Tenu par la très sympathique et élégante Katia Nguyen, le restaurant a ouvert ses portes en 1986. Sans la notoriété dont il jouit aujourd’hui. Mais déjà, Katia était aux commandes. Elle doit sa réussite à des rencontres heureuses, à son travail, à sa force et sa persévérance avant tout.
De Saïgon à Bruxelles
Née dans l’ancienne Saigon, aujourd’hui Ho Chi Minh, au sud du Vietnam, d’un père français et d’une mère vietnamienne, Katia Nguyen a grandi dans une famille aisée. C’est en 1972 qu’elle arrive à Bruxelles, alors que la guerre continue de faire rage au Vietnam, pour poursuivre ses études.
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Trois ans plus tard, à la fin du conflit, les perspectives ont changé. « Le Sud a été vaincu par le Nord communiste et l’ancien régime a été renversé. Les étudiants du bloc occidental n’étaient plus vraiment les bienvenus… J’ai donc demandé le statut de réfugié politique en Belgique.» Ce qu’elle obtient rapidement, ainsi que la naturalisation. Et puis, la vie passera. Avec des changements d’orientation professionnelle, des déceptions amoureuses aussi.
Et un jour, un coup de pouce du destin lui permet d’acquérir son restaurant, il y a 38 ans. « Ça ne ressemblait pas du tout à ça… C’était un restaurant vietnamien comme on en voit partout, nous n’étions que deux à travailler », se souvient Katia. En 2004, poussée par son compagnon, elle décide de rénover entièrement les lieux. Le succès n’est pas loin. « Ce que vous voyez, c’est grâce à lui. Il m’a dit que pour se démarquer, il fallait proposer quelque chose de différent.
Papilles désorientées
En effet, pas de menu numéroté ici, fini les éléments clichés qui caricatureraient l’image du pays de son enfance et de son adolescence. Mais des serveuses en tenue traditionnelle vietnamienne – d’élégantes robes de soie – et un restaurant à deux salles, deux ambiances. Au rez-de-chaussée, décoration contemporaine et raffinée. A l’étage, une ambiance volontairement plus « exotique » et chaleureuse, plongeant les clients dans un décor « colonial » au bord du Mékong.
A la carte, nous sommes ravis de retrouver une cuisine raffinée et savoureuse du sud du Vietnam, d’où sont originaires les chefs – »c’est un peu moins épicé que dans le nord et plus parfumé » – qui font la part belle aux produits frais et mettent à l’honneur les plats locaux, ainsi qu’un bel assortiment de vins, pour la plupart français.
Salade de crevettes au pamplemousse et menthe, gambas salées et poivrées, ou encore la spectaculaire daurade, servie entière et accompagnée d’une sauce au tamarin, etc., quel que soit le choix, le dépaysement vous attend. « Nous proposons des plats authentiques, et d’autres adaptés. Ce n’est pas qu’ils soient européanisés, mais on mettra de côté la sauce piquante, par exemple.» Tout cela s’accompagne d’un service impeccable, dont on ne peut que saluer l’extrême amabilité et gentillesse du personnel.
