critique du film « La promesse verte »

Edouard Bergeon : « La réalité est malheureusement pire que la fiction »

Publié aujourd’hui à 22h04

Au départ, il était agriculteur et fils de paysans. Et de sa propre expérience, il réalise son premier film. “Au nom de la terre», l’histoire d’un agriculteur qui reprend l’exploitation familiale mais qui s’enlise dans les dettes au point de commettre l’irréparable. En 2019, le film est devenu un phénomène. Sorti sans tambour ni trompette, il s’est rapidement mis à caracoler au sommet du box-office et à bouleverser un public qui lui réservait un triomphe. « The Green Promise » connaîtra-t-il un sort similaire ? C’est le mal que l’on souhaite à un Edouard Bergeon en alerte et toujours en mouvement.

Cette fois, il élargit sa cible en s’attaquant aux trafiquants d’huile de palme, responsables de la déforestation mondiale et d’un péril écologique apparemment sans fin. Mais le film apparaît d’abord comme un thriller, centré sur le sort d’un jeune homme injustement condamné en Indonésie pour trafic de drogue, tout cela parce qu’il a vu des choses embarrassantes sur les exploitants d’huile de palme. . Sa mère, restée en France, va cependant bientôt remuer ciel et terre pour tenter de sauver son fils, face à un monde trop solide et dangereux pour elle.

À première vue, cette histoire rappelle celle de Michel Blanc, un jeune cuisinier français condamné en 1999 en Indonésie pour un trafic de drogue qu’il n’avait pas commis, une affaire relayée en son temps par Thierry Ardisson qui en parlait dans toutes ses émissions. Là aussi, la mère du jeune homme s’était lancée dans un combat impossible.

“Le spectateur doit mener l’enquête”

“Je connais un peu cette affaire, mais cela n’a rien à voir avec mon film”, déclare Édouard Bergeon, a passé l’autre jour à Genève. Je n’ai même rien lu sur lui avant de commencer ce film. A la base de mon idée, il y a des images d’une manifestation d’agriculteurs que l’on voit aussi dans le film. Puis cette réflexion, presque anodine : ce n’est pas parce que des injustices ont lieu à l’autre bout du monde qu’elles ne nous concernent pas. Je ne révèle rien dans « La Promesse verte », si ce n’est que les faits racontés sont joués, relayés, portés par des comédiens. Et je souhaite que le spectateur enquête en même temps que cette mère qui abandonne tout pour sauver son fils. Le film a été très long à écrire. Dans chaque scène, on se demandait si tout était crédible. Mais la réalité est malheureusement toujours pire que la fiction. Les intérêts de l’industrie sont donc plus forts que ceux de la population. Et concernant les défenseurs de l’environnement, un disparaît tous les deux jours dans le monde.»

Félix Moati en position difficile.

Contrairement à « Au nom de la Terre », « La Promesse verte » a été tourné loin de la France. Mais pas en Indonésie. « J’ai fait beaucoup de repérages en Thaïlande, qui est un pays d’accueil pour le cinéma et les techniciens. Les paysages y ressemblent presque à ceux de l’Indonésie. Et je ne voulais pas tricher en tournant des choses en studio. On voit une vraie prison, de vraies cellules. Comme je viens du documentaire, du reportage, je veux que mes histoires paraissent crédibles. En revanche, je n’ai pas lancé ce film car « Au nom de la Terre » a bien marché. J’ai commencé sa production entre les deux périodes du premier film.

Un tournage épuisant au possible

Après Guillaume Canetpaysan ruiné de « Au nom de la terre » – « pour qui il a mouillé sa chemise » –, Edouard Bergeon s’est une nouvelle fois tourné vers quelqu’un que le public apprécie beaucoup, Alexandra Lamy. «C’est une actrice populaire. Je la connaissais et je savais que partir avec elle à l’autre bout du monde ne serait pas un problème. Elle est simple et travailleuse. En plus, ça vient de la culture télé («Un garçon une fille“), ce qui veut dire que c’est bon dès la première prise. On n’a eu que 36 jours de tournage au bout du monde, mais je suis revenu épuisé à Paris. Et le film m’a appris encore plus que le premier. Je continuerai à raconter le monde rural, c’est ce qui m’intéresse au cinéma.

Avant, c’est pour la télévision, à France 2 puis France 3, qu’Edouard Bergeon travaillait principalement. « Mes producteurs sont des artisans. Je me sens protégé du monde du cinéma. Je suis allé une fois aux César parce que j’étais nominé. Je suis allé à Cannes pour recevoir un prix. Sinon, je n’aurais rien à faire. Je joue au jeu quand il le faut, c’est tout. C’est grâce à mes engagements que je fais du cinéma. Au début, je n’avais rien prévu. Et si ça s’arrêtait, ce ne serait pas grave. »

Note : ** Thriller (France – 124′)

À ce stade, vous trouverez du contenu externe supplémentaire. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles leur soient ainsi transmises, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.

Autorise les cookiesPlus d’informations

Pascal Gavillet est journaliste à la section culturelle depuis 1992. Il s’occupe principalement du cinéma, mais il écrit également sur d’autres domaines. Surtout les sciences. A ce titre, il est également mathématicien.Plus d’informations @PascalGavillet

Avez-vous trouvé une erreur ? Merci de nous le signaler.

0 commentaire

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Les meilleures chances du dimanche 28 avril 2024 – Meilleures chances
NEXT une résidence d’écriture pour artistes francophones