Les collectionneurs de cartes Pokémon, nouvelle proie des cambrioleurs

Les collectionneurs de cartes Pokémon, nouvelle proie des cambrioleurs
Descriptive text here

Une certaine psychose s’est installée ces derniers mois au sein de la communauté Pokémon, à mesure que les cartes deviennent de plus en plus populaires et se vendent à des prix élevés. Coffres-forts, caméras de surveillance, assurance… Plusieurs collectionneurs français racontent à BFMTV.com comment ils tentent de protéger leurs biens.

« Pour vivre heureux, vivez caché. » C’est le crédo des grands collectionneurs de cartes Pokémon, qui craignent de plus en plus de se faire voler leur collection, alors que les cambriolages et autres vols de cartes se multiplient ces derniers mois. Mi-janvier, l’un d’eux a été agressé et dévalisé en Ille-et-Vilaine. Montant du butin : 100 000 euros. Fin décembre, plus de 200 000 euros d’objets – dont des cartes – ont été volés en Belgique.

Depuis trois ans, les cartes de la franchise japonaise ont retrouvé la cote et elles sont « très convoitées », confirme Baptiste, un collectionneur passionné de 24 ans, qui vient d’ouvrir une boutique en ligne spécialisée.

“Le regain d’intérêt pour les Pokémon leur a fait prendre de la valeur et certains se vendent désormais à prix d’or”, explique-t-il.

« Des butins qui tiennent dans une boîte à chaussures »

Lorsqu’une carte est ancienne, rare ou bien conservée, son prix peut vite monter jusqu’à plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’euros, a expliqué sur BFM Business François Thierry, expert en cartes de collection pour la maison de ventes Aguttes. Une carte Charizard première édition, en parfait état, peut par exemple être vendue 5 000 voire 6 000 euros aux enchères.

Le spécialiste explique qu’il n’est pas rare qu’un collectionneur assidu et régulier accumule plusieurs dizaines de milliers d’euros de cartes. “Ça suscite des fantasmes et ça attire forcément des gens qui ne sont pas attentifs et pas forcément passionnés par l’univers Pokémon”, commente Baptiste, collectionneur depuis ses débuts.

« À partir du moment où ils ont compris que les collectionneurs pouvaient très rapidement accumuler beaucoup de valeur dans leur maison, certains ont pensé qu’ils pouvaient facilement gagner de l’argent », poursuit-il.

« L’intérêt des cartes pour les voleurs, c’est qu’il s’agit d’un butin qui tient dans une boîte à chaussures, et pour lequel il n’y a pas de traçabilité », renchérit Joris Dréan, collectionneur depuis une vingtaine d’années.

« Contrairement à la dissimulation des bijoux par exemple, qui est compliquée aujourd’hui puisqu’on peut remonter rapidement le fil », explique-t-il.

“C’est devenu notre obsession”

Vols, escroqueries et cambriolages… Le maître mot dans le milieu est désormais « discrétion ». Plusieurs collectionneurs – dont certains ont été victimes de vols – n’ont pas souhaité répondre à nos questions, estimant qu’il était préférable de ne pas « mettre en avant » ce phénomène pour éviter « sa propagation ».

«C’est devenu notre obsession», confirme Nicolas, un collectionneur de 38 ans, résidant à Clermont-Ferrand. Ce créateur de contenu, auteur de la chaîne YouTube Pokékillerse dit « obligé de prendre d’énormes précautions ».

« Je suis en première ligne en prenant le risque d’exposer ma collection en ligne », estime-t-il.

Pour la protéger, la trentenaire a mis en place une série de mesures de sécurité. D’abord, il se garde de ne jamais divulguer son adresse personnelle : il envoie soigneusement ses colis et autres cadeaux d’abonnés chez un ami et ne filme absolument jamais son domicile ni ses alentours.

Lorsqu’il rentre chez lui, Nicolas fait toujours attention à ne pas se laisser suivre. “On essaie de se protéger du mieux qu’on peut mais oui, il ne faut pas se leurrer, cette peur est toujours dans un coin de notre tête”, confie le YouTubeur suivi par 12 800 abonnés.

Des sachets de boosters, des lots de cartes Pokémon jamais ouverts. – Flickr – CC Commons – Minh Hoang

En plus de la double alarme avec télésurveillance installée chez lui, Nicolas a pris un chien et a installé un détecteur de mouvement dans son jardin. Et il dispose toujours d’une grenade lacrymogène à portée de main pour réagir en cas de tentative d’intrusion. Les coffres-forts, à la maison ou à la banque, sont également des solutions très appréciées pour conserver en sécurité des pièces de valeur, pour une centaine d’euros par an.

Méfiance envers les nouveaux arrivants

Dans la communauté Pokémon, les membres font preuve d’une grande méfiance, notamment envers les nouveaux arrivants. A la moindre offre de vente ou d’achat, les grands revendeurs ont développé le réflexe de se renseigner sur leur interlocuteur. “A travers de nombreuses déceptions, on a pris l’habitude de se demander si tel ou tel a déjà eu affaire à cette personne, et si elle est fiable ou non”, raconte Joris, qui évoque même l’existence de listes de “profils sûrs”. .

Et pour cause, la grande majorité des arnaques liées aux cartes Pokémon ne sont ni des braquages ​​ni des cambriolages, expliquent les collectionneurs. Les plus courantes sont – et de loin – les escroqueries et autres manigances en ligne. Sur internet, les fausses cartes et les contrefaçons sont partout, et il faut s’y connaître un peu pour pouvoir les distinguer des vraies.

« Réduction des ventes » ou arnaques aux colis vides sont également extrêmement répandus, notamment sur les sites de vente d’occasion comme Vinted ou Le Bon Coin. « Sur les groupes Facebook spécialisés, on voit beaucoup de personnes se plaindre de vols, ou de pertes de la part des entreprises de transport », confirme Baptiste.

La pratique est relativement simple : les fraudeurs vident les colis qu’ils reçoivent de leur contenu et envoient une réclamation à la plateforme, accompagnée d’une image du colis vide. Soit ils remplacent le contenu initial par des « déchets », avant de le renvoyer.

Assurance pour les cartes

Pour se protéger, certains collectionneurs ont désormais officiellement estimer la valeur de leurs cartes, avant de les assurer, ajoute Cyril, assureur à Montpellier et collectionneur de cartes Pokémon à ses heures perdues. « Le mieux est de passer par des sociétés de notation qui pourront authentifier vos cartes et leur attribuer une note qui permettra ensuite à un expert mandaté de leur donner une véritable évaluation », explique le spécialiste.

Le nombre de collectionneurs qui l’utilisent est cependant encore « anecdotique » en raison du coût que cela peut représenter. Mais « c’est un niveau de protection supplémentaire qui facilite grandement le processus d’indemnisation », insiste-t-il.

“Plus nous avons de preuves attestant de la rareté et de la valeur d’un objet, meilleure est l’indemnisation que nous pouvons espérer avoir en cas de vol ou d’incident.”

Une protection qui pourrait devenir d’autant plus nécessaire que le marché des cartes à collectionner devrait continuer à croître dans les années à venir, selon une étude de Kings Research. Et les professionnels l’ont bien compris. En octobre dernier, la maison de ventes Aguttes organisait sa première vente aux enchères de cartes à Paris : lors de cette vente, 220 000 euros de cartes ont été vendus aux enchères.

Jeanne Boulant Journaliste BFMTV

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Jouffroy d’Abbans retourne sur ses terres
NEXT Gilles Hertzog, Un miracle nommé Rushdie – La règle du jeu – .