Mais cela a permis d’écarter beaucoup de facteurs de culpabilité. »confie cette maman dont c’était le deuxième enfant. « Je pense que cela m’a un peu soulagé, mais penser qu’on n’aura pas d’explication, c’est quand même très difficile. »

Comme Théophile, chaque année en , 250 à 350 bébés de moins d’un an meurent subitement et de manière inexpliquée, souvent pendant leur sommeil. On parle alors de mort inattendue. Après des analyses approfondies, le décès peut être attribué à une infection, à une maladie cardiaque, métabolique ou génétique, voire à un traumatisme comme le syndrome du bébé secoué. Dans environ la moitié des cas, aucune cause directe n’est trouvée et on conclut à une mort subite du nourrisson.

Allongez le bébé sur le dos

Mais à la fin des années 1980, ces chiffres étaient bien plus élevés, avec près de 1 400 décès attribués chaque année à ce syndrome. Ce nombre a ensuite fortement diminué suite aux campagnes de sensibilisation menées au milieu des années 1990, qui incitaient les parents à coucher leur bébé sur le dos. Les statistiques restent néanmoins inquiétantes : les chiffres des morts subites et des morts inattendues stagnent depuis plusieurs années. Aujourd’hui encore, les décès inattendus du nourrisson restent la première cause de décès en France chez les bébés de moins d’un an. Et ce, dans un contexte où la mortalité infantile augmente dans le pays depuis une décennie.

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Les causes de ces morts subites chez certains nourrissons restent largement inconnues. Au milieu des années 1990, une hypothèse a émergé selon laquelle le fait de coucher le bébé sur le ventre n’était pas la cause directe du décès. Ce serait plutôt un déclencheur révélateur de fragilités intrinsèques chez l’enfant. Autrement dit, un bébé ne meurt pas directement en étant allongé sur le ventre, mais cette position de sommeil inadaptée s’ajoute à d’autres facteurs de risque qui, combinés, peuvent conduire à la mort. Cette hypothèse a été formulée par deux chercheurs américains dans une étude publiée en 1994 dans la revue scientifique Biologie du nouveau-né. Selon eux, il ne s’agirait donc pas d’un cas de décès qui frapperait un nouveau-né de manière aléatoire, mais plutôt du résultat de la combinaison de trois paramètres. Depuis, la plupart des recherches sur la mort subite du nourrisson se sont concentrées sur cette piste, appelée « modèle du triple risque ».

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